L'histoire
Akbar est menacé. L'enchantement qui retient prisonnier Ramor, dieu maudit par les siens, s'achève bientôt. Mara, princesse sorcière de la Marche des Voiles d'Ecume envoie sa fille Pélisse chercher Bragon, chevalier quinquagénaire, ancien amant de Mara. Celle-ci a retrouvé le grimoire des dieux et déchiffré l'incantation qui lie la conque à Ramor. Il ne reste que huit jours avant que ce dernier ne sème la destruction et la mort.
Bragon accepte de pénétrer dans la Marche des Terres Eclatées pour convaincre le prince sorcier Shan-Thung de céder la conque qu'il garde jalousement. A cette première quête se joint la jeune et effrontée Pélisse qui ne finira pas d'emmerder le vieil acariâtre.
Le texte
Une quête plutôt classique où Le Tendre oppose un héros obtus à une jeune fille insolante. L'histoire passe souvent en arrière plan pour focaliser le lecteur sur les comportements humains, exercices qui permet au scénariste de se moquer parfois des personnages et de dévier du stéréotype propre au genre.
Ce premier volet permet de faire la connaissance, un à un, des personnages principaux qui forment peu à peu une bande très hétéroclite. Outre Bragon et Pélisse, un inconnu au casque cabossé (qui n'hésite pas à prendre ses jambes à son coup dès que ça chauffe) et une vieille connaissance, Bulrog, un mercenaire dont le visage couvert cache une vilaine blessure. Sans oublier cette petite bête qui fait "Drü" quand Pélisse la caresse.
Chaque épisode éclaire un peuple, un peu comme le fait Vance dans le cycle de Tchaï.
Le dessin
http://www.ventsdouest.com/loisel/peter.html
Loisel, qui plus récemment nous a donné sa version de Peter Pan, maîtrise déjà ses outils graphiques. Le bestiaire y est particulièrement riche ; la brume, la neige, la sécheresse composent des décors où les notions de profondeur, d'espace et de texture sont sans reproches.
C'est dans une ambiance très humide que circulent les personnages de ce premier tome. Il faut dire que l'on ne quittera pas le cours du fleuve Dol pendant tout le cycle. L'ambiance est médiévale dans le royaume de Mara mais change dans chaque territoire où architectures et parures sont empruntés à différentes références ethnologiques. Les peuples rencontrés n'ont pas figure humaine et semblent parfois venir d'une autre planète.
Dans cet épisode, ce sont les Gris Grélets, sorte de singes anorexiques, dont ont découvre les coutumes et l'intérêt pour la quête.
Pourquoi ?
Cette BD m'a été mise entre les mains par un VRP de Dargaud qui m'a dit, accoudé au bar, un pastis à la main : " lis ça". Un peu cassé par le pastaga, j'ai pas vu venir la dizaine de bouquin qui envahirent peu à peu un sac fourni par la maison. C'était mon premier retour à la bande dessinée couverture cartonnée que j'avais abandonné au profit de Comics, Fluide Glacial et autres magazines subversifs à couverture molle. J'ai découvert un livre drôle, où les personnages sortent souvent du cadre très codifié de l'heroïc fantasy. Le dessin est ciselé et ne laisse pas indifférent si l'on se met à détailler la technique employée.
Les accoutrements font parfois penser à ceux dessinés par Moebius, de 13 ans son aîné.