Surtout connue en France pour sa série de fantaisie intitulée « Les Fey », c’est cette fois-ci en science-fiction que nous pouvons la découvrir avec la traduction d’un cycle de space opéra qui comprend à l’heure actuelle six tomes : Les experts récupérateurs.
Cette américaine a également fait quelques incursions sous d’autres pseudonymes en littérature générale et en polars.
Dans un futur indéterminé, l’espèce humaine a colonisé l’espace. Elle s’est établit sur la Lune, sur Mars et cohabite depuis une vingtaine d’années avec des aliens et ce jusque sur leur planète d’origine. Ces extraterrestres se nomment Wygnin, Rèv et autres Disty. Ils ont, en dehors de leurs caractéristiques physiques, leur propre langage, leurs coutumes et leurs lois que chaque espèce est tenue a respectés. Cet apprentissage est un processus très lent et implique nécessairement des conflits qu’ils soient voulus ou non.
Des agences de Disparition ont vu le jour pour permettre aux personnes ayant commis un crime à l’encontre des extraterrestres de refaire leur vie et d’échapper à leur système judiciaire implacable et extrêmement sévère, qui plus est à l’égard des humains. En effet, une personne qui a enfreint la loi, même par inadvertance, sera poursuivit infiniment jusqu’à ce qu’elle soit retrouvée. La condamnation peut prendre alors deux tournures :
- La première est un emprisonnement sur leur planète mère si le présumé coupable n’a pas de descendance, comprenant des activités harassantes au-delà du supportable. C’est ce que tente de fuir Ekaterina Maakestad, avocate dans son ancienne vie à San Francisco, pourchassée par les Rèv. Devenir une Disparue implique une rupture totale avec son passé afin de renaître sous une autre identité. Ekaterina, dorénavant Greta Palmer, quitte du jour au lendemain son boulot, son mari, ses amis, pour aller travailler dans une entreprise de textiles sur Mars. Mais tout ne se passe pas comme prévu. Celle-ci surprend une conversation du pilote qui vient de négocier un échange avec les Rèv contre une belle somme d’argent. Elle parvient à expulser les trois membres de l’équipage dans une capsule et à foncer sur la Lune pour y trouver refuge. Rien ne s’y déroulera comme elle l’espérait et elle devient la proie du dôme Armstrong.
- La seconde consiste en l’enlèvement de sa progéniture (le premier enfant si le condamné en a plusieurs) qui deviendra un Wygnin ou un Rèv par exemple. Cet enfant bénéficiera d’une éducation et d’un traitement identique aux enfants aliens. Avec les conséquences psychologiques que cela implique. C’est ce qui attend deux enfants retrouvés à bord d’un vaisseau sur la Lune qui menacent d’être retirés à leurs parents.
Les inspecteurs de police Miles Flint et Noëlle De Ricci sont chargés des affaires. Ils devront faire preuve de psychologie au cours de leurs négociations avec les non humains ; essayer de mettre de côté leurs sentiments et faire preuve de tact pour éviter tout incident diplomatique.
Dans ce premier tome, nous nous familiarisons avec les différents personnages, avec les lois multiculturelles et prenons conscience de la complexité de l’interaction entre les espèces. L’équilibre est très précaire. On a l’impression que la moindre offense peut déclencher les hostilités. Le lecteur reste un peu sur sa faim par rapport à la description des sociétés et des coutumes extraterrestres car l’essentiel de l’intrigue tourne autour du système judiciaire et de manière générale du droit. Ce droit qui, en plus d’être construit socialement, a pour but de punir et d’être un régulateur de la société.
Une autre petite réserve pour la notion de tolérance. Les Rèv désapprouvent les humains dotés d’augmentations physiques musculaires ou esthétiques et leurs font savoir en affichant un profond mépris. Cela me semble exagéré.
En somme, « Les disparus » est une excellente entrée en matière de ce cycle dont on espère que toute sa richesse entrevue se dévoilera un peu plus par la suite. Servi par une écriture limpide, c’est avec grand plaisir que nous suivons les enquêtes de ces deux flics prêts a jouer avec les limites de la Loi pour sauver ce qui peut encore l’être.