| |||||||||||||||||||||||||
Daytripper est l'histoire de Brás de Oliva Domingos. Homme heureux en amour, père aimant, amant comblé et écrivain couronné par le succès, ces éléments laissent présager l'avalanche des clichés inhérents à toute bluette pour midinettes. Ou alors ils entretiennent le doute, faisant croire au quidam que les apparences sont trompeuses. Qu'elles masquent un lourd secret ne demandant qu'à éclore au grand jour...
Eh bien, Daytripper n'est rien de tout cela ! Bien au contraire, la BD de Moon et Bá vous expédie carrément aux antipodes des présupposés que l'on pourrait nourrir à son égard.
À vrai dire, essayer, ne serais-ce que de raconter un peu l'intrigue, ne conduirait qu'à dénaturer la charge émotive portée par le récit. Car Daytripper est l'histoire d'une vie. Et d'une mort. D'ailleurs, peut-être devrait-on plutôt dire de plusieurs morts.
En effet, l'existence de Brás suit une trajectoire erratique, oscillant entre rêve et réalité, entre vie et mort, cherchant sa voie au travers des pièges, fausses pistes et culs-de-sac de la fatalité. L'enfance, l'amitié, l'amour, la famille, la filiation, l'accomplissement par le travail, l'héritage... Par touches successives, Moon et Bá nous livre une petite philosophie de vie par l'image.
On serait bien en mal de déceler quelque chose de pontifiant ou de sentencieux dans leur démarche. Dans des nuances pastels, d'un trait faussement maladroit, empreint d'une grande poésie, le duo exprime simplement, avec sincérité, la multiplicité des possibles animant une existence humaine. Une existence où chaque pas coûte. Où la vie reste indissociable de la mort. Alors, pourquoi se résigner ?
On touche à l'indicible, à une qualité d'émotion indescriptible, à un état d'esprit difficilement transposable en mots. Pourtant, avec un talent admirable et une économie de moyens, Fábio Moon et Gabriel Bá réussissent à restituer l'essentiel de la vie, le tout sans larmoiement excessif.
Bref, on ressort de cette lecture à la fois ému, plongé dans un abîme de sentiments contrastés et, au final, heureux, comme soulagé d'un poids, celui du fardeau de l'existence.
« Quand tu accepteras qu'un jour tu mourras... tu profiteras vraiment de la vie. C'est ça le grand secret. C'est ça le miracle. »
Cette œuvre est un petit miracle je vous dis. Lisez-la ! Et plus vite que cela !!