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soleilvert

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Certains ont disparu et d'autres sont tombés

Joel Lane


Certains ont disparu et d'autres sont tombés
Première parution : 3ème trimestre 2017

 Pour la présente édition :

Editeur : Dreampress.com
ISBN : 978-2-84958-022-6

La critique du livre
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Joel

Lane

est un auteur britannique de littérature fantastique décédé en 2013. Pratiquement inconnu en France malgré plusieurs prix outre-Manche, son oeuvre reste à découvrir. Jean-Daniel Brèque présente ici une sélection de trente de ses nouvelles. Il en a réalisé la traduction, rédigé une préface et des notes explicatives. Le Grand Prix de l’Imaginaire 2018 vient à juste titre récompenser un travail tout autant qu’un défi : transcrire dans la langue de Victor Hugo les mots d’un styliste hors pair. Comme son mentor Ramsey Campbell,

Lane

privilégie l’intrusion du fantastique dans le quotidien.


On trouvera d’abord dans ce recueil quelques allégeances aux grands anciens, Lovecraft, Howard. « La nuit qui gagne » raconte, dans un lieu imaginaire, la vengeance de Sygigh le voyant, un personnage en quête d’un prêtre voleur de peau, meurtrier de ses parents. « Sur un vent de granit » dédié à R.E Howard mais qui se ressent du Cortazar des Armes secrètes voit un personnage évoluer sur deux plans de réalités différents. « Droit de regard » décrit la déchéance d’un homme transformé à son insu en sentinelle d’une espèce extra terrestre menaçante.


Sans citer tous les textes et d’inspiration plus récente, disons la génération King, on appréciera « Et d’autres sont tombés » qui voit une bande d’adolescents célébrer une fin d’année scolaire et être attaqués par des papillons, ou l’admirable « Black Country », héritier d’ X files et de Ça. Un flic, sosie de Fox Mulder, revient enquêter dans sa ville natale sur de mystérieux faits et se retrouve confronté à sa propre enfance. L’écriture étincelle : « Puis une mince silhouette a bondi sur la branche et elle est tombée, recroquevillée sur elle-même. Je l’ai attrapé comme il tentait de s’enfuir. J’ai senti dans mes bras le froid et l’absence. Regardé son visage brouillé comme sa peau se plissait à la façon d’une empreinte de pouce, d’une image sur le papier effacée et redessinée. J’étais quelque part là-dedans. Je l’ai serré contre moi tandis que son souffle s’amenuisait, que son visage se morcelait de l’intérieur, jusqu’à ne plus tenir q’une chose noircie et friable, comme une rose de cendres. » La veine policière se poursuit avec les excellents « Sans esprit », « Un voyage en hiver » où l’on croise vampires et ectoplasmes, « Réveil dans Moloch » et « Face au mur » qui verse dans la mythologie.


Mais pour reprendre une expression célèbre, la vérité est ailleurs. Comme Lovecraft et Providence, l’écrivain britannique est l’homme d’une cité, Birmingham. Il a assisté à la désertification industrielle sous l’époque Thatcher, à la montée des troubles urbains. Les personnages de Joel

Lane

errent à la marge, employés, chômeurs, homosexuels, vivants stigmates du libéralisme. « Parmi les morts » exploite le filon du fantastique social par un renversement. Le monstre c’est celui qui fait preuve d’inhumanité.

Lane

raconte les nuits fauves, les amours vénales, les amours d’un soir, les amours tout court : « Cette nuit la dernière femme », « Réservoir », « La grille de la douleur », « Les belles endormies ». Plus loin dans « Le chagrin des goélands » il atteint une simplicité narrative bouleversante. Un homme retrouve sur un quai le fantôme d’un ancien amant disparu dans l’explosion d’une plateforme pétrolière.


Rien n’est à jeter dans cet ouvrage, qui privilégie la vérité humaine au théâtre de l’épouvante. Les récits souvent à la première personne révèlent les cicatrices des personnages, le fantastique métaphorise leur déréliction. Bref voilà une leçon de littérature, jusqu’au titre magnifique, composé avec les en têtes des premières et dernières nouvelles.




DES SPECTRES HANTENT LE BLACK COUNTRY...
Dans les ruines de la civilisation industrielle, passées, présentes et à venir, dans les recoins obscurs des usines désaffectées, des chantiers en jachère et des grands ensembles désertés, se cachent vampires, goules et autres créatures fabuleuses. Mais on y croise aussi des amants égarés, des enfants délaissés, des hommes et des femmes désemparés qui cherchent à recoller les morceaux de leur humanité.
Du souvenir d’une plate-forme pétrolière en flammes à une descente aux enfers du système hospitalier, de la course éperdue d’un animal-totem fuyant les ravages de la guerre à la vengeance sans cesse renouvelée d’un adolescent assassiné, trente voyages dans le cauchemar par un écrivain visionnaire, qui n’hésite pas à convoquer les ombres d’Edgar Poe, de Lovecraft et autres maîtres du macabre.
En trente ans de carrière, Joel Lane (1963-2013) s’est imposé comme un des plus brillants écrivains de fantastique britanniques. Couronné par le World Fantasy Award et le British Fantasy Award, mais aussi poète reconnu, il est mort prématurément à cinquante ans, laissant une œuvre de premier plan dans son domaine de prédilection.


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