Pour tout fan de manga, Kastuhiro Otomo, le génial créateur d'Akira ne se présente plus. Avec son manga, puis l'anime qu'il réalisa en réinventant cette histoire, il permit l'explosion de cette culture hors du Japon. Ainsi, à titre personnel -- et comme beaucoup je crois -- il fut celui qui me donna un premier contact voici quelques années avec ce pan incontournable de la BD mondiale. Alors, quand j'ai appris qu'une anthologie réunissant une dizaine de courts récits de maître, j'ai jubilé et j'ai sauté dessus.
Que dire de ce recueil ? Initiative trop rare d'un recueil bande dessinée autour d'un même auteur.
Au fil des histoires, l'on découvre le talent extraordinaire d'Otomo. Talent protéiforme où se côtoient post-apocalyptique, space opera, dystopies orwelliennes et univers parfois très dickiens. Souvent tragiques et sombres, les histoires de ce recueil savent être aussi loufoques et pleines d'humour. Cependant, il ne faut pas se cacher que certains récits auraient mérité un peu plus de travail sur la profondeur, mais même dans ses moments les moins enthousiasmants ce recueil est un pur bonheur à lire.
De cet ensemble hétéroclite de texte, certains méritent de s'y attarder.
Ainsi Farewell to weapons m'a bien amusé et aussi pas mal interpellé tant cette histoire guerrière et absurde ressemble à une version burlesque de la nouvelle de Philipp K. Dick ayant inspirée Planète Hurlante (si je me souviens bien il s'agit D'un nouveau modèle.) De plus, dans ce texte se retrouve les paysages urbains dévastés et une esthétique SF qui laisseront au fan d'Akira un sentiment de familiarité prononcé. De même, j'ai été surpris de découvrir Fire Ball que Katsuhiro Otomo présente comme l'œuvre originale dont Akira sera l'ultime avatar après le passage par la case Rêve d'enfants. Le récit en lui même est correct sans plus mais déjà la trame narrative de sa glorieuse descendance se fait jour.
J'ai aussi beaucoup apprécié le loufoque Hair, sorte de farce dystopique où une société « parfaite » prônant tenue correcte, hygiène et cheveux courts se retrouve confrontée à des rebelle aux allures vaguement hippie, aux cheveux longs et fans de rock'n'roll.
Bref ! Pour conclure, un livre rare à lire absolument, où Otomo nous démontre son immense talent et parfois revisite les mythes européens (avec une table ronde qui n'a rien à envier à Kamelott, avec vingt ans d'avance) ou nous raconte un conte naïf à base d'ingrédients de sushis..
A lire, si vous aimez son œuvre, assurément.