Cousin
fait assurément partie de ceux-là. Lire Mange ma mort est l'une des meilleures occasions de s'en convaincre.A travers 7 nouvelles de longueur variable (de 7 à 50 pages), c'est à un tourbillon de fantaisie, d'humour et d'élégant pessimisme que nous convie l'auteur.
Que l'on en juge avec Photomaton, qui ouvre le recueil. Une femme a perdu son mari d'un cancer fulgurant. Elle a un cancer lent. Elle vit dans ce qui ferait le bonheur de Saint-Simon : une ville industrielle surpeuplée et archi-polluée. L'insécurité et la misère y règnent sans partage. Et quelle n'est pas sa surprise, en faisant une photo dans un photomaton, de voir l'ombre d'un homme qui se penche sur elle... Assassin ou amoureux ?
La fantaisie la plus débridée également, avec Le prinicipe réducteur, où la Terre et ses habitants (sauf l'Homme) rétrécit jusqu'à ne devenir qu'un minuscule satellite de la Lune, voire pire encore !
Mais l'émotion n'est jamais loin non plus. Ainsi dans Une veuve en mai, petit bijou humaniste et antimilitariste. Imaginez en effet qu'un enfant puisse faire apparaitre chez ses parents ce dont il rêve. Passe encore s'il s'agit d'un bijou que sa mère voulait. Mais que faire quand on a une bombe atomique et un avion de combat dans son jardin ?
Malheureusement, l'armée veille. Mais ne pas oublier non plus Daisy mon amour. Un superbe post-apo intimiste et poétique, où un enfant tente de fuir la folie des hommes.
La folie humaine, là encore, avec le satellite militaire de Le satellite te tuera. Imaginez en effet qu'un satellite sitôt mis en orbite, ne songe qu'à vous tuer. La nouvelle se termine sur une jolie petite pirouette, malicieuse à souhait. On pense en particulier à du Brown ou du Sheckley.
Et puis Mange ma mort, qui donne son titre au recueil. Entre Romero et Je suis une légende. Imaginez en effet que la majeure partie de l'humanité devienne subitement cannibale, et s'entre-dévore. Comment retrouver des survivants, et surtout une Eve, quand vous êtes un Adam français égaré en Amérique ?
Mais l'homme a-t-il vraiment le monopole de la connerie ?
C'est la question qui est posée avec la goguenarde histoire d'envahisseurs Une amie pour toujours. Imaginez en effet qu'une sorte de taupe soit constamment sur vos pas, et qu'il s'agisse d'un envahisseur. Mais l'extra-terrestre est-il bien un envahisseur, ou vous raconte-t-on des conneries ?
Tour à tour drôle et émouvant, souvent caustique, parfois violent et hilarant (Mange ma mort, justement), Philippe
Cousin
nous cisèle en sept textes un petit bijou misanthrope, qui n'est pas sans rappeler Desproges par moment, et Vian dans d'autres.Est-il alors un meilleur conseil à donner que celui de lire ce recueil toutes affaires cessantes ?