Que dire ? Exceptionnel, totalement bouleversant, absolument fabuleux, formidable, exceptionnel, génial, grandiose, merveilleux ?
Quel superlatif serait à la hauteur de la qualité de ce livre ? Chef-d’œuvre, alors que l’auteur n’avait pas 30 ans quand il l’a écrit ?
Satisfait ou remboursé ?
Mais commençons plutôt par l’histoire.
Oskar Schell est un new-yorkais de 9 ans. Il est fasciné par Stephen Hawking, végétalien, francophile et pacifiste, et un collectionneur multi-casquette, des souvenirs sur les Beatles aux pierres semi-précieuses.
Sa mère est avocate, et son père était bijoutier. Etait, car il est mort dans les tours du World trade center, un sinistre 11 septembre. Peut-on se remettre si jeune de la perte d’un parent, dont il ne reste plus rien que des souvenirs ? Partagé entre une grand-mère aimante et une mère accaparée par son travail, Oskar n’arrive pas à faire le deuil de son père.
Un jour, en allant dans la chambre de ses parents, il renverse un vase bleu. Le vase se brise, et libère son contenu : une enveloppe. Elle contient une clé, et un nom est écrit dessus : Black.
Oskar pense qu’elle a un lien avec son père. Il va donc parcourir New-York pour essayer de trouver à quoi cette clé correspond, dans le fol espoir d’y trouver un lien avec son père. Et si son père n’était pas mort ?
Ecrire sur l’enfance est souvent un exercice périlleux. On tombe souvent dans la niaiserie, ou dans l’autre travers, qui est de faire de l’enfant un adulte dans un corps d’enfant.
Même chose pour le deuil, où l’on peut sombrer dans le ridicule et le pompeux.
Il faut reconnaitre qu’en la matière, l’auteur fait preuve d’un tact exceptionnel, absolument exceptionnel.
Il opère plutôt en orfèvre, il cisèle son personnage à la manière d’un Sturgeon. Il nous restitue les états d’âmes, les pensées, les aventures et les pérégrinations d’un personnage incroyablement attachant. Nullement idéalisé non, mais véritablement attachant. Attachant dans l’opiniâtreté de sa quête, dans sa naïveté, dans la douleur de son enfance fracassée. Mais si Oskar est attachant, le livre lui, est absolument bouleversant. Hanté par l’image fantomatique de ce père, par les souvenirs que son fils a de lui, par ses illusions, ses semelles de plomb...
Véritable OLNI littéraire, on y trouve des photos, des pages corrigées au stylo rouge, des cartes de visites, des extraits de divers documents, et tout un tas de jeux typographiques.
Ecrire sur le 11 septembre est un acte périlleux, tant la charge émotionnelle est forte.
Foer montre avec ce qu’il faut de pudeur la souffrance, la douleur d’un gamin, d’une veuve et d’une mère. Et de ce champ de ruines du 11 septembre, Foer fait monter un requiem bouleversant d’humanité, et le lecteur ne peut, par moment, retenir ses larmes ou ses éclats de rire. On pense à Simak par moments, à Brown aussi parfois, mais surtout à Berthelot, à Keyes et à Sturgeon.
Alors maintenant que le livre est disponible en poche, vous n’avez plus aucune excuse pour ne pas le lire.