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Note : pour ma centième chronique, j'ai voulu prendre du lourd. Aussi vais-je démériter - à coup sûr. Pas grave. Une section BD-Sf ne peut pas ne pas dire quelques mots sur "Ghost in the Shell" pas plus que sur Le Garage Hermétique, Akira, et autres oeuvres d'importance.
Ghost in the Shell a connu, on le sait, une reconnaissance mondiale, sacré par des adaptations télé, ciné. Déjà presque 20 ans que ce manga est sorti, et il reste toujours un jalon incontournable, une oeuvre culte.
La trame générale de Gits nous plonge dans un monde cyberpunk d'une grande complexité. Les huit premières pages de ce premier opus sont de ce point de vue tout à fait notables. Posé un monde "entré dans une ère d'information à outrance", la première histoire - courte - nous met au coeur d'une intrigue politico-financière tordue résolue de manière expéditive par l'héroïne principale, une femme qui n'en est pas une, mais un "cyborg femelle", une femme - ou des femmes précise Shirow - connue(s) sous le nom de Motoko Kusanagi - mais il s'agit sans doute d'un pseudo.
Voilà, vous êtes entré dans le monde de Gits.
Car tout est information, donc tout est falsifiable, tout est sujet à caution. L'individu que vous avez en face de vous est peut-être A. Un être humain B. Un androïde C. Quelque chose entre les deux D. Avec ou sans Ghost E. Un être humain ou un androïde ou entre les deux dont le cerveau est ou n'est pas piraté par un hacker. F. Rien, en fait c'est votre cerveau qui est piraté par un hacker.
J'exagère à peine.
Si l'information et l'informatique fusionnent avec le monde, alors rien n'est certain et toutes les frontières s'abattent. Cette idée, Shirow la met en scène avec brio, trouvant une multiplicité de situations, de technologies, fruit d'une attention particulière de l'auteur dans le domaine scientifique. Shirow ajoute d'ailleurs un bon nombre de notes dessinées ou plus souvent écrites rapidement en bas de pages pour donner de plus amples informations sur telle ou telle technique, tel ou tel point de vue personnel.
Comme nous suivons la section 9 - qui travaille en sous-main pour le gouvernement - ou une partie du gouvernement - nous sommes confrontés également à la fois à des trames complexifiées, de plein pied dans des histoires qui ne concerne pas le commun des mortels - ce qui donne aussi un goût spécifique à tous ces récits.
Shirow garde toujours la volonté de dresser un monde cohérent malgré cette complexité et la diversité des technologies présentées. En un sens, c'est aussi cette diversité qui rend le monde particulièrement vivant.
Le scénario est une telle réussite que j'oublierai presque de parler du graphisme. Qu'aurai-je à dire, sinon que Shirow est un maître absolu, un graphiste excellent, tant au niveau du dessin, des couleurs que des plans - je parle ici du premier opus, certains parti-pris pourraient faire débat sur les suites, malgré une maîtrise toujours évidente.
Bref, Gits est évidemment un must, ça ne sert à rien de le dire tant de temps après sa sortie. Mais voilà, c'était ma centième chronique, c'est l'occasion ou jamais... Avec un peu de chance, quelques spécialistes vont préciser et/ou me reprendre... tant mieux !^^