« En ce temps-là, les armées du Conquérant partirent pour envahir le monde…
On ne savait pas qui ils étaient ni d’où ils venaient, mais seulement qu’un jour ils seraient là. Parfois ils étaient arrêtés, quelquefois même ils reculèrent, mais toujours ils revenaient…
Et les vaincus allaient grossir leurs rangs. »
Bon, c’est encore un album issu de Métal hurlant à l’époque héroïque. Tiens, comme par hasard, il s’agit ici d’Héroïc Fantasy. Que les pucelles et les matrones passent leur chemin… non à la limite, même si cette bande dessinée lorgne très nettement du côté de Robert E. Howard (forcément on y pense), il n’est cependant pas question de géants sanguinaires, de combats épiques et… enfin vous savez tout le décorum de ce genre.
A vrai dire, Les armées du Conquérant est un album qui installe davantage une ambiance qu’une action. Le dessin de Jean-Claude Gal y contribue beaucoup. Ce dessinateur, hélas décédé, avait un trait comparable à celui de Corben (pour ceux que cela intéresse).
Revenons à l’histoire. Plutôt qu’un récit ample et démesuré, Jean-Pierre Dionnet propose cinq micro scenarii mettant en scène des individus appartenant à cette fameuse armée du Conquérant. Néanmoins, cette figure d’autorité n’apparaît à aucun moment. On ne sait pas à quoi il ressemble, quelles sont ses intentions et sur quel territoire s’étend son empire. Peu importe, car c’est sur la personnalité de ces quelques individus, évoqués plus haut, que se fixe notre attention.
Les cinq récits ne portent pas de titre. On peut les résumer sommairement de la façon suivante :
Premier récit : L’avant-garde de la seconde armée du Conquérant arrive aux portes d’une cité à prendre. Aucun défenseur ne s’oppose à l’attaque, les portes sont ouvertes et les habitants d’une passivité confondante. Où est le piège ?
Deuxième récit : Le malaise s’est instauré entre deux frères depuis que l’un des deux a sauvé la vie de l’autre, perdant les doigts de sa main à cette occasion. A proximité du campement de l’armée, vit un ermite que l’on dit un peu magicien. Quel sera le prix de sa consultation ?
Troisième récit : un soldat est désigné pour surveiller la route que l’armée a emprunté. En fait, c’est un moyen pratique pour se débarrasser de bouches à nourrir, ce dont personne n’est dupe. L’ultime sentinelle accomplira-t-elle son devoir ?
Quatrième récit : un simple paysan a organisé la résistance. La première armée du Conquérant est dépêchée pour la réprimer. Son commandant, un homme très apprécié de la troupe, semble très désireux d’obtenir un autre rôle dans l’Empire. Mais, le destin lui réserve un autre sort.
Cinquième récit : deux soldats sont les meilleurs amis du monde jusqu’au jour où l’un trahi l’autre. Le hasard va faire que leur route va se croiser à nouveau ; Redeviendront-ils amis.
Les armées du Conquérant constitue donc une lecture distrayante qui déroge quelque peu aux règles de la Fantasy. Point de quête initiatique, ou de prophétie, ni même d’enfant, ce dont je ne plaindrai pas. Effectivement, on pense à Conan de Howard, pour l'univers. Mais, personnellement j'ai trouvé également beaucoup de résonnance avec Fritz Leiber, notamment et surtout l'univers de Nehwon.