GUNZIG
est un sujet belge, habitant Bruxelles où il vit de son métier de libraire, et écrit en amateur, essentiellement des nouvelles, marquées par un humour noir et une certaine cruauté vis-à-vis de l'humanité. Dédié à la mémoire de son chat, ce recueil est un peu le regard d'un entomologiste swiftien sur ses congénères.Ainsi, Bob, homme-enfant que sa compagne plaque par lassitude, va-t-il se retrouver avec une girafe dans son jardin. Une girafe morte, c'est normal, puisque le texte s'appelle « La girafe » me direz-vous. C'est surtout normal parce que nous sommes chez
GUNZIG
. Ou encore Franck, lui aussi immature, qui apprend que l'on a retrouvé sa voiture. Le voleur y a tout de même violé et tué deux jeunes auto-stoppeuses. Franck ne sera donc plus jamais le même, dans « Le poisson rouge ». Ou bien Henry, célibataire endurci malgré lui, qui répond à l'annonce d'une femme promettant un contact ni sexuel et ni prostitué : est-ce enfin la femme de sa vie ? S'il n'y a rien à redire au niveau de la plastique de rêve, il faut néanmoins tenir compte d'un fait majeur : il s'agit d'une vache ! Enfin plus exactement du corps d'une femme habité par l'âme d'une vache. Allez y trouver le grand amour ! Elle se nomme « La vache », et pour cause. Sans oublier bien sûr les terribles démélés de Bruce LEE avec les terribles triades chinoises, ou bien le frustré que l'on croise dans « Le chien de traineau », remarquable portrait d'un looser qui décide de passer de la timidité maladive à l'obscénité la plus aventureuse.On ne peut pas dire que les personnages de Thomas
GUNZIG
soient particulièrement équilibrés, puisqu'ils appartiennent à cette étrange éspèce animale que l'on appelle l'humanité. Force est donc de constater que le portrait n'en est guère flatteur, car il est lucide. Le tout avec un humour noir et glaçant, mais surtout une fraîcheur et une inventivité revigorantes.Un livre incontournable, parce que vous ne le lirez nulle-part ailleurs : visitez donc nos semblables dans ce « Plus petit zoo du monde », qui place
GUNZIG
parmi les auteurs les plus inventifs de cette littérature de l'entre-deux, trop inventive et débridée pour être mainstream, sans pour autant souscrire scrupuleusement aux canons de la sf ou du fantastique. En un mot comme en cent, cette littérature typique du Diable vauvert, inattendue et surprenante, celle des James FLINT, David Forster WALLACE, Scott HEIM ou Céline ROBINET.Un livre unique, drôle et tragique, ensorcelant et pour tout dire indispensable parce que d'ici peu