Après plusieurs décennies de lecture en SF, il est plutôt rare de trouver une lecture qui vous tienne en haleine jusque à la fin. L'auteur de BEACON 23 est connu pour sa série Silo dont je ne suis pas fan ce qui ne m'a pas empêché de commander BEACON 23 en version VO et Ebook : tout le monde a droit à une deuxième chance !
Bref je reviens à l'histoire :BEACON 23 (environ 250 pages parution 2015)
Un ancien vétéran surnommé Digger et héros (?) de guerre contre des aliens a opté pour le métier de gardien d'une station de transit, aux confins de l'espace ...
Il s'agit d'une série d'épisodes racontés par le personnage principal ,épisodes certainement publiés indépendamment (à vérifier) mais épisodes qui suivent une progression logique et crescendo
Le roman est écrit sur un mode personnel, intimiste mais suffisamment détaillé pour plonger le lecteur en situation, un récit réussi sur " a spaceways lighthouse keep" situé dans ce coin éloigné de la galaxie relié à un centre de contrôle radio de la Nasa (sic) et tout de même ravitaillé régulièrement (ouf )
Ll'impression dominante d'écrasante solitude est due à l'enfermement et à l'espace mais aussi au passé de 'Digger'
Au fil des épisodes, l'auteur dévoile peu à peu ce lourd passé. Il mène une réflexion psychologique sur le traumatisme des vétérans de guerres meurtrières, laissant peu de chance de survie aux jeunes conscrits, sur la solitude, sur la compréhension ou l'incompréhension entre individus qu'ils soient de la même espèce ou différents ...
jusqu'au JOUR J instant T où Digger devra prendre LA décision
La description du relais spatial et les brefs messages avec la Nasa, rendent le tout vivant au point de voir se dérouler les évènements au fur et à mesure comme si on y était (en tout cas, ça a très bien fonctionné pour mon imaginaire ) J'ai aimé l'épisode du caillou, celle sur les bruits ...) un peu moins la relation avec les deux protagonistes féminins de l'histoire Scarlett l'ex soldat, l'utopiste et Claire ex soldat également qui vient en bouée de secours affective (mais je ne suis pas un romantique et l'amour fait partie des cartes obligatoires des romans de nos jours) .
Ne pas oublier non plus le rôle de l'ET Cricket (euh, une réminiscence de Jimini Cricket d???) chien/léopard anecdotique certes, mais essentiel à l'armature psychologique du récit.
C'est certes moins drôle que Le Martien mais le héros qui est aussi le narrateur est attachant, efficace, faillible et malgré le côté dépressif inévitable, très touchant
Les bémols à mon avis sont:
* L'épilogue très dispensable (à réserver aux amateurs à tout prix de "happy end" )
* L'absence de trames sérieuses historiques ou sociétales (pour qui aime un fond historique et scientifique plausible : quid du premier contact ? quid de la vitesse extra luminique ? quid de la construction de ces stations-phares ? quid de l'ennemi The Ryph Lord ?)
A la réflexion, c'est cette absence qui donne de la crédibilité au récit à la première personne ! Digger se parle, commente ce qui le surprend ; le reste est pour lui et donc pour nous lecteurs, une évidence
La fin est plus une narration intéressante et bien écrite et bien menée sur le post traumatisme d'une guerre à travers le destin d'un vétéran et les décisions qu'il est amené à prendre en étant là à un instant crucial (l'instant T) - presque un huit-clos où la tension monte non seulement sur le plan des évènements externes mais surtout sur l'aspect psychologique et l'analyse des motivations
NOTA : traduit en français, je ne doute pas que cet ouvrage trouve son public ... Je suis prêt à prendre les paris !
Une citation : " Look at all that nothingness, can you feel it looking back ? "