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Algernon

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27/05/2008
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Conan (l'intégrale en 3 volumes)

Robert E. Howard


Conan (l'intégrale en 3 volumes)
Traduction : François Truchaud, Patrice Louinet
Illustration : Mark Schultz, Gary Gianni, Gregory Manchess
Première parution : 02 décembre 2003

 Pour la présente édition :

Editeur : Bragelonne
Date de parution : 31 octobre 2007

La critique du livre
Lire l'avis des internautes (2 réponses)

Conan
De Robert E.

Howard



Qui ne connaît pas Conan ? Même si vous n'avez jamais lu un seul récit de ses aventures, vous connaissez forcément le nom du plus célèbre des barbares. En 70 ans, il est devenu le héros de nombreux pastiches, plusieurs comics, deux films avec Arnold Schwarzenegger, des jeux vidéo dont un MMORPG (jeu de rôle en ligne massivement multijoueur) et bien d'autres médias. Conan est un héros dont l'image populaire a escamoté le vrai personnage qu'il fut sous la plume de son auteur, l'écrivain Robert E.

Howard

.

Car en réalité peu de gens connaissent vraiment Conan. Il apparaît une première fois en 1933 dans la revue américaine Weird Tales. À la mort de son auteur en 1936, de nombreux écrivains reprennent le personnage et le guident vers de nouvelles aventures. Tristement inspirés par les récits les plus commerciaux de

Howard

, ils enterrent le vrai Conan. Sprague De Camp et Lin Carter vont plus loin. Ils bâtissent une chronologie, prêtent à Conan des ambitions royales et modifient des nouvelles de Robert E.

Howard

pour faire entrer Conan dans leur canevas chronologique. Les lecteurs ont dû attendre 2003 (2007 pour les lecteurs francophones) pour découvrir enfin l'œuvre de Robert E.

Howard

sans les ajouts, les pastiches et les modifications d'autres auteurs.

Survolons ensemble cette nouvelle édition parue chez Bragelonne (l'équivalent anglais est l'édition Del Rey Books). Je ne résumerai pas chaque histoire, ce serait aussi long qu'inintéressant (tant de sites et de blogs les résument déjà !), je m'attarderai juste sur les plus pertinentes.

***

Premier volume. Le Cimmérien. 1932-1933.



La première vision de Conan qu'eut le lecteur fut celle d’un roi traçant la carte des royaumes au nord du sien. Il rêve aux aventures passées et déjoue un complot visant à le renverser (Le Phénix sur l'Épée). Au fil des récits, nous suivons Conan à travers son monde, un âge ancien perdu dans le temps. Dans La Fille du Géant du Gel, il poursuit une déesse à l'extrême nord de la Terre. Le Dieu dans le Sarcophage est un surprenant huit-clos dans lequel Conan est accusé d'un meurtre qu'il n'a pas commis. Voleur, il escalade La Tour de l'Éléphant, repaire d'un puissant sorcier. Nous le retrouvons roi dans La Citadelle Écarlate, un roi emprisonné par félonie qui remontera des plus profondes geôles pour regagner son trône. La Reine de la Côte Noire offre le portrait saisissant d'une femme hors du commun : Bêlit. Femme, pirate, reine des mers, terreur de l'océan, unie à Conan par une passion dévorante.

Robert E.

Howard

a tracé les grandes lignes de son héros. Conan est un barbare. La civilisation le met mal à l'aise. Il ne la comprend pas et son dégoût ira grandissant. En toute occasion, il agit en barbare. Il traverse le monde comme un feu de forêt consumant ses ennemis. Parfois voleur, soldat, pirate ou roi.

La seconde partie du volume est malheureusement d'un autre tonneau. Ce sont les nouvelles dites commerciales. Écrites presque mécaniquement par un Robert E.

Howard

en besoin d'argent, elles ne valent pas grand chose. Je ne les décrirai d'ailleurs pas, le schéma est répétitif. Conan + femme aussi bête que dévêtue + trésor à la clé + monstre à tuer = pas grand chose (Le Colosse Noir, Chimères de Fer dans la Clarté Lunaire, Le Bassin de l'Homme Noir, La Maison aux Trois Bandits, La Vallée des Femmes Perdues et Le Diable d'Airain). Je suis plus clément avec Xuthal la Crépusculaire dont le thème me tient à cœur, la découverte en plein désert d'une cité inconnue cachant quelque sombre secret. Ces histoires ne sont pas mal écrites, le talent d'

Howard

est gage de qualité. Les intrigues sont simplement banales et répétitives.

Deuxième volume. L'Heure du Dragon. 1934.



Ce volume regroupe trois récits. Avec Le Peuple du Cercle Noir, Robert E.

Howard

s'essaye à la longue nouvelle. L'histoire a quelques longueurs mais le résultat est une réussite. Pris entre plusieurs ennemis, Conan bataille ferme pendant plus de cent pages pour vaincre ses adversaires. L'Heure du Dragon est un roman, le seul de la saga, à l'origine destiné au marché anglais.

Howard

reprend des éléments des précédentes nouvelles, en particulier de La Citadelle Écarlate. Les ennemis du Roi Conan ressuscitent un sorcier régnant sur le monde des milliers d'années plus tôt. Emprisonné, jeté en pâture aux monstres, il s'échappe et part vers le sud, vers la Stygie à la recherche d'un objet redouté par le sorcier. Malgré sa longueur, le récit garde un puissant souffle épique jusqu'à la dernière page. Ce ne sont peut-être pas les meilleures histoires de Conan et certainement pas les plus originales mais elles démontrent le talent de l'auteur à développer ses récits sans s'essouffler.

Le volume se clôt sur Une Sorcière viendra au Monde. Le premier récit de Conan qui m'a véritablement fait frémir. Conan, crucifié, abandonné dans le désert et laissé aux vautours est un moment fort. Conan est animé d'une rage barbare, une volonté inébranlable de survivre. C'est aussi la première nouvelle où Conan apparait peu. Laissé au second plan, son ombre plane sur tout le récit. Expérience osée de Robert E.

Howard

et, à nouveau, une réussite.

Troisième volume. Les Clous Rouges. 1934-1935.



Je passe rapidement sur la première nouvelle, Les Dents de Gwahlur. Elle suit le schéma trésor-femme-monstre et seule la lecture de l'essai de Patrice Louinet (j'y reviendrai) permet de comprendre l'intérêt qu'y portait

Howard

. Au-delà de la Rivière Noire est à mes yeux le meilleur récit de Conan, un avis que semblent partager de nombreux fans du barbare. Ici, pas de femme concupiscente, pas de trésor convoité et les monstres font de la figuration. Au-delà de la Rivière Noire est un récit sur la barbarie. Conan est aux frontières de l'Aquilonie en lutte contre des guerriers féroces, les Pictes. La rivière noire est le lieu d'un conflit primitif, barbarie contre barbarie, les hommes civilisés n'ont pas leur place en ce lieu.

Le Maraudeur Noir est une suite logique au précédent récit. Pourchassé par les Pictes, Conan traverse leur territoire en direction de la côte. À la surprise du lecteur, Conan disparaît la moitié de l'histoire et laisse place à une histoire de pirates et de chasse au trésor. L'histoire est loin d'être mauvaise mais on en vient à guetter le retour de Conan. L'avant-dernière nouvelle, Les Mangeurs d'Hommes de Zamboula, est un nouveau récit "commercial". À Zamboula, il n'est pas bon de se balader la nuit, domaine des cannibales. La nouvelle est plaisante mais après deux récits aussi percutants, elle n'impressionne pas.

Les aventures de Conan se terminent en apothéose. Les Clous Rouges est une nouvelle pleine de haine et de rancœur. Conan est mercenaire. Il choisit de déserter l'armée pour suivre la guerrière Valéria, la femme la plus forte depuis Bêlit, et la protéger malgré elle. Ils arrivent dans une cité perdue au sein de la forêt. À l'intérieur, vivent refermés sur eux-mêmes deux clans luttant à mort pour le contrôle de la ville. Les Clous rouges est le portrait d'une civilisation décadente au summum de sa chute et vouée à l'extinction.

Les Appendices.

Versions alternatives, fragments inachevés, notes, synopsis... les suppléments à la fin de chaque volume ne manquent pas. Si certains sont peu pertinents pour le lecteur lambda mais indispensables pour celles et ceux qui veulent comprendre la méthodologie de travail de Robert E.

Howard

, aucun lecteur ne fera l'impasse sur Une Genèse Hyborienne, un essai en trois parties (une pour chaque volume) de Patrice Louinet retraçant l'histoire éditoriale de Conan.

Patrice Louinet nous parle des rêves d'

Howard

, ses expériences narratives, la censure de Weird Tales, sa correspondance, son message... c'est souvent fort intéressant. J'ai un regret cependant. Il est évident que Patrice Louinet connait beaucoup, vraiment beaucoup, de choses sur Robert

Howard

et son œuvre et qu'il n'a pas ici la place pour tout raconter. J'espère qu'il reviendra sur

Howard

et Conan, pas seulement pour un court essai en fin des prochains volumes Bragelonne mais dans un ouvrage plus conséquent, un essai ou une biographie dans lesquelles il pourra développer plus longuement le sujet.

Chaque volume fourmille d'illustrations. Mark Schultz, Gary Gianni, Gregory Manchess se relayent pour illustrer abondamment tous les récits. Nostalgique, je regrette les illustration de Frank Frazetta et j'aurais apprécié les couvertures d'origine de Weird Tales. Que voulez-vous ? Nous ne pouvons pas tout avoir dans la vie et l'intégrale Conan est déjà un beau morceau.

***

« La barbarie est l'état naturel de l'humanité [...]. La civilisation n'est pas naturelle. Elle résulte simplement d'un concours de circonstances. Et la barbarie finira toujours par triompher. »

Malgré son âge, Conan n'a pas vieilli. Ses aventures sont toujours aussi prenantes, débordantes d'action et d'exotisme. Robert E.

Howard

a un style direct, aussi franc que Conan, il ne s'embarrasse pas de descriptions longues et fastidieuses et sait très bien comment captiver le lecteur. Seul défaut, quelques lignes franchement racistes, compréhensible pour un auteur des années 30 mais qui sonnent faux dans la bouche de Conan.

Robert E.

Howard

dresse le tableau d'une lutte plus vaste que les combats de Conan. La barbarie contre la civilisation. Conan est un barbare. Cela ne signifie pas qu'il soit un idiot ou un inculte. Conan est quelqu'un de plus intelligent que le laisse supposer les illustrations le montrant quasi nu, muscles huilés, hache à la main, bondissant sur ses ennemis. Conan démontre son habileté à diriger son royaume l'Aquilonie, son sens de la stratégie à la tête de diverses armées et la maîtrises de nombreuses langues lors de ses voyages.

Il sait aussi naviguer dans les eaux troubles des intrigues de cours même si celles-ci le répugnent. Bien qu'il y ait une noblesse d'âme certaine dans le personnage, Conan reste un aventurier guidé par l'appât du gain. L'or, les femmes et la bonne chaire sont ses premiers intérêts. Conan n'est pas un enfant de chœur. Avant d'être roi, il fut voleur, mercenaire et pirate. Il pille et profite habilement des faiblesses des civilisés. Conan est un personnage complexe à multiples facettes qui mérite qu'on s'arrête dessus.

Peut-être pensez-vous connaître Conan mais, si vous n'avez pas lu la récente réédition, vous ne connaissez pas réellement Conan. Vous avez seulement lu les aventures d'un ersatz de barbare modelé par Sprague de Camp, un auteur qui, s'il n'est pas mauvais, n'avait en rien compris la nature profonde du barbare.




Peu après l'engloutissement de l'Atlantide, un formidable aventurier, Conan le Cimmérien, arpenta le monde. Amateur de jolies femmes, superstitieux, joueur, buveur, voleur, Conan fut aussi le plus grand guerrier de son temps. Dans son extraordinaire ascension vers le trône d'Aquilonie, il aura fauché ses ennemis par centaines, qu'ils soient hommes, dieux ou démons. Mais, animé d'un farouche désir de survivre, il aura aussi sauvé bien des vies...

Face à lui, les yeux rouges des loups et des dieux, la fourberie de sorciers avides de pouvoir, les trésors jalousement gardés par les géants des cités perdues...

Sept aventures épiques où Conan côtoie femmes voluptueuses, splendeurs interdites et puissants ennemis !





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