Le narrateur, dont on ignore l’identité, est un adolescent sans histoires, sans véritables amis, sans réel charisme. Quelqu’un qui passe partout et qui brille par son insignifiance. Un vase qui sonne creux. Sa vie va basculer à l’arrivée d’une fille dans son lycée. Elle se nomme Anne Cayne. Mais tous ceux qui l’aiment l’appelle Anastasia. C’est une gothique qui traîne avec une bande de sept gars, eux aussi partageant les mêmes valeurs. Sauf qu’Anna est une personne à part. Fort cultivée – notre narrateur anonyme fait sa connaissance dans la bibliothèque du lycée sur un conseil d’un prof pour draguer – ,elle lui dresse une grille de lecture (Rimbaud, King, Lovecraft, Burroughs, Bierce…) axée sur le surnaturel et l’étrangeté. Elle possède plus de 1000 CD qui se baladent dans sa chambre au milieu des livres. L’adolescent va rapidement s’éprendre de cette femme excentrique, fasciné par son intelligence et sa passion pour le mystère. Elle fonctionne par codes, énigmes, jeux de piste (parfois qui frôlent le morbide mais c’est sa marque de fabrique). Leur relation amoureuse prend forme et leur complicité s’accroît, ceux-ci se fréquentent de plus en plus. Notre narrateur remarque des bleus, des coupures sur ses bras, son cou, son visage mais Anna fuit les questions toujours de manière habile. C’est elle qui mène la barque. En grande admiratrice du magicien Houdini, elle propose d’utiliser un code secret pour leurs correspondances. Les énigmes continuent d’arriver et les réponses semblent ne jamais pouvoir être à sa portée.
Une nuit, sans crier gare, Anastasia disparaît. Sa robe est retrouvée sur la glace d’une rivière, disposée à côté d’un trou fait dans celle-ci. Son corps ne sera jamais retrouvé. Qu’est-il advenue d’Anna ? Suicide ? Fugue ? Une énième énigme ? C’est ce que le jeune homme va se charger de découvrir. Jusqu’à en perdre la raison, le goût de la vie. D’autant plus que des messages qui sont sans aucun doute l’œuvre d’Anna lui parviennent les jours et semaines suivantes. Par lettres, par sms, etc.
On sort bouleversé de ce roman qu’on ne veut lâcher avant le dénouement final. Le climat est énigmatique, envoûtant, inquiétant. La fin de l’histoire est sans réponse, du moins l’auteur en apporte une mais autre que celle attendue par le lecteur. Que s’est-il réellement passé ? Le fait de ne pas savoir est dérangeant, angoissant, parce qu’en se mettant à la place du narrateur, on se rend compte que cette histoire est flippante. Il aurait pu sombrer dans la folie. Si vous aimez David Lynch, ce texte est pour vous. On reprochera seulement la prose un peu légère (c’est un roman pour la jeunesse), c'est un détail qui n'entâche en rien le plaisir de lecture.