Par bonheur, la dernière attaque de Zeon sur le White Base a eu lieu non loin de la base de Lima : l’équipage du vaisseau fédéral peut donc y procéder à des réparations de fortune qui lui permettront de joindre la base de Jaburo à présent toute proche ; ce sera pour les jeunes gens l’occasion de revoir le lieutenant Mathilda Ajan à laquelle ils vouent une affection particulière. Mais avant de partir pour Jaburo, le White Base doit d’abord se ravitailler dans la ville de Cuzco, au sein d’une zone neutre où sont stationnées des troupes des deux factions en guerre : cette fois, et juste après une brève escarmouche contre une escadrille ennemie, son équipage fera une rencontre tout à fait inattendue avec le trio de pilotes d’élite de Zeon connu sous le nom de Black Tri Stars et terreur de la Fédération depuis la Bataille de Loum dès les tous premiers jours de la guerre… Pourtant, et en dépit de la décision du Général Revil, depuis Jaburo, d’organiser une diversion pour ouvrir un passage au White Base à travers les lignes de Zeon qui encerclent le QG de la Fédération, le danger se matérialise sous la forme de Miss Hamon qui veut venger la mort de Ramba Ral : ce combat tout aussi soudain que féroce fera des victimes dans chaque camp et immobilisera le vaisseau fédéral pour plusieurs heures de réparation. Ce n’est qu’au milieu de la nuit que les Black Tri Stars lanceront leur offensive : cette fois encore, la fatalité frappera les deux côtés et c’est un White Base bien meurtri qui reprendra la route de Jaburo au-dessus de la forêt d’Amazonie.
De nouveaux personnages apparaissent dans ce volume :
Black Tri Stars (Les) : cet acronyme désigne l’équipe que forment Gaïa, Mash et Ortega, les plus célèbres pilotes d’élite de Zeon après Char Aznable. Lors de la Bataille de Loum, qui vit la flotte de la Fédération mise en échec par l’invention révolutionnaire de Zeon qu’est le mobile suit, à peine une semaine après le début des hostilités, ce trio infernal utilisa leur technique d’attaque Jet Stream pour couler le vaisseau amiral commandé par le Général Revil qu’ils firent prisonnier. Transférés à la base minière d’Odessa que dirige le commandant M’quve, ils sont chargés de se familiariser avec le tout dernier modèle de mobile suit produit par Zeon, mais eux aussi rêvent de venger leur camarade Ramba Ral…
Commandant M’quve : décadent et amoral, il est en charge de l’immense base minière d’Odessa, en Europe de l’Est, qui sert de principal réservoir de ressources pour Zeon dans son effort de guerre. Placé sous l’autorité directe de Kycilia Zabi, il a bien du mal à satisfaire les exigences de celle-ci tout en dissimulant la véritable portée de l’exploitation d’Odessa au reste de la famille Zabi. Pour ajouter de l’anxiété au stress, les services secrets de Zeon ne cessent de le mettre en garde contre une très probable et imminente opération fédérale de grande envergure sur Odessa…
Général Revil : génie tactique du combat spatial, Revil est le meilleur esprit militaire de la Fédération. Fait prisonnier à la Bataille de Loum, il put s’évader juste à temps pour faire son célèbre discours « Zeon est épuisé ! » alors que les dirigeants de la Fédération étaient sur le point de signer l’armistice : ce geste galvanisa la combativité de son camp qui reprit ainsi la lutte. Il suit avec beaucoup d’intérêt l’odyssée du White Base, mais pas seulement parce que le Gundam se trouve à bord : en effet, Revil prononce souvent le mot « newtype »…
Après plusieurs tomes assez chargés de sens, ce volume revient au récit proprement dit qu’il fait avancer de quelques pas décisifs en rapprochant le White Base de son objectif qu’est la base de Jaburo. L’absence de significations qui caractérise ce tome se voit très bien, au sens strict du terme, dans le découpage même des vignettes qui s’étend parfois sur bien plus de place que nécessaire pour décrire une action en fin de compte assez sommaire. Pour autant, le lecteur aurait tort de croire qu’il ne s’y passe rien : il aura, entre autres, l’occasion de voir que dans Gundam le statut de héros ne protège pas de la mort, ce qui du reste n’est pas une réelle innovation dans le genre mecha mais tranche néanmoins avec les poncifs de la science-fiction populaire, ou du moins ceux qui avaient cours à l’époque où First Gundam était diffusé à la télévision japonaise.
On apprécie également l’effet « miroir » de l’apparition simultanée des Black Tri Stars et du Général Revil, ce qui permet d’aborder l’époque charnière des tous premiers jours de la Guerre d’Un An et ainsi d’explorer – même si de manière très sommaire – un moment décisif du conflit ; les adeptes de la cohérence au sein d’univers imaginaires apprécieront certainement ce détail, même si la série saura revenir, et en profondeur, sur les racines lointaines de cette hostilité réciproque entre habitants de la Terre et colons de l’espace dans de nombreux tomes prochains. Restent quelques représentations de la vie quotidienne en temps de guerre qui, si elles semblent quelque peu gratuites au premier abord, permettent néanmoins de donner un peu plus d’humanité aux personnages en rejoignant ainsi l’un des principaux credo de la franchise ; d’autant plus que, situées en première moitié de volume, la légèreté de ces scènes permet de mieux souligner l’horreur des deux tragédies qui frapperont tout à tour l’équipage par un simple effet de contraste. Une technique certes classique mais ici très efficace.
Enfin, et plus étonnant, la déclaration d’un officier des renseignements de Zeon qui informe Miss Hamon, la concubine de feu Ramba Ral, que la guerre est d’ores et déjà un échec pour le duché de Side 3 : si les connaisseurs de la série originale savent bien ce qu’il en est réellement, les autres seront peut-être surpris d’une telle affirmation dès le septième tome seulement de cette série qui en comporte pourtant plus de trois fois plus dans son édition originale définitive ; on ne peut qu’espérer voir ainsi la curiosité du lecteur piquée au point de souhaiter savoir ce qu’il adviendra vraiment et, surtout, comment cela adviendra. Car les histoires sont comme les voyages : ce n’est pas la destination qui compte, mais bel et bien le périple…
Les +
- la fatalité frappe par deux fois l’équipage du White Base
- introduction de personnages majeurs
Les -
- quelques longueurs dans la narration