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(en tout cas, oeuvre la plus connue chez cet artiste hors pair)
Histoire : On pourra dire que l'histoire est con comme la mort. Un jeune garçon se retrouve un beau jour sur un monde parallèle et étrange, dans la peau d'un guerrier à la musculature mésomorphe et hypertrophiée, et vit de folles aventures mélant monstres hideux, magie et femmes à grosses poitrines.
Avis : Avec un tel préambule, on pourrait penser à une crétinerie de bas étage (pour ceux qui ont vu, on retrouve à peu près l'histoire de ce tome dans un des épisodes du film "Métal Hurlant").
A ce point, on étonnera en citant un certain Philip José Farmer :
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Rien que ça. Mais aussi :
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Lovecraft, oui, fait partie des références littéraires de Corben. Ainsi que Burroughs, Howard et Poe.
Animé par l'esprit de ses auteurs favoris, Corben nous concocte une aventure que tout conduisait au classement en oeuvre de série z, si ce n'est que l'auteur possède cette faculté de nous emmener en des lieux où tout est entre rêve et cauchemar. Tous ces ressorts apparemment futiles acquièrent, par Corben, leur vérité : celle des choses tapies dans l'ombre, défendues, troublantes, et mises à nues, comme les personnages de l'oeuvre sont nus sous nos regards génés ou fascinés, lors même qu'on sait que cela n'est que - en somme - leur nature.
Cet effet hallucinant est soutenu, voire induit, par un style graphique d'une qualité rare, unique. C'est que Corben a, en bd aussi, ces références, tel Eisner et Kirby, pour citer les plus connus - mais pas forcément ceux qu'il apprécie le plus.
Belles références, en tout cas, dont notre auteur s'avère être le digne suiveur, non pas en suivant, justement, mais en créant un style outrageusement personnel. Utilisant avec maestria, comme nul autre avant ou après lui, l'aérographe, usant de couleurs savantes, parfois presque psychédéliques, Corben brosse ses scènes en mélant des traités hyper-réalistes à des déformations anatomiques ou faciales provoquant un certain malaise, une nette étrangeté.
Que dire d'un ouvrage approchant l'irréel, et dont l'auteur développe un style incomparable (rappelons-nous, encore, à ce propos, Farmer : Une illustration de Corben est unique. Quand vous en avez vu une, votre première, vous reconnaîtrez immédiatement la suivante, quand bien même elle n'est pas signée) ?
Que c'est un auteur majeur de la BD. Un artiste dans la plus méritoire acception du mot.
Rappelons que Corben a débuté dans l'animation, et que la première apparition de Den fut dans un court, en 1968. Attention :
un morceau ici
un autre là
Impressionné à l'époque par son travail, les employés de Corben l'aidèrent à terminer le court métrage qui gagna plusieurs concours dans les festivals spécialisés.