Davidson
... Qui c'est celui-la? vous demandez-vous surement. Renseignements pris, il semblerait que le monsieur soit un nouvelliste réputé outre-atlantique. Par contre, par la faute d'une absence de rééditions, sa présence dans nos librairies se fait fort rare.Rare... un mot qui sied bien à sa prose qui a quelque chose de suranné, avec des tournures de phrases parfois inhabituelles, un style volontiers soutenu et des termes que l'on sent choisis avec soin.
Mais ne craignez pas que cette recherche formelle alourdisse le texte :
Davidson
a un vrai talent de conteur, un grand sens des dialogues et un humour très fin.Au travers de ce court recueil, l'auteur américain nous convie à jeter un oeil sur l'Histoire avec Le mal du roi, sur la folie du roi Georges et qui parlera sans doute peu à ceux qui comme moi n'ont qu'une connaissance limitée de l'Histoire anglaise, avec Ou que l'herbe poussera, sur la spoliation des biens des Indiens d'Amérique, avec La contrainte de sa condition, nouvelle ironique sur les lois de l'esclavage, et avec La loi secrète,sur les coulisses du pouvoir .
Il s'interroge aussi sur les origines de l'homme et la question du chaînon manquant avec L'ogre et, surtout, Maintenant dormons, une illustration de la bassesse humaine et une des histoires les plus poignantes qu'il m'ait été donné de lire.
Ces nouvelles, dans l'ensemble assez profondes, ne l'empêche toutefois pas de donner dans le délire interplanètaire avec l'inénarrable Au secours! Je suis le Dr Morris Goldpepper, au sujet de laquelle Lin Carter aurait dit: "Très peu d'histoires pourraient faire honneur à un tel titre, ce n'est pas le cas de celle-ci".
On retrouve aussi plus de légèreté dans Les sources du Nil, dont le titre est à prendre au figuré et qui n'est pas sans me rappeler Le haut et gentil lieu, de Richard Matheson, et Le golem, nouvelle hilarante où un vieux couple juif ne s'étonne guère de trouver une créature mythologique sous sa véranda et l'assomme littéralement sous un flot de paroles anecdotiques.
Enfin, attention : la préface de Peter Beagle annoncée en quatrième de couverture n'est pas présente dans l'ouvrage; mais chaque nouvelle est précédée d'une introduction par l'auteur.
En conclusion, je suis bien content que ma première acquisition d'un titre de la défunte collection Futurama m'ait permis de découvrir un auteur méconnu mais de grand talent et j'espère le lire encore, pourquoi pas avec Les cahiers de Redward Edward, chez le même éditeur.