Nul n’ignore plus que les « quartiers », les « cités », les « banlieues » souffrent d’une réputation calamiteuse. Trop souvent présentés comme des zones de non-droits où ne règnent que la violence et les trafics en tous genre, en général par des médias en quête de ce sensationnalisme qui garantit une certaine audience, ces districts développent en fait leur culture propre depuis un certain temps. Une identité forgée à partir de toutes ces civilisations d’Afrique, d’Asie, d’Europe de l’Est et d’ailleurs qui trouvèrent là un creuset où couler cet alliage dont on n’a pas encore pleinement mesuré la richesse. Et pour cause : à force de les taxer de ghettos, on finit par oublier qu’ils sont habités par des gens comme les autres.
Car c’est surtout l’intégration qui caractérise cet ouvrage. La juxtaposition de sensibilités, d’inspirations, de cultures, d’idées,… venues des quatre coins du monde et qui trouvèrent vite dans leur isolation forcée les conditions idéales pour se mélanger loin du conformisme ambiant si peu porteur d’inventions. Voilà pourquoi les différents termes et expressions présentés dans ce lexique montrent en fait une diversité tant culturelle que linguistique pour le moins étonnante ; loin des caricatures de certains films et autres spectacles, tous à vocation plus ou moins humoristique mais surtout mal inspirés, on découvre en fait ici les facettes inattendues de gens pleins de couleurs et de musiques – le langage, après tout, reflète la personnalité.
En témoignent d’ailleurs les nombreuses illustrations qui parsèment ce dictionnaire et qui prennent à chaque fois le parti de la joie, de l’humour, de la dérision. Bien loin des clichés sur ces ghettos hantés par le chômage et la haine, victimes de l’oubli et de la loi de la jungle, les « quartiers » tels que présentés ici résonnent en fait de rires et de chansons.
Certains diront que c’est pour exorciser une réalité pas toujours belle à voir, et ils auront peut-être raison. Les autres préféreront se laisser entraîner par ces échos des tam-tams de l’Afrique, et ils n’en auront pas plus tort…