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Jim

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Engines of desire

Livia Llewellyn


Engines of desire
Titre original : Engines of Desire: Tales of Love & Other Horrors
Première parution : 01 mars 2011

 Pour la présente édition :

Editeur : Lethe press
Date de parution : 01 mars 2011
ISBN : Engines of Desire: Tales of Love & Other Horrors

La critique du livre
Lire l'avis des internautes (15 réponses)

À l’heure où j’écris ces lignes, l’œuvre de Shirley Jackson s’expose en médias multiples : télévision (The house of Haunting Hill), cinéma (Shirley), bande-dessinée (La loterie, sous le crayon de son petit-fils, Miles Hyman), revues (en France, le dernier numéro de Bifrost lui consacre un dossier) et recueils littéraires (quatre romans et diverses nouvelles entrent cette année au catalogue de la prestigieuse Library of America).
Cette remise en lumière s’inscrit dans un courant plus large visant à faire reconnaître l’importance des femmes dans l’horreur littéraire. Aussi retrouva-t-on au palmarès 2020 du prix Bram Stoker un essai, Monster, She Wrote: The Women Who Pioneered Horror and Speculative Fiction, revenant sur le parcours de pionnières telles que Mary Shelley, Margaret “Mad Madge” Cavendish, Ann Radcliffe et bien d’autres.
Plus proche de nous, à l’époque moderne où l’horreur éditoriale se porta vers des sommets à la suite de la locomotive Stephen King, ce sont des écrivaines comme Anne Rice, Lisa Tuttle, Kathe Koja ou Poppy Z. Brite qui surent trouver leurs places.

Qu’en est-il des autrices d’aujourd’hui ? Elles comptent bien se faire entendre en réclamant – c’est légitime – un traitement équilibré de la part des directeurs de revues (papier ou en ligne) et éditeurs d’anthologies, dont certain(e)s rechignent encore à faire apparaître plus qu’un soupçon de mixité dans leurs sommaires.
Ainsi sont nés des mouvements tels que le collectif "Ladies of Horror" ou l’événement "Women in Horror Month". Profitant des moyens fournis par les outils numériques et d’un élan féministe qui dépasse largement le cadre du genre, elles s’efforcent à accéder à une visibilité que leur travail et leur talent ne méritent pas moins que ceux de leurs homologues masculins.

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Née en Alaska, Livia

Llewellyn

passa l’essentiel de ses jeunes années dans l’état de Washington, sur la côte ouest, et réside aujourd’hui près de New-York, sur la côte opposée. Elle a écrit une trentaine de nouvelles ressortant des littératures de genre, en partie regroupées en deux recueils : Engines of desire est le premier.

Horses est la nouvelle qui ouvre ce volume.
Le choix du premier titre d'un recueil est délicat ; des anthologistes émérites, telle la très renommée Ellen Datlow, conseillent de privilégier des textes qui aient du mordant (celui de l'hameçon qui ferre le lecteur) mais qui évitent de se déployer à travers des narrations trop expérimentales ou des références trop obscures.
Ici, on entre dans un contexte bien connu du thriller occidental : nous sommes aux États-Unis, aux bords d'une Troisième Guerre Mondiale avec la superpuissance rivale, et donc d'un holocauste nucléaire.
L'héroïne est un officier de l'armée devant participer aux lancement des missiles fatidiques.Sauvera-t-elle le monde de la catastrophe ? Rien n'est moins sûr...
Là où l'autrice bouscule le lecteur, c'est avec la personnalité de sa protagoniste, qui appelle difficilement à l'empathie, tant elle-même semble vouloir nier ses sentiments, et qui hésitant entre accepter une grossesse imprévue et mettre fin à ses jours, verrait plutôt d'un bien œil la destruction du monde.
D'emblée, on comprend l'avertissement de Laird Barron dans sa préface, lorsque qu'il nous prévenait que

Llewellyn

n'y allait pas par quatre chemins, qu'il y avait dans ce livre des choses que nous lirons et aurions peut-être préférés ne pas avoir lus.
Avec Horses, celle qui dit aimer pousser ses fictions au-delà du point de non-retour en franchit plusieurs.

Avec la nouvelle suivante, est introduit un des motifs majeurs de l'œuvre de l'autrice : la sexualité (féminine, essentiellement).
En effet,

Llewellyn

a publié des textes érotiques dans des publications hors collections de genre (c'est le cas de celui-ci). Elle aime consacrer les noces d'Eros et Thanatos, ce qui ne va pas sans quelques difficultés pour placer ses nouvelles, situées dans un entre-deux qui ne sied guère aux éditeurs privilégiant les fictions faciles à étiqueter/marketer.
At the edge of Ellensburg est une nouvelle difficile à saisir, trouvé-je, car variable en ton autant qu'en rythme : fantastique allusif, obsession sexuelle (avec des scènes particulièrement crues), violence brute et métaphore réalisée se combinent dans un ensemble qui, s'il peut être déconcertant, est assurément marquant.

Plus loin dans le recueil se trouvent deux autres nouvelles fortement sexuées :

L'intrigue d'Engines of desire prend racine dans un banlieue résidentielle d'apparence proprette.
Une jeune fille, "la reine du cul-de-sac", s'y fait le vecteur d'une force libidinale surnaturelle.
Les visions organiques des derniers paragraphes peuvent évoquer Clive Barker ou feu Joel Lane.

L'histoire d'Omphalos se déploie quant à elle dans les vastes étendues boisées des Olympic Mountains (l'écrivaine a passé la majorité de son enfance à Tacoma, entre cette chaîne de montagnes et celles des Cascades).
Sa jeune protagoniste, en excursion avec sa famille gangrénée par l'inceste, espère y trouver un lieu, qui n'existe jusqu'alors que dans son imagination, où elle pourra enfin échapper à sa condition.
Cette nouvelle, aux décors naturels à la présence active (c'est un des points forts de l'autrice), se dénoue de manière fracassante et débouche sur l'horreur cosmique (un des registres principaux de la nouvelle horreur américaine).
Si cette conclusion est terrible pour l'héroïne, elle est aussi libératrice.
En effet, ce qui intéresse tout particulièrement l'autrice dans ses textes, ce n'est pas tant la confrontation de ses personnages au surnaturel ou au monstrueux mais la façon dont ceux-ci les transforment, participent à leur évolution (même si cela doit passer par de profondes blessures, voire la mort qui selon nombre de spiritualités n'est qu'un nouveau commencement...)

Et pour

Llewellyn

, quelle épreuve plus emblématique que celle du 11 septembre ? À l'époque de l'attaque, elle travaillait à New York et elle connut la poussière et les cendres, le silence et l'incompréhension.
Tous ces éléments sont magnifiquement transmutés dans Jetsam, qui enserre le spectaculaire de l'horreur cosmique dans une poignante mélancolie.

Comme les thèmes abordés dans les nouvelles du recueil citées jusqu'alors sont graves, l'écrivaine et l'éditeur prennent aussi soin de ménager quelques respirations pour le lecteur.
Elles prennent la forme de textes brefs, de deux pages tout au plus : deux histoires d'arbres et de jeunes filles.
Le premier, Teslated salishan evergreen, présente une création fort originale avec ses essences ayant muté sous l'effet des courants à haute tension.
Le second, Brimstone orange, récit de sorcellerie, est bien plus classique et d'un intérêt bien moindre.

Changement de registre avec The four hundred thousand, qui aborde les terres de la science-fiction.
Dans un socitété ultramilitariste où la liberté des citoyens est sacrifiée aux besoins d'une guerre sans fin, une adolescente s'apprête à réaliser la mission que ses parents ont accepté pour elle quand elle était enfant : engendrer qutre-cent mille super-soldats, destinés à être les fleurons de la nouvelle armée.
D'abord docile, l'héroïne en viendra à s'interroger : doit-elle vraiment abandonner sa vie à un déterminisme établi par d'autres ? peut-elle amorcer une révolution, en pensées comme en actes ?

Reste une dernier territoire à explorer : la fiction lovecraftienne.
Le poids des anthologies placés sous le haut parrainage de l'écrivain de Providence sur la littérature horrifique américaine est considérable.
C'est pour les écrivains à la fois une bénédiction et une malédiction. D'un côté, la demande de textes est importante ; de l'autre, un cahier des charges, plus ou moins strict, peut limiter leur créativité.
Parmi les meilleurs, certains s'en affranchissent au point que le rapport de leurs textes à Lovecraft deviendra indétectable (ce qui ne manquera pas de faire grincer les dents du puriste en chef, S. T. Joshi), d'autres embrassent les beautés sombres de l'univers de leur aïeul pour le remodeler à leur guise.

Livia

Llewellyn

se place ici dans la seconde catégorie.
Un premier texte court, Take your daughter to work, variation sur le mythe d'Andromède, donne un aperçu du paysage qui sera personnage à part entière de la novella qui clot le recueil, Her Deepness.

Obsidia la noire est une cité tentaculaire à côté de laquelle la Londres charbonneuse de la Révolution Industrielle passerait pour une oasis de fraîcheur et d'air pur.
Gillian Jessamine, ex-canari (enfant, elle rampait dans les tunnels de mines tout juste forés pour y détecter les émanations de gaz toxiques et les veines de minerais précieux), achève sa formation de tailleuse de pierre.
Et elle est brillante ; il se dit même qu'elle sait faire parler la roche sous ses doigts.
Ses aptitudes exceptionnelles lui valent d'être recommandée pour un mission commanditée par de riches clients et qui devrait déboucher sur un poste confortable.
Il s'agit pour elle de travailler un bloc antique, découvert dans le chantier archéologique d'une zone abandonnée de la ville, dans le but de l'exposer dans une nécropole privée.
Sortie de son élément, la jeune protagoniste en apprendra beaucoup sur elle-même comme sur les forces antédiluviennes qui ne demandent qu'à reprendre possession du monde.

Richement texturée, Obsidia est une superbe création, grandiose et fascinante, que j'espère parcourir de nouveau dans des textes futurs.
De même qu'il me plairait d'y retrouver Gillian Jessamine, héroïne humaine courageuse et attachante.

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Avec ce premier recueil, Livia

Llewellyn

frappait déjà fort. Il se dit qu'elle confirmait amplement avec le suivant, Furnace.
Pour avoir lu la nouvelle en titre, entêtant cauchemar inspiré de l'œuvre de Thomas Ligotti, j'ai peu de doute à ce sujet.

L'autrice a laissé entendre qu'un éditeur français s'était renseigné sur la possibilité de le publier, sans que ce projet se concrétise.
Pour l'instant ? Il serait en tout cas dommage qu'une voix si forte et singulière ne soit pas traduite en France (alors que l'Italie, et maintenant l'Espagne, ont su l'entendre).




Death and pleasure. Freud's Todestrieb, his statement that "libido has the task of making the destroying instinct innocuous, and it fulfils the task by diverting that instinct to a great extent outwards....The instinct is then called the destructive instinct, the instinct for mastery, or the will to power." Few authors have spun stories of Thanatos and Eros as skillfully and powerfully as Livia Llewellyn. In his introduction to this volume, Laird Barron writes "Scant difference exists between exquisite pleasure and pain." An orphan girl with a mind for anthracite falls into the hands of a cult worshipping an entombed god. In the Pacific Northwest, evergreens lull prepubescent girls into their trunks to serve as wombs. A suburban housewife troubled by her present encounters the sixteen year-old girl she ached to touch in her dreams. These ten stories promise to indulge a reader's sensibilities, their fears and desires.

A finalist for the Shirley Jackson Award in two categories: Best Novella and Best Collection!


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