Dans l’échelle de grandeur des créatures, qu’elles soient petites comme les microbes ou grandes comme les humains, il y a égalité d’ " élan ", exactement comme les rameaux d’un grand arbre, réunis, égalent la grosseur des branches inférieures, et celles-ci, la grosseur du tronc.
Nous y croyons, de la même manière que les rois de France croyaient à la hiérarchie de droit divin. Qui, de notre génération, serrait d’un avis différent ?… "
L’histoire :
Vergil Ulam est un brillant généticien, mais pendant ses heures perdues pendant quelques années, alors qu’il travaille pour un laboratoire axé sur les bio-puces, fait des recherches contraires à l’étiquette du laboratoire en question. Cela lui vaut d’être renvoyé. Mais il est certain que ses recherches privées sur le matériau cellulaire est peut-être une avancée spectaculaire pour l’homme, pour sa carrière et son avenir scientifique. C’est pourquoi, alors qu’il doit détruire toutes les cultures de ses études, il décide, au pied du mur, de s’inoculer les lymphocytes qu’il a cultivées, alors qu’il ne connaît pas les dangers potentiels de ces dernières. Seul chez lui, au chômage désormais, il décèle chez lui un changement physique de son corps…
Le genre.
La musique du sang est un roman multicouche et multigenre. D’abord , j’avais trouvé qu’il se rapprochait des films comme Alerte, puis comme le fléau de Stephen King. En outre, on peut le considérer comme un roman du mouvement cyberpunk et hard-science, puisque j’y ai trouvé des points communs avec Solaris.
Car Greg
Bear
est un auteur de talent. Je l’avais découvert avec la trilogie d’Eon dans laquelle son écriture est parfois vraiment technique (ses romans sont d’ailleurs généralement classé dans la hard-science). Par exemple, Eon et sa suite traitent de l'exploration d’un astéroïde comme l’avait fait Clarke dans Rendez-vous avec Rama, mais en plus détaillé et dont les personnages étaient vraiment mieux fouillés (zomver si tu me lis ;)…). Il a écrit le magnifique Heritage narrant un beau roman noir me rappelant le superbe Les profondeurs de la terre de Silverberg, Il est aussi l'auteur d'une trilogie apparemment aussi passionnante qu'est la reine des anges, et enfin l’échelle de Darwin suivi des enfants de Darwin.Autant dire que ce physicien est véritablement un des fers de lance de la science fiction d'aujourd'hui.
Hard-science.
On nous entraîne au tout début du roman dans les couloirs de laboratoires privés secrets où la recherche génétique flirte avec les lois sur l’éthique : peut on réellement manipuler sans impunité des souches de matériel génétique humain, ou des virus et bactéries sans aucun danger ? Je me souviens de l’alerte, il y a quelques mois, où des souches de virus d’une grippe mortelle avait été envoyée pour vérification de routine dans les laboratoires du monde entier. Panique !
Ce genre d’affaire pourrait être fatale à l’humanité et on peut penser que l’on est au bord du gouffre à tout instant. Heureusement, ces laboratoires apportent beaucoup plus à la médecine qu’elle n’apporte son lot de danger. Néanmoins, le danger est là, sous-jacent.
Greg
Bear
nous raconte comment les lymphocytes sont créés et je pense qu'il faut posséder des notions nécessaires pour suivre cette élaboration génétique.Cyberpunk.
J’avais essayé de donner les grandes lignes de ce genre ici. Mais le genre du cyberpunk repose également sur la notion d’information et de noosphère. La noosphère étant une extension de ce que l’on nomme cybersphère, qui est notre internet. La noosphère serait la mise en réseau des milliards de consciences des humains en réseau.
Une notion bien supérieure de réseau. Quant à connaître le support de tout ceci ?
Panique.
Il faut enfin souligner que l’intrigue de ce roman est véritablement fascinante et repose sur la peur d’une force galopante, insondable et mystérieuse. A l’image d’une Solaris terrestre.
Un magnifique roman que la musique du sang, dont les multiples qualités étonneront les uns et les autres.
Extraits :
" Il secoua la tête, puis la hocha une fois, très lentement.
- A force d’écouter, dit-il.
- D’écouter quoi ?
- Je ne sais pas. Des sons. Non, pas des sons. ça ressemble à de la musique. Le cœur, tous les vaisseaux sanguins, le glissement du sang le long des artères, des veines. L’activité. La musique du sang. "