De ce livre ressort une impression d’heureuse lecture. Plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, les personnages nés de l’imagination de Paul
McAuley
. Pour atypiques qu’ils soient, la narration qui se fait par intériorisation de quelques personnages – parmi les gentils – nous les rend proches, malgré les évènements hors du quotidien (tendance espionnage) qu’ils vivent. L’évolution même de ces personnages au cours de l’intrigue est réjouissante car elle échappe au scénario cliché d’un jeune homme – le héros – rencontrant au cours d’une aventure palpitante et dangereuse une jeune femme – une héroïne – etc. Surtout, il y a ce point nodal du roman, cette idée selon laquelle des images peuvent, sous l’influence de psychotropes, influer sur le cerveau humain. Découverts par des membres d’un club privé, le Nomad’s Club, lors de fouilles archéologiques d'amateurs lors des années vingt et trente, ces glyphes ont été utilisés par les autorités lors de la seconde guerre mondiale sur des tracts, leur secret a été conservé durant des décennies. Il semble qu’aujourd’hui, on s’y intéresse à nouveau, avec acharnement et détermination, avec violence.La fraîcheur de ces éléments est associée à une intrigue classique d’espionnage, de dissimulation, d’utilisation de l’homme. Malgré son talent,
McAuley
ne maîtrise pas toujours parfaitement le rythme de l’intrigue. La seconde partie du roman paraît s’essouffler, tourner en rond inutilement. Par ailleurs, la réapparition, à un moment bien opportun, de l’objet de la chasse à l’homme londonienne, est un télescopage plutôt maladroit.Ces deux réserves ne retirent rien au propos du livre, un peu gentillet il est vrai. Entre les mains de l’homme, un outil peut être une arme ou une avancée, tout dépend des intentions, des sentiments et des connaissances de l’outil de celui qui le manie. Le passé bien sûr influe sur les hommes et conditionne leurs actes, toutefois, ils peuvent s’en affranchir, non pas s’en libérer, mais le replacer dans son temps – passé-.
Une remarque sur la qualité de l’édition, jamais je n’ai rencontré autant d’erreurs dans un Ailleurs & Demain. Des mots qui manquent, de ces petites mots de liaison (que, de, …) qui sont le lien de la langue française, et, au moins une fois, un « de » de trop. Bien sûr, le lecteur dont le français est la langue maternelle reconstitue sans difficulté la phrase correcte, mais il en demeure une irritation qui heurte la fluidité de la lecture.