Anthos de Gilles
Dumay
pdf 618 (vol. 1) et 629 (vol. 2)
La seconde couverture est aussi magnifique :
<u>http://sf.emse.fr/AUTHORS/Anthos/A-AL02-B.JPG</u>
Ces deux anthos, réunissant des inédits d'auteurs contemporains furent publiés en pleine agonie de la mythique collection, mélant à chaque fois auteurs français et étrangers, avec une prépondérance pour la novella, et un choix commercialement suicidaire : des textes courts de haute qualité.
En effet, les textes vont du très bon au chef-d'oeuvre (1 par volume).
Le premier commence avec McAuley, un très bon steampunk reprenant le mythe de Frankestein, pour le transposer dans une Venise de la Renaissance. L'intrigue, fantastico-policière, dans la grande tradition d'un Edgar A. Poe est de haute volée.
On enchaine ensuite avec une uchronie de l'excellent Baxter, trop peu publié chez nous, en particulier pour ses nouvelles, où le sense of wonder joue pleinement, avec un Göring qui tente de percer l'une des grandes énigmes de la physique.
Ensuite, Swanwick nous livre une excellente fantasy urbaine, sur fond de Merlin cocaïnomane et de connerie humaine. Très bon texte, iconoclaste à la Gaiman.
Ensuite, le chef-d'oeuvre du volume : L'apopis républicain du très prometteur Ugo Bellagamba. Nous sommes dans les années 2020, la dynastie napoléonienne règne sur une théocratie qui a adopté depuis longtemps la religion égyptienne. L'Aiglon s'apprète à atterir sur Titan, tandis que dans son équipage, des Francs-maçons, en concertation avec d'autres frères de tous les mondes (Terre et Mars), se préparent à l'élimination de l'héritier, condition sine qua none de l'établissement d'une république laïque.
Réflexion étourdissante sur la place de la religion, uchronie originale, et surtout brillante réflexion sur le tyranicide. Avec en plus un petit clin d'oeil à 2001, avec la découverte d'un étrange monument sur Titan...
Le second volume ne contient lui que trois textes.
Le premier est encore un Baxter, une uchronie qui n'est pas sans rappeler l'excellent Dr. Folamour.
Ensuite LE chef-d'oeuvre : L'arbre aux épines, de Holdstock et du ballardien Garry Kilworth, superbe méditation sur l'immortalité, dotée de nombreuses références littéraires (Homère, Shakespeare, Gilgamesh...) à la manière d'un Andahazi, sur fond de quête autour d'un ancètre (L'affaire Charles Dexter Ward), l'amitié, la supersition et les croyances. Un texte magnifique, qui reçut le doublé British Science fiction et World fantasy.
Si vous ne lisez pas ce texte, laissez tomber la littérature.
Ce recueil se termine en toute beauté par une superbe nouvelle de Sylvie Denis : Nirvana mode d'emploi, émouvante et intelligente.