L'idée du labyrinthe, creusée jusqu'à l'épuisement, sous tous ses aspects. c'est le thème de ce livre très spécial et très beau esthétiquement. L'auteur se perd dans les méandres de son idée et le lecteur s'y perd aussi, avec effroi. L'originalité de l'oeuvre est multiple:
D'abord l'histoire, Johnny commente le livre de Zampano qui commente le film de Navidson. Johnny est un junkie mal dans ses baskets et perdu dans ses cauchemars, il met dans ses commentaires son journal intime, qui s'imbrique dans les chapitres.
Zampano a regroupé beaucoup de notes érudites et de témoignages autour du film et de la notion de labyrinthe, Il fait aussi des inventaires déments comme si le film l'avait rendu fou.
Navidson vit et filme une aventure troublante, il découvre que sa maison est plus grande à l'intérieur qu'à l'extérieur, puis qu'elle renferme de nouveaux couloirs, pièces, escaliers, dans l'obscurité totale. D'expedition en expedition, on comprend que cette maison fantastique n'a pas de sens, ni de début, ni de fin , elle est en constante mutation, sans aucune logique compréhensible. Les explorateurs y vivent des expériences proches de la folie, simplement par la solitude, l'angoisse ou l'obscurité ( amateur de grand guignol s'abstenir ).
Ensuite l'édition, Chaque page du livre est imprimée de façon différente, en rond, en carré, en biais, en changeant de typo, un exploit, la seule constante est le mot maison toujours en bleu.
Enfin la construction, Il y a 467 annexes en bas de pages. et de la 547 à 709 s'accumulent citations, documents, photos, lettres, poèmes, bref tout un bric à brac de textes et d'images qui sont censés nous éclairer et qui nous perdent encore plus.
L'auteur a mis douze ans à écrire ce "roman labyrinthe", qui est tout sauf superficiel. c'est une expérience vraiment surprenante pour le lecteur. Je vous conseille vivement d'essayer, c'est intelligent et bien pensé, et puis je n'ai pas vu le minotaure alors, pas de danger!
une image d'une des pages :
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