Rolf Malone sort de prison après avoir purgé sa peine pour homicide. Loin d’être un enfant de cœur, sujet à de violentes colères, il jouit de l’affection de son frère aîné qui espère bien, un jour, le caser dans la société, si possible pas trop loin de lui pour le canaliser. Mais, ce frère protecteur a été tué sur Anarchaos, un monde marginal doté d’un riche sous-sol et d’une absence de gouvernement. C’est la colonie qui a tué son frère lui dit-on. Explication insuffisante aux yeux de Rolf qui fait le voyage – la compagnie employant son frère l’a payé d’avance – avec un petit arsenal dans ses valises. Il est malin, débrouillard et venger son frère est une motivation suffisante pour surmonter les obstacles qui se dressent.
« Si on traite un homme comme un animal, il devient un animal. Il existe en chaque être humain quelque chose qui aspire désespérément à la stupidité, qui brûle d’abandonner la taraudante responsabilité d’être une créature au cerveau rationnel, qui hurle l’envie de n’être qu’instinct, appétit et aveuglement. »
Autant le dire tout de suite : la science-fiction constitue un décorum léger dans ce court roman. Remplacer la planète hostile par la ville inhospitalière et celui-ci s’évapore complètement pour laisser apparaître la charpente rugueuse du roman hard-boiled qui constitue l’ossature de ce texte.
Donc, c’est l’histoire d’un type qui cherche à connaître l’identité des meurtriers de son frère pour évidemment le venger. Il est, bien entendu seul et ne peut compter sur personne. Il, débarque sur Anarchaos, planète où règne l’anarchie mais rien à voir avec la philosophie libertaire. Ici, c’est plutôt le monde de l’individualisme exacerbé, de l’ordre institué par la loi du plus fort surtout si on a beaucoup d’argent. Les travailleurs sont des esclaves, les syndicats masquent les compagnies capitalistes et rien ne s’achète, tout se prend ou se vole. Les rues, hors les quartiers des compagnies, sont des ornières méphitiques entre deux façades branlantes de taudis. Bref, Anarchaos, c’est la jungle et dans cette jungle, le type va devoir survivre. Mais, comme c’est un dur à cuire, on ne se fait pas trop de soucis et on sait qu’il va en baver.
Un dernier mot pour écarter tout malentendu. Aux yeux de
Westlake
, ce n’est pas la philosophie anarchiste qui est mauvaise mais l’homme incapable de résister à son inclinaison naturelle animale. Mais, il ne ferme pas définitivement la porte comme le laisse deviner le dénouement de ce roman.En conclusion :
Là où Mike Resnick fabrique une histoire totalement crétine avec sa trilogie du Faiseur de veuves, Donald E.