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morca

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Le péril bleu

Maurice Renard


Le péril bleu
Première parution : 1er trimestre 1912

 Pour la présente édition :

Editeur : Tallandier
Date de parution : 2ème trimestre 1953

La critique du livre
Lire l'avis des internautes (4 réponses)

Dans le Bugey (Ain), d'étranges vols sont commis. Étranges par les moyens mis en œuvre, incompréhensibles - ne laissant pas de traces - et par leurs butins : objets divers et souvent inutiles, voire branchages, pierres... Quelques animaux cependant.
On soupçonne deux travailleurs itinérants, des italiens qui parcourent la région, et sans doute n'avait-on pas tort : le gendarme qui les suivaient ne les a-t-il pas vu s'envoler ? L'affaire devient urgente et sérieuse, car désormais, on enlève également des êtres humains. Certains commencent à penser qu'il s'agit d'un coup des Sarvants - terme pour désigner les fantômes du coin.
Terreur dans le Bugey : Très vite, les habitants n'osent plus sortir. Ils ont bien raison.
Horreur pour Jean Le Tellier : Le scientifique venu s'intéresser à la question - sa belle-mère habite la région - voit non seulement son incompréhension grandir, mais, un beau jour, sa propre fille disparaître avec deux amis...
Il faut absolument trouver la solution à cette tragique énigme, d'autant que les enlèvements d'humains sont quotidiens désormais. Mais quoi : Humains ayant la capacité de voler ? Fantômes vengeurs ? Anarchistes utilisant un plus léger que l'air ? Bandits qui demanderont tôt ou tard une rançon ?

Note : J'ai choisi de présenter l'édition Tallandier de 53 au lieu du Marabout que j'ai entre les mains pour les raisons ci-dessous. Quant à la date de première édition, j'ai opté pour le premier trimestre 1912, mais je n'ai pas d'indication précise en dehors de l'année.

Avis : Je ne recommande pas d'acheter ce livre dans la collection marabout. Bien que la couverture soit graphiquement intéressante (en rapport au contenu de l'ouvrage), s'y joint l'estampille SF, déjà, mais aussi un "sous-titre" explicite qui, à eux trois, éventent et rendent inutile la première moitié du roman. Tous les effets pour rendre crédible l'incompréhension des personnages, pour offrir différentes pistes aux lecteurs, sont brisés, encore plus que de normal.
Encore plus, car j'imagine bien que, dans tous les cas, le lecteur de sf va se faire son idée rapidement (mais quand même : qui ? quoi ? où ? et comment ? ), et que, oui, la première partie risque de paraître un peu longue, d'autant que le style de

Renard

n'est pas des plus lapidaires.
Pour celui qui décide la lecture je ne puis que recommander de persévérer. Il le fera sans doute, car pour sortir ce vieux tome du tréfonds de la PAL de l'histoire, il faut, disons, une part de motivation paléontologue palliant les effets d'un style d'écriture suranné.

N'en reste pas moins que la deuxième partie contient des surprises de taille. A la fois parce que certains éléments sont profondément début XX° et sortiront de ce que le lecteur du XXI° attendait, mais aussi - et paradoxalement - parce que d'autres s'ajoutent qui paraissent étonnamment modernes pour l'époque.
On pourrait dire qu'il y a chez

Renard

autant de Verne que de Wells et de Rosny, et le tout fait de ce livre une petite réussite, qui se permet de finir sur un épilogue qui contient quasiment une petite liste d'idées pour de futurs livres SF. Sinon,

Renard

mêle ici le policier, un chouïa de fantastique, un gros morceau de SF, tout autant "merveilleux" que "scientifique" (pour un auteur qui avait apparemment définit le terme de "merveilleux-scientifique" - inaugurant une théorie du genre), quelques notes au bord du gore le tout en prenant en compte autant les effets particuliers de l'histoire (sur les victimes, notamment la famille Le Tellier), sur la région touchée (réaction des habitants), et au niveau national et international - de loin en loin.

N'en reste pas moins que le style de

Renard

est inégal. Parfois de bons moments, parfois des tournures limites (l'étaient-elles à l'époque ?). J'ai eu tout le temps l'idée de tenir un roman (très manifestement) populaire, et une indication finale laisse penser que c'était bien là le projet. La structure donne l'impression d'un feuilleton. Je n'ai pas trouvé d'indication laissant penser que ce roman était d'abord paru sous cette forme, mais

Renard

était également feuilletoniste. Si cela dérange un peu dans une lecture continue, on y trouve aussi un souci du rebondissement. L'auteur n'en est pas avare, de loin.

Edit : ce passage sur le style de

Renard

, tiré du "Chasseurs de chimères" recueil par Lehman que je viens d'acquérir, et dans lequel, tant pis, figure également "Le péril bleu" :
"Un style ferme, précis, vigoureux, chatoyant, plein de verve et de poésie, un style singulièrement personnel et rare. Oui, Maurice

Renard

est un styliste et un artiste raffiné, et voilà qui suffirait à le distinguer de l'auteur de La Guerre des Mondes qui désole si souvent ses admirateurs les plus convaincus par ses négligences (...) "

Charles Derennes, 1912
Autre avis. Autre temps ? Autre lecteur, sans doute, et ce type a, parions, plus d'expérience que moi. Mais ce n'est pas le lieu pour argumenter avec des exemples précis.

Autre point noir, tout personnel : Un personnage de second plan est utilisé pour introduire des respirations comiques dans un récit somme toute assez noir. Hélas, il s'agit de Tiburce, un Holmesien, qui décide de résoudre l'énigme à la manière d'Holmes et se tourne en ridicule. Si l'effet n'est pas vraiment drôle, et si Tiburce n'est pas Holmes mais bien un fan stupide, je n'ai pas pu m'empêcher de penser que

Renard

se foutait bien de la gueule de Sherlock, et ça, ça ne passe pas... :S J'aurais volontiers maudit l'auteur et ses descendants, si le livre n'avait pas au final emporté mon adhésion.

Il est d'évidence incontournable à qui veut lire une sélection d'œuvres des premiers temps de la sf.




Des objets s'évanouissent dans les airs, des animaux s'envolent, des hommes sont happés par une force mystérieuse. Est-ce une forme de banditisme ? — nous voici dans un roman policier. Est-ce dû à l'intervention d'êtres maléfiques ? — nous passons au roman fantastique. Les extraterrestres sont-ils entrés en scène ? — nous pénétrons dans le domaine de la science-fiction. Ce roman monté comme un mécanisme d'horlogerie marie les trois genres, et d'autres encore, dans une atmosphère qui associe la fraîcheur de la Belle Epoque à un rythme et un suspense redoutables.

Un chef-d'oeuvre de la littérature populaire.


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