Le piège diabolique

Voici donc une nouvelle chronique d'une aventure de Blake (pages 3 à 4, puis 63 à 64) et Mortimer (tout l'album).
Reprenons.
Voici une aventure de Mortimer et comme on dit dans ces cas-là : "Prenez garde, car son vieil ami pourrait bien faire une apparition."

Dans cette histoire, Mortimer va donc se retrouver la proie d'un diabolique piège, à savoir le chronoscaphe, la sphère noire cernée d'anneaux blances qu'on peut apercevoir sur la couverture. Couverture qui synthétise l'ensemble de l'abum.
Ah, au fait, un chronoscaphe c'est une bête machine à voyager dans le temps.

"Décidément cet Anglais, il a toujours des problèmes avec le temps."
- Un quidam qui a lu S.O.S Métérores -

De par le fait, et ce à chaque fois qu'il se radine en France. On lui saura gré de ne pas trop nous en vouloir par la suite - même si d'entrée on a droit à une discussion de comptoir que chacun jugera à sa façon - car ce sont de sérieux problèmes que lui a préparé ce satané Miloch en guise de cadeau d'adieu. (Le quidam soulève un sourcil, le nom Miloch lui dit quelque chose. Bien vu le quidam, il s'agit du savant croisé dans le sus-nommé S.O.S Météores.)
Mortimer se retrouvant piégé dans le chronoscaphe va s'en aller baguenauder dans différentes époques, à savoir : la Préhistoire, le Moyen-âge et un Futur Lointain (51ème siècle).
Cette partie occupant plus de la moitié de l'album, celui-ci s'ancre durablement dans la science-fiction. Assez traditionnelle, avec ce qu'on est en droit d'attendre, mais aussi de craindre car on n'échappe pas à certains clichés (les tenues, le grand maître forcément chauve, les signes cabalistiques...)
Pour autant, ces clichés ne gênent pas la lecture, car le dessin de Jacobs emporte tout. Le scénario lui est assez basique. Pour l'essentiel on suit Mortimer au gré de ses pérégrinations qui le voient s'impliquer de plus en plus. D'un simple spectateur fuyant de son mieux les grosses bébêtes préhistoriques, il deviendra un élément déterminant de l'action du futur.
Au final, outre l'étonnante naïveté de Mortimer qui bien qu'il ait déjà tout vécu se lance tête la première dans un traquenard qui se renifle jusque sur Mars, c'est l'absence de Blake qui nuit le plus à l'album. Mortimer seul n'est pas un héros très emballant, soit qu'il subisse un univers qu'il ne peut maîtriser et est contraint de fuir ou qu'il se sente comme un poisson dans l'eau dans un cadre propre à assouvir sa passion scientifique et où il devient presque trop docte pour captiver le lecteur.
Autre point, Jacobs n'est pas le meilleur auteur de SF pure qui soit, néanmoins, on pourra lui accorder d'avoir lui aussi "senti" un élément du futur. Au vingt-et-unième siècle, il envisage une orthographe qui s'apparente à une véritable boucherie.
Ajoutons pour compléter que défauts et qualités propres à Jacobs sont ici bien évidemment présents. A noter toutefois une présence féminine un peu plus forte que d'ordinaire, même si celà reste très bref.
En résumé, un faux B&M, à lire si on apprécie la série, car il se doit d'être lu pour les amateurs. Les néophytes préféreront l'initiation par un autre album.