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Gui

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Adam Warren

Bubblegum Crisis : Genom


Bubblegum Crisis : Genom
Titre original : Bubblegum Crisis: Grand Mal
Première parution : 1994

 Pour la présente édition :

Editeur : Dark horse france
Collection : Manga
Date de parution : janvier 1996
Nombre de pages : 96
ISBN : 2-84164-019-1

La critique du livre
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Planche intérieure
Planche intérieure
Megatokyo, 2031 : six ans ont passé depuis le grand tremblement de terre qui a anéanti la capitale du Japon ; reconstruite grâce à la technologie de la toute puissante multinationale Genom, les boomers – des androïdes biomécaniques – en sont devenus partie intégrante et y exécutent toutes les basses œuvres, des plus honorables aux plus lubriques. Mais les machines peuvent devenir folles parfois, et c’est aux experts en démolition de l’AD Police qu’on laisse le soin de les maîtriser ; tant pis pour la casse aux alentours…

Depuis peu, pourtant, un groupe de vigilants est apparu, qui font eux aussi la chasse aux boomers fous et dont les autorités ne savent rien. Équipés de scaphandres mécanisés à la technologie supérieure à celles de l’AD Police comme de l’armée, ils semblent suivre leurs propres plans, tout aussi inconnus. Pour Genom ce sont de dangereux terroristes et pour l’AD Police des gêneurs, alors que pour le public ce sont des héros – à moins qu’il s’agisse d’héroïnes…

L’équation accueille soudain une inconnue de plus quand un mercenaire débarque à l’aéroport de Megatokyo pour finir une mission qui a tourné court trois ans plus tôt, avec la ferme intention de ne pas se laisser barrer la route par qui que ce soit…

Et surtout pas des vigilant(e)s.


Parmi les fers de lance de la percée qu’opéra la culture manga et anime en occident au début des années 90, on peut compter Bubblegum Crisis (1987-1991), une série de huit OVA produites et réalisées par diverses pointures du très regretté studio Artmic en partenariat avec AIC et Youmex. Se réclamant ouvertement du mouvement cyberpunk, et avec raison, au contraire de beaucoup d’autres productions du moment, cette courte série empruntait à l’ensemble des ténors du genre mais aussi à d’autres œuvres plus limitrophes comme Blade Runner pour le portrait qu’elle présentait d’une vaste cité du futur dominée par une multinationale qui fabrique des androïdes servant de main-d’œuvre aux travaux les plus ingrats.

Pourtant, ce succès hors Japon resta cantonné au public américain, plus technicien que celui d’Europe, qui trouva peut-être dans ce futur immédiat saturé d’urbanisme et bardé de mécatronique, de biotechnologie et d’intelligence artificielle un reflet de ce à quoi il aspirait, habitué qu’il était à caresser les espoirs d’un futur plus beau à force de biberonner des récits de science-fiction – genre bien souvent optimiste. De sorte qu’en dépit de tentatives bien réelles de s’importer par chez nous, la franchise ne trouva qu’un accueil assez froid : peut-être en raison de ses apparences technophiles, l’Ancien Monde la bouda quelque peu, lui préférant ses opus les plus noirs comme AD Police Files (même studio ; 1990), et encore pas avant 2003.

Mais une autre caractéristique de Bubblegum Crisis explique son succès aux États-Unis, car ce groupe de vigilants en tenues de combat à l’extrême sophistication, les Knight Sabers, rappelle bien sûr ces super héros rassemblés en ligues de justiciers pour mieux lutter contre les organisations criminelles et les autres dangers qui menacent le genre humain, si ce n’est l’univers entier. Le parallèle entre les scaphandres mécanisés des héroïnes de cette OVA et celui de personnages comme Iron Man apparaît d’ailleurs assez évident. Ainsi on comprend mieux comment un comics comme Bubblegum Crisis : Genom peut se voir publié ; encore que, techniquement, c’est ce qu’on appelle un « amérimanga » et pour autant que ce néologisme ne semble pas trop incongru…

On retrouve là comme auteur et dessinateur un Adam Warren qui n’en est pas à son coup d’essai dans le domaine du manga à l’américaine puisqu’on lui devait déjà des adaptations semblables de Dan et Danny (Dirty Pair ; Toshifumi Takizawa, 1985) dès 1988. De toute évidence familier de la culture manga, l’auteur se montre aussi très bon connaisseur de l’univers de Bubblegum Crisis dont il explore ici une facette assez inattendue et qu’il présente sous un angle bien plus noir et sinistre que celui de l’OVA originale. Car Bubblegum Crisis : Genom est une préquelle de Bubblegum Crisis, soit un récit écrit après la conclusion de cette série mais dont l’action se situe en fait avant celle-ci : c’est à vrai dire la première véritable aventure des Knight Sabers.

Mais parce qu’il fut écrit après, ce récit peut tenir compte d’éléments narratifs et de certains aspects des différents personnages qui ne se virent développés que plus tard dans la série d’OVA. Pour cette raison, Bubblegum Crisis : Genom s’avère entre autre une excellente introduction à cette série. Mais c’est aussi – surtout – le récit poignant d’un homme qui n’a plus rien à perdre et qui se lance dans un dernier baroud d’honneur forcément tragique. Pour cette autre raison, vous auriez tort de passer à côté, car ce personnage à lui tout seul hisse le récit à un niveau de noirceur rarement atteint dans la franchise Bubblegum Crisis, et à un point tel qu’il l’inscrit même dans la lignée d’un AD Police Files, un peu comme une passerelle entre les deux licences…

Voilà pourquoi on regrette que ce court comics se cantonne à quatre numéros à peine dans son édition originale quand une paire d’autres à peu près, mais développés comme il se doit, aurait pu en faire une production de tout premier plan dans cet ensemble de créations qui caractérisent la fusion de l’orient et de l’occident. Il n’en reste pas moins un récit très solide, qui développe l’univers de Bubblegum Crisis de manière inattendue sur plus d’un point et qui n’hésite pas non plus à remettre certaines pendules à l’heure, en particulier sur le rôle des Knight Sabers dans ce futur pour le moins sinistre comme dans les inspirations originales des créateurs de la franchise et notamment pour ce qu’elles impliquent sur le plan humain.

C’est aussi sur ce point qu’on évalue les qualités d’une histoire après tout…



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