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Gui

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Yoshikazu Yasuhiko

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Traduction : Daniel Andreyev
Titre original : Kidō Senshi Gundam: The Origin
Première parution : 25 juin 2001
Série : Mobile suit gundam: the origin (T. 1)

 Pour la présente édition :

Editeur : Pika
Collection : Shônen
Date de parution : 18 octobre 2006
Nombre de pages : 226
ISBN : 2-84599-657-8

La critique du livre
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Troisième adaptation de Mobile Suit Gundam en manga – après le Mobile Suit Gundam de Yuu Okazaki en 1979 et le Gundam 0079 de Kazuhisa Kondo paru dans les pages de Comic BomBom au cours des années 90 – Mobile Suit Gundam: The Origin apparaît dans le trimestriel Gundam Ace au cours de l’année 2002 sous le trait de Yoshikazu Yasuhiko. Vétéran de l’industrie de l’anime, Yasuhiko commence sa carrière comme chara designer chez Mushi Productions en 1970 avant d’intégrer Sunrise, le studio même qui crée la franchise Gundam en 1979 : s’il a travaillé sur nombre de projets devenus des classiques du genre, comme Space Cruiser Yamato ou Zambot 3, on lui doit aussi de nombreux mangas dont certains furent par la suite adaptés en animes, tels que Venus Wars ou Arion, avant de se consacrer presque exclusivement au métier de mangaka à partir de 1988 ; son travail sur cette adaptation reprend les mecha designs de Kunio Okawara – à qui on doit l’ensemble des designs de la saga Gundam depuis 30 ans – ainsi que la trame générale du récit original élaboré par Hajime Yatate – « nom de plume » du studio Sunrise – et Yoshiyuki Tomino – auteur majeur de l’industrie de l’anime qui réalisa des productions à présent classiques telles que Yuusha Raideen ou Space Runaway Ideon (qui fut la première inspiration de Gainax pour leur Neon Genesis Evangelion) avant de se consacrer presque exclusivement à la saga Gundam pendant plus de 15 ans ; il a depuis réalisé d’autres productions remarquées pour leur originalité (Brain Powered et Overman King Gainer) entre plusieurs spin offs de la série Aura Battler Dunbine (Garzey’s Wing et The Wings of Rean) dont il est aussi le créateur original.

Monstre sacré de l’animation japonaise depuis le début des années 80, la franchise Gundam comprend maintenant plusieurs suites et univers alternatifs dont les diverses itérations et spin offs sont déclinés sur tous les médias. Mobile Suit Gundam: The Origin est une adaptation de Mobile Suit Gundam, aussi appelée First Gundam, toute première série de la franchise qui débuta en avril 1979 : comme son titre l’indique, c’est donc à une sorte de « retour aux sources » que nous convie son auteur.

Dans ce futur proche, la colonisation du proche espace s’avéra la seule solution à l’impasse de l’exploitation à outrance des ressources naturelles de la Terre. Méprisés par l’élite demeurée sur la planète-mère grâce à ses relations avec la bureaucratie de la Fédération, les colons développèrent des courants de pensée révolutionnaires qui, après de nombreuses et sanglantes joutes politiques, menèrent à la fondation du Duché de Zeon : par ses innovations technologiques radicales, ce régime totalitaire ne tarda pas à faire basculer la sphère humaine dans l’effroyable holocauste de la Guerre d’Un An et occupa bientôt la plus grande partie de la Terre.

Mais sur une des colonies les plus éloignées, la Fédération a produit une arme capable de renverser le cours de la guerre en sa faveur. Alors que le vaisseau White Base vient chercher cet appareil afin de le ramener sur la Terre, un escadron des forces de Zeon s’infiltre dans la colonie pour mener une mission d’investigation. Celle-ci tourne court et, très vite, le combat s’étend aux zones civiles : afin de protéger sa vie et celles de tous ceux qui lui sont chers, le jeune Amuro Ray prend les commandes de la nouvelle arme de la Fédération, le Gundam, afin de repousser l’ennemi. Mais le combat endommage gravement la colonie qui menace de s’effondrer en tuant tous ses habitants : ceux-ci sont évacués par le White Base qui s’échappe des décombres juste à temps pour se retrouver nez à nez avec Char Aznable, alias la Comète Rouge, le pilote le plus redoutable de Zeon.


En dépit de sa surface à l’aspect orienté action, l’histoire de Gundam reste essentiellement basée sur les personnages et présente donc un casting très dense : dans un souci de clarté et de concision, seuls les personnages apparaissant dans un volume de cette série seront présentés dans la chronique correspondante.

Amuro Ray : fils négligé de Tem Ray, l’ingénieur en chef responsable du projet destiné à équiper la Fédération de mobile suits capables de rivaliser avec ceux de Zeon, Amuro est un adolescent morose et asocial qui semble plus intéressé par les machines que par les gens. Quand la colonie de Side 7 est attaquée par Zeon, il se retrouve aux commandes du Gundam et c’est bien malgré lui qu’Amuro deviendra le pilote le plus redouté par les ennemis de la Fédération. Sa rencontre avec Lalah Sune le déchirera à jamais…

Bright Noa : simple officier cadet, Bright se trouve être le plus haut gradé survivant à bord du White Base après l’attaque sur Side 7 ; en dépit de son manque crucial d’expérience dans le commandement d’un bâtiment de combat, il n’aura d’autre choix que de combler ses lacunes sur le théâtre même des opérations. Pourtant, c’est encore Amuro qui malmènera le plus sa patience car le jeune prodige du pilotage de mobile suits est bien trop caractériel pour un capitaine tout juste sorti de l’académie militaire…

Char Aznable : pilote de mobile suits le plus redoutable de Zeon, il a gagné le surnom de Comète Rouge dans les tous premiers jours de la guerre, lors de la Bataille de Loum. Mais derrière son masque se cache en réalité une personnalité complexe et torturée dont les intérêts ne vont pas exactement en faveur du camp pour lequel il combat… As du pilotage, il trouve vite sa némésis en Amuro alors que sa relation à Seila Mass demeure longtemps obscure et que son amour pour Lalah Sune lui fera perdre tout ce qui lui est cher.

Seila Mas : très belle et charismatique, cette étudiante en médecine de Side 7 n’en est pas moins mystérieuse et assez froide au premier abord, ce qui renforce son talent inné pour l’autorité et le commandement. Réfugiée à bord du White Base, elle occupe le poste de liaison radio avec le Gundam quand celui-ci est de sortie et devient vite proche d’Amuro sans qu’aucun d’eux ne parviennent à s’expliquer vraiment cette attirance réciproque. Sa relation avec Char apparaît vite pour le moins complexe… et douloureuse.

L’auteur n’est pas un débutant et ça se voit : chacun des traits est à sa place exacte, sans rajouts ou fioritures inutiles, et confère aux images un réalisme indéniable tout à fait respectueux de l’esprit de l’œuvre originale qui introduisit le concept de « mechas réalistes » par opposition aux « super robots » qui régnaient alors sur le genre ; la maîtrise du dessin s’impose dans chaque expression des personnages, les cadrages et la mise en page générale, ainsi que dans les exagérations nécessaires pour appuyer un passage comique. Les chapitres sont introduits par quelques pages colorisées à l’aquarelle qui ajoutent un cachet certain et donnent un aspect nostalgique tout à fait en phase avec cette adaptation d’une série vieille de presque une génération à l’époque de la parution de ce manga au Japon. Les mecha designs sont très respectueux des originaux mais aussi considérablement modernisés : le trait de l’auteur donne ainsi une bonne cure de jouvence à des appareils jadis révolutionnaires mais qui sont à présent pour le moins datés ; on apprécie également de voir les mobile suits présentées d’une manière très « vivante » qui ne va pas sans rappeler les comics de super héros – avec lesquels le genre mecha entretient une parenté assez évidente – et qui souligne l’ensemble d’une touche de dynamisme à la fois surprenante compte tenu du thème mais aussi très bienvenue pour mieux rompre avec les clichés.

Dans les grandes lignes, le scénario est pratiquement une copie carbone du tout premier épisode de la série originale. Quelques détails ont néanmoins été ajoutés afin de mieux cerner les personnages, les situations et l’atmosphère générale, ainsi que divers détails techniques (comme la facilité avec laquelle Amuro prend en main le RX-78 par exemple). L’intrigue n’en reste pas moins simpliste et linéaire : c’est un tome d’introduction qui illustre bien un des concepts de base de Gundam, à savoir les horreurs de la guerre dont les innocents sont toujours les premières victimes ; hélas, l’emphase sur l’action des combats tend à diluer cet aspect clé de la franchise. De plus, les caractères des personnages – autre élément fondamental de la série originale – sont ici très peu exploités de sorte que le lecteur profane ne peut jauger la profondeur de l’aspect humain du récit qui, pour le moment, ne se différencie pas encore du shônen de base ; cependant, l’histoire de ce tome finit par un cliffhanger bienvenu qui donne envie de se pencher sur la suite. Au final, ce premier tome se résume à son titre, « Activation » : ce n’est donc que le début…

Pika nous propose une édition fidèle à l’originale dans sa présentation : la couverture au trait et à la trame sur un fond orange disparaît sous une sur couverture en quadri illustrée par Tôru Fukushima, du studio Smile, qui reprend à merveille le style de Yasuhiko. Hormis une courte citation de l’auteur sur l’intérieur de la jaquette, aucun bonus ni lexique ou pages de publicité ne sont présents ; la mention « À suivre… » clôturant le volume se double de la célèbre phrase « Survivrez-vous à cette guerre ? » qui terminait chacun des épisodes de la série originale : les fans apprécieront. Le papier est de bonne qualité et assez épais pour qu’on ne puisse pas voir les dessins imprimés de l’autre côté de la feuille, ou en tous cas pas assez pour que ce soit distrayant. Si la traduction sonne juste, certains termes restent parfois obscurs pour le profane et les dimensions des phylactères, conçus pour l’écriture japonaise, rendent obligatoires des coupures de mots ou bien des retours à la ligne qui nuisent parfois à la lisibilité ; la traduction est néanmoins due à Daniel Andreyev, fan confirmé de la saga, qui a repris l’orthographe officielle des noms des personnages telle qu’elles furent établies par Sunrise et Bandai : si quelques onomatopées ont été traduites, le sens de lecture original a toutefois été conservé.

Mobile Suit Gundam: The Origin a retenti comme un coup de tonnerre dans l’industrie du manga au Japon : adaptation très attendue, et depuis longtemps, d’une série mythique au sein d’une franchise de tout premier plan de la culture populaire de l’archipel, Yasuhiko n’avait pas droit à l’erreur ; l’immense succès de son travail, tant au Japon qu’aux États-Unis ou en Italie – seuls pays, avec la France, où ce manga a été traduit pour le moment – prouve qu’il a gagné son pari ; actuellement, seul le lectorat français reste réticent à cette œuvre… L’univers de science-fiction de Gundam, et tout ce que ce terme implique de « froideur » technique, est peut-être une des raisons derrière aussi peu d’engouement car les préférences de l’amateur français de shônen pour des choses plus axées sur les registres du fantastique ou de la fantasy sont bien connues : sur ce point, ce tome ne satisfait pas de telles attentes. De plus, la tournure très académique, pour ne pas dire obsolète, du scénario n’apporte rien d’assez nouveau pour piquer la curiosité du lecteur blasé depuis longtemps par d’autres productions du genre mecha qui sont pourtant des héritières de Gundam mais qui furent introduites chez nous avant celui-ci en faussant du même coup leur lien de parenté du point de vue de l’audience française. Reste la partie artistique : si elle ne décevra pas, rien n’assure pour autant qu’elle fera la différence en dépit de toutes ses immenses qualités…

Reprendre un classique aussi âgé que celui-ci est toujours une entreprise difficile : si l’adaptation est trop fidèle, les nouvelles générations ne s’y reconnaissent pas, et si elle est trop libre, les fans de la première heure s’estiment trahis. Le premier tome de cette série se trouve quelque part entre ces deux extrêmes, ce qui somme toute convient assez bien à l’état de « bâtard » qui caractérisait déjà First Gundam dès son premier épisode en avril 1979 – pour des raisons plus complexes que celles qu’on avance habituellement mais qui n’ont pas leur place ici. Donner à cette adaptation la forme indispensable pour qu’elle reçoive le succès qu’elle mérite auprès des nouveaux lecteurs aurait nécessité de revoir l’ensemble de ce début si profondément que le noyau des fans purs et durs l’aurait certainement rejetée avant même que celle-ci ait vu le jour… Il apparaît donc ici indispensable d’encourager les nouveaux venus à dépasser le stade de ce premier tome, et même des deux ou trois autres suivants, avant de juger si cette série mérite ou non de recevoir leurs deniers : comme tous les romans fleuve, Gundam est une histoire qui s’apprécie sur le (très) long terme et qui exige de la patience car sa surface simple toute bariolée de combats à l’allure faussement manichéenne cache bien, et souvent longtemps, une profondeur humaine jamais atteinte à l’époque dans le média anime et qui fut en son temps responsable d’une évolution majeure de cette industrie ; si Gundam exige de l’indulgence, il sait aussi la récompenser, à l’instar de tous les classiques.

Les +

- graphismes agréables et originaux, avec introduction en couleur des chapitres
- bon compromis entre les mecha designs originaux et les standards actuels
- scénario plus détaillé que l’anime original
- introduction fidèle à un titre culte qui fonda un genre nouveau de l’anime

Les -

- intrigue simple, peu représentative de la complexité de l’univers et de l’histoire de Gundam
- personnages peu exploités par rapport à leur potentiel réel
- phylactères souvent peu faciles à lire
- l’emphase sur les combats rebutera peut-être les profanes attirés par l’aspect mythique de l’œuvre originale, aspect ici mal représenté selon les standards en vigueur aujourd’hui




- un autre avis : Fant’Asie
- la fiche de l’album chez Pika


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