Après la guerre

16 septembre 2038. Cela fait longtemps que le réchauffement du climat a finit par entraîner la submersion de nombreuses terres. Evidemment, ce ne sont pas les populations les plus riches qui ont trinqué. En conséquence, c’est une humanité misérable et désespérée qui a reflué massivement sur les territoires voisins et a bouleversé l’équilibre géopolitique mondial.
Comme si cela ne suffisait pas, le président du gouvernement mondial annonce sur America’s Speaking une nouvelle capitale. Plusieurs observatoires ont détecté trois vaisseaux extra-terrestres en approche de la Terre. Date d’arrivée estimée : une année.
Juste le temps d’instaurer la loi martiale et de décréter la mobilisation mondiale générale.



Avertissement.

Cette BD, qui est la réédition de l’histoire entamée dans la défunte collection 32 des éditions Futuropolis, constitue le premier volume d’une série. Affaire à suivre donc.

Sur un air de déjà-vu.

On commence à connaître le couplet : pénurie, surpopulation, flux migratoires, troubles climatiques et discours sécuritaire sont le mur contre lequel le futur bute dans de nombreux imaginaires. Ici, les auteurs ont choisi de traiter ces maux avec un souci de réalisme visuel et avec un point de vue catastrophiste [comme dans le film " Les fils de l’Homme "].
Le graphisme dessine à gros traits [souvent volontairement mal dégrossis] et avec des couleurs, en majorité, dans des tonalités froides ou terreuses [cependant, quelques couleurs plus vives soulignent certaines scènes ou certains personnages], des images qui apparaissent empruntées à des vidéos. A plusieurs reprises, ce sont même carrément des images dessinées à la façon d’images de reportage. Le découpage, lui-même, renforce l’impression " prise sur le vif " des événements. Il y a donc une volonté de nous faire vivre des événements à chaud, même si les auteurs pratiquent aussi l’ellipse et le flash back.

L’histoire peut se lire à deux niveaux.
La macro-histoire, celle de la fin du monde. Pour ce faire, les auteurs ont mis en place un environnement pour faciliter l’immersion. J’ai déjà parlé des effets réalistes ; j’ajoute juste un autre détail : la contextualisation passe également par quelques coupures de presse qui devancent le début de l’histoire. On peut juger le procédé lourd et lui préférer une intégration en filigrane au cours du récit. A discuter.
La micro-histoire est enchâssée dans le contexte géopolitique. En effet, le récit se focalise sur quelques personnages et c’est à travers eux que le lecteur vit les bouleversements de ce 21e siècle. Le procédé n'est pas nouveau. En littérature John Brunner procédait déjà de cette façon avec " Le troupeau aveugle " ou " Tous à Zanzibar ". Vous me direz, ce n’est pas de la BD. Certes, mais j’aime bien montrer que je dispose de quelques références…
Bref, on suit l’itinéraire personnel de deux frères que l’ordre de mobilisation générale va tirer du ghetto où ils trafiquaient mais, évidemment, va aussi séparer. Cette trame n’est pas linéaire puisque les auteurs pratiquent – comme je l’ai déjà signalé – l’ellipse et le flash back. Sur celle-ci viennent s’agréger, peu à peu, d’autres éléments, notamment un cadavre, des révélations pas très reluisantes, des agents secrets, un complot et, bien entendu, l’arrivée des Extra-terrestres.

Au final, il se dégage donc une forte impression de déjà-vu mais on est accroché par la narration, par le graphisme, les couleurs et le découpage qui me semblent adaptés au récit. Evidemment, on peut trouver le résultat moche. Et certains ne manqueront pas de le signaler…
Reste à voir où cette histoire va nous emmener.
Trois pistes possibles :
- Une suite nihiliste : l’invasion est-elle le coup de grâce pour l’humanité ? Quelle que soient les intentions des Extra-terrestres.
- Une suite à la " Stalker " : les Extra-terrestres ne sont pas conscients de notre existence ou n’y attachent pas plus d’importance que nous aux fourmis.
- Une suite à la " youkaï-di Youkaï-da " : l’humanité fusionne avec les E-T pour le plus grand bonheur de tous.

PS : J'allais oublier. BD primée aux Utopiales. Avis aux amateurs.