Eschbach
assez étonnant. Le sujet pourrait faire penser au genre post apocalyptique, or il n'en est rien.D'abord parce qu'une très (trop à mon goût) longue première partie pose le décor : le héro, Markus, ambitieux, fanatique naïf du rêve américain arrive sur le nouveau monde pour réaliser son rêve, réussir, devenir riche, être "quelqu'un".
On suit les étapes de sa progression, ses réussites, ses échecs. Au passage l'auteur égratigne la société américaine, l'envers du décor de ce "rêve américain".
Parallèlement, on suit en Allemagne le frère et la soeur de Markus dans leur vie quotidienne. Dans ce chapitre, se prépare en toile de fond le bouleversement de ce monde qui va basculer dans le deuxième chapitre.
Il y a bien une "catastrophe", mais pas de catastrophe spectaculaire et apocalyptique façon Hollywood. Notre civilisation résiste mais malgré tout s'effondre doucement. L'humanité se protège de diverses manières selon qu'il s'agit du moyen-orient ou des Amériques ou de l'Europe, jusqu'à une communauté qui choisit le repli et le fanatisme.
L'homme ne revient pas à l'état sauvage ni ne se transforme en sale mutant ou autre délire. Mais la famine et le chômage massif apparaissent, la violence et la délinquance explosent etc.
Bref, il y a là une sorte de proximité et de plausibilité très réalistes et angoissantes, qui font penser au polar, même si au final le roman est plutôt optimiste et laisse finalement le choix à l'homme de construire un monde meilleur, ou pire… Pour certains d'ailleurs cet catastrophe se révélera finalement plutôt bénéfique permettant de rétablir les liens communautaires disparus sous l'effet de la civilisation moderne.
Contrairement au réalisme de la catastrophe s'oppose l'invraisemblance de l'histoire de Markus : difficile de croire à l'aventure de cet homme ordinaire qui va se trouver mêler de près ou de loin à tous les destins et événements importants de la planète. Il y a des rebondissements d'une invraisemblance incroyable ! Au point que l'on a l'impression que les Etats-Unis sont vraiment un petit pays où l'on rencontre toujours les mêmes gens à ses quatre coins, même par hasard !
J'ai été un peu déroutée par ce choix narratif :
Est-ce délibéré ? Markus comme un personnage un peu allégorique de l'humanité occidentale avec toutes ses qualités et ses défauts. Markus effectue un vrai road movie dans ces états-unis et une partie de l'Europe.
Est-ce une simple facilité du récit ? Et alors c'est un côté un peu raté du roman. Je n'arrive pas très bien à choisir entre ces deux options.
En conclusion un gros roman dense et complexe comme une épopée feuilletonesque qui scrute et décortique les qualités et les défauts de nos sociétés de pays riches sans jamais tomber dans le militantisme ou le manichéisme. Mais il expose à la fois ce qui en fait l'humanité et la monstruosité. Roman bien documenté qui donne la chair de poule parfois en évoquant certains faits historiques et en les montrant sous leurs aspects les plus sombres, il nous fait détester le pétrole comme jamais.
Finalement l'humanité sera-t-elle capable de construire un monde meilleur après l'ère du pétrole, énergie pratique mais polluante et destructrice ?
Un roman à ne pas rater et qui une fois refermé laisse des traces durables chez son lecteur.