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ARNm

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11/10/2005
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Le codex du Sinaï

Edward Whittemore


Le codex du Sinaï
Traduction : Jean-Daniel Brèque
Illustration : Jackie Paternoster
Titre original : Sinai Tapestry
Première parution : 1977

 Pour la présente édition :

Editeur : Robert Laffont
Collection : Ailleurs & Demain
ISBN : 2-221-10127-8

La critique du livre
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Sept heures du matin, Manama, hôtel Vendôme,
Le soleil tarde à poindre dans cet horizon de terres brûlées barré par les gratte-ciels et les mosquées.
Allah ouakbar
Réveil fripé par la transpiration d'un jour de décembre.
Oh, douces litanies muezzin ! Quel bonheur que ce lever aux paroles chantées.
Un nouveau jour paraît. Comme hier il fait beau et dieu est grand. Comme hier la vie est belle et dieu est grand. L’ombre sera courte.
Comme hier.
Et dieu est grand.
Dehors, un sikh à l’éternel turban orangé part au travail. Des femmes aux cils de biches, au regard de belladone et au voile clair de madone s’affairent derrière le bois des moucharabiehs. Quelques années plus tard, folie fondamentaliste, tout sera bien trop sombre.
Allah ouakbar
Des échoppes crasseuses s'ouvrent sur des vitrines recouvertes de sapins enneigés et de pères Noël absolument surréalistes, Orient - Occident
Hiver 1981. J’ai 13 ans et des poussières de sable.
Dans mon sac, déjà la trilogie des Fondations aux cotés d’un keffieh, de mon keffieh.
Loin bien loin mes parents, loin la grisaille et les terrils du nord. Le bassin minier m’attendra encore quelque temps.
Me voici adopté par l’une des douze tribus, digne descendant d’Ismaël et du coléreux Seth par mon poil.
Ashkénaze par mon teint et mon pauvre yiddish, catholique par mon sang.
Me voilà Lawrence et toi Saint-John et toi Cendrars, je marche sur vos traces, la vie est devant moi, mon Hadj a commencé.


Je sais, c’est mon histoire. Permettez juste que " Le codex " entre en résonance et ravive ma mémoire.
Car voyez-vous de Damas à Tibériade, de Smyrne - Izmir aux contrées du Yémen, du Soudan à Médine en passant par le Quartier arménien de la ville trois fois sainte, le mont des Oliviers, l’église du Saint Sépulcre, Al Aqsa, Le tombeau du roi David, porte de Sion porte d’Hérode ou de Jaffa tout s’y bouscule.
Melchisédech...
Melchisédech comment faire comprendre ?
De ces terres imprégnées de la qasida d’Imru al-Qays, de la beauté des textes préislamiques du Muallaqat comment donner envie ?
Du temps où ils étaient encore sages ! Du temps où l’on croisait parfois sur ocre rouge des terres de Saba en passant par le plateau du Nedjd puis Aquaba, Djebel Katharina Djebel Moussa, l’anachorète et le soufi, l’ascète et le mystique.
Du temps enfin où de parler de sexe on parlait de l’Amour.
Umar ibn Abu Rabia !
Que sont tes fils devenus ?
Maintenant que ces états sont sous haute surveillance, ce livre fourre-tout fantaisiste et fantasque nous relate l’autre vision de ces pays du levant.

Pardon, on va reprendre au début. Pose-moi une question.
Maud lui prit la main et sourit.
Que voudrait voir ton père s’il était ici aujourd’hui?
Sûrement le désert. Nous devons fuir cette ruche qu’est Jérusalem, avec ses foules de fanatiques religieux. Tu as vu ce type qui fait les cent pas en haut des marches de la crypte?
Oui.
Eh bien, ça fait deux mille ans qu’il fait son petit numéro qu’il marche et marmonne sans trêve ni repos. Comment pourrions-nous rester lucides dans une ville où il se passe ce genre de choses?
Qui t’a raconté cela?
L’histoire de l’homme en haut des marches? Mon ami le sorcier. Et il sait de quoi il parle, car il n’a cessé de l’observer durant tout ce temps-là. Au début de chaque siècle, il va le voir pour jeter un coup d’oeil et faire un tour d’horizon de la situation, mais celle-ci est toujours la même. Mais qu’en penses-tu, veux-tu que nous allions dans le désert? Je n’y ai jamais mis les pieds, mais le vieil Arabe affirme que c’est l’endroit idéal pour se remplir l’âme. ça fait dix siècles qu’il part régulièrement en hadj, et il dit qu’il n’y a rien de tel que le désert au printemps, à cause de toutes ces fleurs sauvages et tout ça. On y va?
Oui, mon amour, ce doit être un endroit merveilleux, et je pense que nous devrions y aller.


Alors de quoi s’agit-il ? Roman à trame historique, saga familiale, uchronie, récit loufoque, épopée comique, pamphlet humaniste, poésie en prose ?
Un peu de tout cela c’est certain mais plutôt un livre monde que l’on risque de détester en demeurant à sa frange.



Dans cet univers délirant, point de raton laveur. On y trouve pourtant un type avec un cadran solaire portatif qui se balade à poil, un type qui écrit " le sexe levantin " une histoire de la sexualité en 33 volumes (mieux que Michel Foucault), un type au burnous décati qui protège Jérusalem depuis la nuit des temps un casque vermoulu vissé sur la tête, un type qui s’enferme pendant 7 ans dans une grotte pour réécrire la Bible en dialoguant avec une taupe, un prêtre qui cuit des pains aux formes suggestives un autre qui prêche et met en pratique son amour du prochain et de la prochaine, un dandy, un trafiquant d’armes, un scarabée et puis Smyrne, Smyrne et le génocide Arménien. Putain de tache sombre en guise de conclusion.

Une ballade dans l’épicentre de l’histoire de l’humanité avec son lot de malheur, de folie, de courage et de lâcheté.
Un livre qui fait rire et qui fait trembler.
Un livre qui fait pleurer.
Sublime.
Un livre sublime parce qu’au-delà de la loufoquerie des premières pages

Whittemore

y décline au milieu de cette " cité d’or aux remparts de jaspe ", l’essence du verbe vivre, du verbe aimer.

C’est dit.
Je repars comme vous partirez.
Votre route vous appartient.
Votre Hadj n’est pas le mien.


Nom? Lieu de résidence? Occupation?
Hadj Harun marmonna son nom puis répéta trois ou quatre fois Jérusalem.
Pardon? Occupation, j’ai dit?
Jérusalem, déclara hadj Harun.
C’est une occupation?
Pour lui, oui.
Bon, dites-lui de me donner l’une des occupations qu’il a exercées au cours de sa vie. N’importe laquelle, je m’en fiche, il faut simplement que je remplisse cette fiche.
Allez, dites-le-lui, ordonna Joe.
Mais bien entendu, répondit hadj Harun. J’ai jadis écrit la Bible du Sinaï.
La quoi?
La Bible. Vous en avez sûrement entendu parler.
Excellent, tout bonnement excellent. Et qu’est-ce que la Bible du Sinaï, mon ami?
La Bible originelle, murmura Joe. Je veux dire, la plus ancienne qu’on ait jamais trouvée, sauf qu’on l’a de nouveau perdue. Il l’a égarée.
Le douanier laissa échapper un juron.
Qui l’a égarée ?
Cet Arabe du nom d’Aaron. Celui-là même qui l’avait écrite.
Disparaissez de mon ponton, hurla le douanier.
O’Suffivan Beare acquiesça d’un air affable. Il se pencha et souleva les brancards. Hadj Harun fut pris d’une quinte de toux. L’un poussant, l’autre tirant, ils traînèrent au bout du quai la charrette et son lourd chargement d’armes, et la force d’inertie les obligea à presser le pas tandis que le gigantesque scarabée de pierre fonçait en Terre sainte.


Sinon : J’attends les deux derniers du quatuor monsieur G.K. Très bonne préface. Vraiment.




Un anachorète albanais égaré dans le Sinaï, Skanderberg Wallenstein, découvre par accident le manuscrit le plus ancien de la Bible. Horrifié par sa lecture, il épuise sa vie à fabriquer le plus grand faux de l'Histoire. Afin que la Bible demeure telle que nous la connaissons.
Un lord anglais excentrique, Plantagenêt Strongbow, duc de Dorset, rompt avec les coutumes bizarres de sa famille et parcourt nu les déserts du Moyen-Orient avant d'écrire une somme sur le sexe en trente-trois volumes et d'acquérir secrètement tous les biens de l'Empire ottoman. Un Juif arabe né sous les Pharaons, Hadj Harun, coiffé d'un casque de croisé, défend seul Jérusalem contre la multitude de ses envahisseurs, et ne sait plus s'il est juif ou arabe, ni du reste qui il est.
Un adolescent irlandais, Joe O'Sullivan Beare, mène avec une redoutable pétoire la lutte contre l'oppresseur anglais avant de fuir en Palestine sous la défroque d'une religieuse et de devenir par accident un héros de la guerre de Crimée, perdue bien avant sa naissance.


Mélange épicé de roman d'espionnage et de conte des Mille et Une Nuits, d'histoire secrète et de spéculation échevelée, Le Codex du Sinaï est l'œuvre d'un écrivain hors normes, ancien agent de la CIA, qui a fait de Jérusalem sa terre d'élection. C'est un de ces livres qui paraissent destinés aux amateurs de science-fiction, qui donnent du monde une vision décalée, ironique, uchronique, et qui affirment que la vérité est ailleurs sans jamais cesser de se présenter comme de la fiction. Un domaine dans lequel ont excellé des écrivains aussi célèbres que Vladimir Nabokov ou Umberto Eco et, plus près de nous, Neal Stephenson dans son cycle du Cryptonomicon ou Théodore Roszak dans La Conspiration des ténèbres. Le Quatuor de Jérusalem, dont Le Codex du Sinaï est le premier volet, appartient à cette étrange et séduisante cohorte.


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