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Bref, des gars comme moi
Là où on est dèçu, par contre, c'est que l'ouvrage dont il est question ici donne plutôt l'impression de s'inspirer surtout de l'oeuvre-phare (façon de parler...) de George Lucas, lui aussi cité parmi les deux précédents. Avant de hurler au scandale pour avoir associé des noms aussi illustres à celui-là, je me suis penché sur les dessins que j'avais complètement ignoré après avoir jeté un coup d'oeil sur la couv' et lu le dernier mot du titre - ce détail à lui tout seul m'aurait fait acheté le truc de toutes façons. Quel soulagement de constater que Téhy et Fenech n'ont gardé que le meilleur de Star Wars : les visuels (ne faites pas attention à ceux qui vous disent qu'il y a autre chose dans cette franchise...)
Et quels visuels !
C'est faste, c'est somptueux, c'est grandiloquent, d'un chatoyant goguenard et bariolé, plein de souffle et de fureur, d'onirisme et d'envoutements... Les scènes de batailles évoquent irrésistiblement ces parties de WarHammer 40K ou de Battletech qui durent jusqu'au bout de la nuit (et plus si affinité...), les designs des scaphandres des marines locaux rappellent Starcraft ou Unreal II, alors que les mecchas (pourquoi 2 c ? Un seul suffit... 'Fin bref...), ces machines titanesques semblent tout droit tirées (toutes mes excuses pour employer des références obscures...) des mobile armors les plus dingues de Gundam tels que le Zero Ze Aru ou le Neue-Ziel voire, pour son gigantisme, le Gunbuster de l'anime éponyme, ou encore - plus proche de nous - les titans mécaniques de Ledroit dans La Porte Ecarlate. Quant à l'univers, s'il ne manque pas de tirer la plus grande partie de son jus de Star Wars, à grand renfort d'architectures dingues et colossales, farcies de métal ou de marbre, ciselées de bas-reliefs antiques ou constellées d'épaves rouillées, il ne va pas non plus sans rappeler l'art d'un Juan Giménez ou bien le space opera dingue de (encore désolé pour l'obscurité...) Mamoru Nagano, à savoir The Five Star Stories. Avec toutes ces mechaniques, on finit par se demander si les auteurs de L'Empire des Mecchas ne sont pas des regulars de 4chan (cliquez sur ce lien aux risques et périls de votre santé mentale : je vous aurais prévenu)...
L'histoire est moins "sophistiquée" mais toutefois prometteuse
Le début laisse penser qu'une tragédie passée a, comme il se doit, changé la face de la galaxie (ou des galaxies, j'ai cru comprendre qu'il y en avait plusieurs...) : le ton y est froid, dans les formes et les couleurs comme dans les mots du narrateur, en parfait contraste avec la fureur apocalyptique qui la suit immédiatement, un premier flashback où toute l'horreur de ces Guerres Immortelles pète littéralement à la gueule du lecteur, à grand coup de suicides massifs d'enfants-clones dans une tentative désespérée d'évacuation d'un meccha en proie à ces exxo-virus qui ne vont pas sans rappeler les Créatures de l'Esprit de Final Fantasy. Enfin, on aborde le réel début de l'histoire, qui s'avère assez agaçant à cause des deux personnages principaux, des ados en pleine explosion d'hormones et donc plutôt cons. Ce qui leur arrivera dans les pages suivantes aurait dû les faire grandir trop vite, mais non, ils continuent à se montrer arrogants, prétentieux, grande gueule... C'est le seul véritable bémol de cette BD : les héros sont énervants et ont des réactions à l'inverse de ce qu'exige leur situation, pourtant déjà tragique à ce stade. Le scénariste a-t-il voulu poser un contraste entre les premières planches et la suite, afin de souligner l'évolution des personnages comme le font souvent ces auteurs de mangas dont il se réclame ? Peut-être. Espérons-le...
Après sont introduits deux (trois ?) autres personnages tout à fait curieux et originaux, au moins en apparence. C'est là que l'inspiration Heroic Fantasy de l'auteur reprend le dessus. Certains trouveront peut-être ça dommage. Pas moi. Pas pour le moment : il y a suffisamment de personnalité, d'originalité et d'idée pour faire passer la pilule très agréablement ; l'humour du jeune héros - malheureusement toujours un peu décalé par rapport à la cruauté de sa situation selon moi - y fait beaucoup. Ensuite, les mecchas partent en guerre, une guerre à la hauteur de la folie de la Reine, de sa contradiction de despote chargé de la survie de son peuple face à un ennemi implacable, à la hauteur de sa mégalomanie schizophrènique aussi certainement : un temps fort, très fort, qui parle beaucoup avec le minimum d'images et de mots, en seulement deux planches et demi. Très beau résultat, excellent cliffhanger (ou presque...) comme on dit
Bilan : c'est plutôt court - comme la plupart des BD actuelles vous me direz - mais c'est bon. Bien bon. Bien assez pour attendre la suite avec impatience. Rien que pour les images, il faut lire ce premier tome de L'Empire des Mecchas
Détail technico-personnel : les golgoths de 200 mètres de haut je veux bien, mais quand ils se pilotent à 1500 personnes c'est abusé. Il y a au moins un 0 de trop dans ce chiffre. Mais je suppose que ça contribue à la grandiloquence du concept, un peu comme dans la nouvelle Dans les Collines, les Cités de Clive Barker où des géants faits des corps des habitants de villes entières s'affrontent en duel pour honorer une tradition millénaire. On apprécie ou pas, mais ça laisse rarement indifférent...