Brown
n'est plus,Dieu va prendre mon pied au cul
Larry
Brown
a été marine puis pompier dans l'Etat du Mississipi, il a publié des nouvelles avant de vivre de sa plume, et nous quitter si tôt, trop tôt alors que tant d'autres sont encore en vie.Larry
Brown
, c'est l'auteur qui a su restituer magnifiquement ce Sud rural, pieux et misérable, toutes ces vies minables d'alcooliques et de cocus, de perdants, de pauvres et de précaires, qui n'ont plus que Jésus à la fin du mois, quand le ventre vide crie famine et que les factures arrivent.A mille lieues des Ellis et consorts, il évoquerait plutôt Bukowski, McCoy ou Nisbet pour l'art avec lequel il nous dépeint toutes ces vies cabossées, ces amours en instance de rupture, ces souvenirs douloureux que l'on voudrait refouler et que l'on noie sous les flots d'un bourbon âpre et rugueux. Ces êtres attachants malgré tout, malgré et grâce à leur humanité.
Il n'y a pas d'espoir, pas de rédemption ni de sauveur.
Non.
Le monde est pourri, impitoyable pour ces petites gens. Sans misérabilisme ni compassion, mais avec cette sensibilité si juste qu'elle vous brise le cœur, tel un de ces vieux bluesmen du Delta, il vous chante la complainte de ces oubliés du rêve américain, ces vies brisées et sans espoir, ces pauvres à la dérive qui se tuent au travail tout en sachant que cela ne sert à rien, sinon que ce serait pire autrement.
La nouvelle lui sied donc à merveille, pour nous régaler de ces portraits amers et touchants, comme autant de vies brisées et sans aucun espoir, de destins saccagés par les petits riens, ces petits travers où son art de l'ellipse, de la suggestion et du non-dit fait toujours mouche. Quand j'ai refermé ce livre, j'ai écrasé une petite larme en me disant que je ne pourrais plus que le relire, car il est mort et qu'il n'écrira plus. Et c'est certainement l'histoire la plus tragique et la plus touchante de Larry
Brown
.Lisez-le !