Sagan
produisait là un premier roman, après une carrière de scientifique de renom, il avait collaboré à l’élaboration du programme SETI (recherche d’émissions intelligentes avec un réseau de radio-télescopes.) de vulgarisateur réputé (il a reçu le Prix Pulitzer), ayant publié également Cosmos et animé des émissions dé télévision aux USA. En outre, il avait une solide réputation de " chantre du terraforming sur Mars ".Après moult hésitations, notamment en ce qui concerne le type de romans qui sont chroniqués sur le site, je me suis décidé à proposer ma vision de cette œuvre. J’ai beaucoup aimé ce roman quand je l’ai découvert, même si je conviens sans problèmes qu’il date un peu, maintenant. J’étais moins averti, plus enthousiaste, je possédais moins de recul et de préjugés.
Il est évident que le " mythe " du message émanant d’une autre civilisation est largement employé dans cette littérature, et Contact n’innove pas en la matière.
Toutefois, ce roman peut se lire de différentes manières, au gré des centres d’intérêt des lecteurs.
Il s’agit d’abord d’un portrait de femme, Ellie Arroway, qui a bâti sa carrière à la force du poignet, sans soutien familial, en dépit d’obstacles ardus à surmonter, notamment le machisme condescendant de son plus redoutable adversaire, son mentor, le docteur Dave Drumlin ! Il sera présent, à chaque étape du processus d’identification du fameux massage et de la mise en œuvre d’une " réponse appropriée " par la communauté internationale, pour lui mettre des bâtons dans les roues, voire pour tenter de s’imposer à sa place.
C’est aussi un authentique roman de science-fiction, tous les éléments constitutifs sont là pour le déterminer, et même à vingt ans d’intervalle, son intérêt, selon moi, ne s’émousse pas.
Sagan
a été attentif à produire une progression dramatique cohérente.La trame s’agrémente de nombreux débats, notamment avec un prédicateur, Palmer Joss,
" Vous voulez dire ; si nous convertissions Palmer Joss ? "
" Je ne vais pas jusqu’à imaginer le faire changer de religion, mais nous pouvons lui faire comprendre ce qu’est le projet Argus, que nous n’avons pas à répondre au message s’il n’est pas de notre goût, et que les distances interstellaires nous mettent à l’abri de Vega "
"[color=blue] Voyons, Ken, il ne croit même pas que la vitesse de la lumière soit une vitesse cosmique limite. Nous allons nous parler sans nous écouter. J’ai également un lourd passé pour ce qui est d’échouer à m’accommoder des religions traditionnelles. J’ai tendance à prendre un coup de sang devant leurs contradictions et leur hypocrisie… "
" Je ne vois pas comment une rencontre avec Joss pourrait rendre les choses pires, de toutes façons.[/color]
Il va prendre la tête des opposants au projet Angus, et qui nouera des liens inattendus avec Ellie. Il y a même une controverse théologique, dont on imagine aisément le fondement, qui s’imprime en filigrane tout au long du texte. Je tiens aussi ce roman dense et bien écrit pour un conte philosophique, c’est selon moi sa véritable identité. Pourquoi cette affirmation ? Parce qu’après avoir mis en scène toutes ces péripéties, d’ordre technologiques, politiques, humaines, l’auteur renvoie l’humanité face à elle-même, y compris son héroïne, d’une certaine façon.
Un film a été tiré de ce texte, dans mes souvenirs, il ne fait qu’esquisser la substance du roman, en effectuant de nombreuses coupes sombres.
J’admets que ce bouquin date un peu, en outre le contexte international décrit par l’auteur et la bonne volonté est bien trop lisse, dans son unanimité à " répondre " au message. Je ne vois pas Bush et Poutine lâcher leurs guerres économiques ou " idéologiques ", les nombreux problèmes soulevés par les pays émergents, sans parler du réchauffement climatique, pour collaborer illico avec la Chine et l’Europe dans une entreprise de " rassemblement ", un terme furieusement à la mode.
Pour tenter de conclure cette première chronique, j’ai envie de suggérer la lecture de ce titre, à condition d’aimer se laisser bercer par une certaine nostalgie. J’implore aussi l’indulgence des forumeurs en regard de ma prose et de mes avis de débutant malhabile.