Mondoloni
apporte, via un roman publié au Fleuve noir anticipation, sa réponse au classique d’Orwell. Titré Les goulags mous, il constitue le début d’un cycle en 4 volumes, que l’on retrouve revu et condensé dans la présente édition (y sont intégrés l'essentiel des deux premiers tomes et un fragment du quatrième).L’histoire débute à une date indéterminée dans un monde mis en coupe réglée par la Fédération.
Richardson est un télépathe renégat qui travaillait au service du gouvernement, au sein de la redoutée Police Expérimentale. Celle-ci emploie les pouvoirs extrasensoriels de ses membres pour rapporter aux autorités la moindre pensée criminelle et, a fortiori, le moindre passage à l’acte
(si l’on songe ici aux extrapers de Bester, ce n’est sans doute pas un hasard : on retrouvera un cadre de la PE doté du même nom que l’auteur de L’homme démoli…)
La Fédération dispose ainsi d’une arme puissante pour réfrèner les ardeurs dissidentes. De plus, pour prévenir d’une mutinerie, chaque télépathe est lui-même espionné par son clone, en liaison directe avec son esprit : c’est par ce biais que fut dénoncé Richardson, jeté en prison, alors qu’au dehors des changements se préparent.
Philip Burguest habite lui New-York et jouit d'une liberté toute relative. Sa patrie, les Etats Neutres (neutralisés) d'Amérique, est le symbole d'espoir, bien illusoire, des opposants à la Fédération; car elle a surtout valeur de rappel de sa toute-puissance. Cette nation qu'elle pourrait aisément soumettre, elle préfère la harceler, en faire l'exemple permanent de ce qu'il couterait aux peuples de défier le régime.
L'intrigue se concentre d'abord sur Richardson et la question télépathe : des démons intérieurs du héros aux manigances politiques pour contrôler ce pouvoir, en passant par le statut des clones.
Puis, à mi-lecture, est introduit le personnage de Burguest et l'action se déplace progressivement vers le sol américain.
Les séquences consacrées à l'un et l'autre des protagonistes principaux alternent et cette méthode narrative classique, qui évite ici l'écueil des cliffhangers systématiques, entretient rythme et intérêt.
Cela atténue quelque peu, mais pas suffisament, ce qui constitue à mes yeux LE gros défaut du livre : l'histoire s'articule autour d'inflexions si soudaines, de transitions si abruptes, qu'elles génèrent des moments de frustration répétés. Tant de lignes narratives s'achèvent en queues de poissons!
C'est d'autant plus dommage que l'ensemble est riche de thématiques : nombres de joyeusetés totalitaires (comme l'oppression, la manipulation...) et, très présent, le langage...
Stylistiquement, l'auteur use d'une langue chargée d'épithètes, d'appositions, de métaphores filées. Dense mais parfois roborative, elle peut s'épurer pour donner de belles descriptions (avec une grande habileté à évoquer textures et odeurs). Les niveaux de vocabulaire varient souvent, ce qui peut surprendre par instants mais ce me semble être un fait exprès...
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Au final, même si ce roman comporte sa part de scènes fortes et de pistes intrigantes, il souffre vraiment d'une construction trop bancale pour constituer un ensemble harmonieux et, surtout, préserver le plaisir de lecture.
Ceci étant dit, les quelques passages les plus intenses et cohérents me laissent à penser que Jacques