C'est que l'homme lui-même se perd entre réel et fiction, et il faut un sacré courage, ou un grain de folie, pour se lancer dans une telle tentative.
Sutin
s'en tire avec les honneurs, du moins ceux de la critique, comme nous le signale le quatrième de couverture :
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Soit.
Une biographie terriblement travaillée, très, très documentée. 720 pages, dont 630 de biographie, plus une bibliographie commentée. Et agréable à lire.
Je passerai sur ce qui m'a plu ou déplu. Je préfère voir les choses ainsi :
Philip Dick a effectué un formidable travail de sape à l'intention de ses futurs biographes. A un événement marquant, Dick pourra en donner plusieurs versions, plusieurs causes. Il peut allègrement méler la vérité à l'élucubration, le sérieux et le comique, les faits et ses écrits.
Bref, une véritable anguille.
Dick échappe, Dick évite, il glisse comme un savon entre les mains des biographes. Ainsi, il reste un bloc impénétrable, demeure une énigme.
Et on reste, au final, heureux - moi en tout cas - que l'homme ne puisse être cerné, découpé, défini.
Alors faudrait-il éviter une biographie de Dick et celle-ci en particulier ?
Non, bien sûr. On peut lire
Sutin
, et les autres biographes (car il ne peut y exister LA biographie de Dick). Ce pour plusieurs raisons :Parce que la vie de Dick est hallucinante.
Parce que c'est un bon complément à la lecture de l'oeuvre.
Parce que, peut-être, on cherche quelque chose au-delà. Au-delà des oeuvres, des interviews, des biographies. Quelque chose d'irreprésentable, et qui s'appelait peut-être Philip Dick.
Note : toi qui tombe sur cette chronique, je suis obligé, en guise d'avertissement, de m'auto-citer (voir plus bas) en précisant que cette bio "est quand même aussi une somme de détails loin d'être tous intéressants, avec un manque de réflexion évident et un psychologisme forcené à deux balles." - désolé.