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Non ?
Moi non plus. Peut-être parce que c'était inutile : j'avais lu 'La nuit' bien jeune... et j'avais eu une bonne claque...
Attention !!! Personne n'est obligé d'aimer Druillet. Hergé, lui, n'aimait pas. Pour lui, ce n'était pas de la BD. On le comprend en un sens...
Et pourtant. Druillet a su développer un style strictement personnel, immédiatement repérable. Et s'il y a, chez Druillet, des hauts et des bas, pour moi, ici, on est dans le haut de la pile, avec 'La nuit'. Peut-être au plus haut.
De quoi s'agit-il?
Dans un futur terrifiant, des clans de junkies errent, survivants grâce à la dope. Ils fendent l'air sur leur motos volantes, ils se tapent sur la gueule, baisent, se bouffent entre eux pourquoi pas...
Toute une humanité délaissée, un peuple de bas-fond. Rien ne les fait plus avancer, sauf les tueries, le sexe et donc, et surtout, la drogue.
Mais voilà, justement, de drogue, on arrive à court. Alors, dans un dernier combat, les clans se réunissent pour valser avec la mort, à la recherche de la dope, la jouissance ultime, gardée dans le dépot bleu.
Druillet nous livre là une de ces oeuvres les plus dures. Son style s'adapte à merveille. Corps tordus, asymétriques, giclures de sang sur couleurs de pourritures, ils nous narrent les derniers instants d'êtres impitoyables mais attachants, arrivés au bout de leur course, n'ayant plus rien, même plus de vocabulaire - dirait-on - sauf des insultes, des invectives, qui forment parfois une étrange poésie.
Le monde est une énorme merde, la mort est annoncée et attendue, il n'y a plus aucun espoir, tenez le pour dit.
Druillet parsème même la bande dessinée de photographies de sa compagne qui venait de mourir d'un cancer. La haine était dans Druillet, et il la jette sur le papier le plus crûment.
Et ça fait mal.
Et c'est beau.
Petit bémol, personnel : ahma, la dernière page aurait mérité un meilleur traitement, mais j'en ai vu qui pensait que c'était très bien comme ça... alors, si d'aventure, à vous de voir...