A l’ouest, l’Extrême-Aval, la cité Aberlaas et l’infranchissable falaise des Confins et à l’est, l’Extrême-Amont, l’inconnu, le Paradis que chacun imagine à sa manière, le berceau du vent, de la vie, les réponses à toutes les questions …?
Ils sont 23 personnages dans le vent :D et forment la 34e Horde du Contrevent, son Fer et son Pack, un groupe hautement organisé dirigé par la poigne d’acier du terrible Traceur Golgoth, neuvième du nom, dont la raison d’être finalement est simple : atteindre l’Extrême-Amont…
Ils ont été préparés dès la plus tendre enfance à la tâche qui leur sera confiée : le Traceur trouvera et ouvrira la meilleure voie pour contrer le vent, le Scribe répertoriera les formes du vent, retranscrira leur musique pour léguer ces informations vitales aux futures Hordes, la Feuleuse fera du feu, cuisinera, qu’il pleuve, vente, neige ou qu’elle soit perdue au beau milieu d’un lac etc…
Tous sont unis à la Horde plus qu’à eux-même, tendus vers cet unique but, ultime, irrévocable, le même qu’à leur départ d’Aberlaas trente ans plus tôt : contrer le vent, le contrer encore et encore, au-delà des glaciers de Norska, là ou s’est arrêtée la 33e Horde, les trois quarts des Hordiers ayant perdu la vie…
Face à la mort qui les guette à chaque pas, à la Poursuite qui sème ses tueurs à ses trousses, aux mystérieux chrones et à leurs doutes intimes, cette histoire est celle de la 34e Horde, de sa quête, de sa vie.
Ce qui interpelle le lecteur en premier, c’est le type de narration qu’a choisie Mister
Damasio
. Elle passe de personnage en personnage, chacun mettant sa pierre à l’édifice de la Horde, reconnaissable à de petits signes qui précèdent la tirade.Je ne résiste pas à la tentation de vous les présenter, pour leur rendre hommage :
L’œuvre est morcelée, donc, on pourrait même dire hachée menu. L’effet est déroutant, on ne sait pas qui on lit qui on est, puis à mesure que la lecture avance, on reconnaît les signes, les personnalités, on se prend au jeu pour finalement comprendre l’évidence so obvious de la narration : la Horde est UN, Golgoth en est la tête, le Fer les bras et le Pack les jambes, mais elle a 23 bouches !
A noter aussi, on commence à lire la page 521 pour finir le livre à la page zéro, inimaginable page zéro, six petites lignes gonflées de néant…
Bizarrement, tous les personnages autant qu’ils sont respirent la beauté, chacun à sa manière, qui est encore sublimée par la vie rude, d’ascète qu’ils mènent chaque jour dans la Dignité et contre le vent. Ils sont poignants, viscéraux, déterminés, et contre toute attente entiers.
A ceux qui se demanderaient si 28 € c’est si cher, je dirais que je n’ai presque pas écouté le CD, mais que ce livre est une véritable expérience, avec son ton coup sur coup et simultanément violent et tendre, désespéré et plein d’espoir. J’ai adoré, donc.
Ces hommes et ce vent sont sortis tout droit des tripes d’Alain