On peut citer par exemple Siegfried de Xanten, héros de la mythologie nordique et figure centrale de la Chanson des Nibelungen. Beaucoup d’historiens voient dans Siegfried, et en particulier dans son combat contre le dragon Fáfnir, une transcription dans le domaine de la légende de faits historiques bien réels ; en l’occurrence, la bataille de Teutobourg, menée en l’an 9 par Caius Julius Arminius : fils d’un chef de guerre germanique, il devint otage et fut élevé à Rome comme un romain avant de revenir en Germanie en tant qu’homme de confiance du gouverneur local alors qu’il organisait en parallèle une rébellion contre l’occupant ; ses troupes – image de Siegfried – écrasèrent trois légions romaines – métaphore de Fáfnir – lors de la bataille déjà évoquée et cet événement crucial de l’histoire de la Germanie se transmit oralement au fil des siècles en se fixant peu à peu sous la forme d’une légende.
Ce sont des liens semblables entre réalités historiques et récits légendaires que nous présente Jean
Markale
dans ce Nouveau Dictionnaire de mythologie celtique. Ainsi pourrez-vous y lire les histoires abrégées – et supposées, en se basant sur ce qu’on a pu en reconstituer – des personnages bien réels qui inspirèrent des héros tels que le roi Arthur, l’enchanteur Merlin ou le chevalier Lancelot du Lac. Mais vous aurez aussi l’occasion d’apprendre quelle est la véritable nature du Saint Graal, au moins sur le plan symbolique, que la confrérie de la Table ronde avait un ancêtre appelée la Branche Rouge, et dont les héros ne plaisantaient pas, ou encore que la reine Guenièvre ne trompait pas Arthur juste avec Lancelot puisqu’elle s’assurait la loyauté de ses guerriers en leur prodiguant « l’amitié de ses cuisses » – entre autres…Mais puisqu’il s’agit d’un dictionnaire et non d’une encyclopédie, n’escomptez pas y trouver de longs essais. Au lieu de ça, vous devrez vous contenter de courtes entrées, plus longues qu’une simple définition mais ne dépassant pas quelques lignes à peine la plupart du temps – à l’exception des figures et éléments majeurs, qui méritent plus de place. Cette brièveté des textes permet néanmoins une lecture facile de l’ouvrage : la plupart des entrées proposant des termes-clé à travers lesquels poursuivre la quête d’informations à quelques pages d’intervalle à peine, on apprend beaucoup en peu de temps – souvent d’ailleurs en retombant sur les mêmes termes, comme un serpent qui se mord la queue.
Si ce Nouveau Dictionnaire… ne s’affirme pas comme un ouvrage d’étude à proprement parler, il constitue malgré tout une synthèse éclairée et reste ainsi un guide idéal dans lequel picorer des informations ponctuelles qui, une fois mises bout à bout, permettent de se faire une représentation de la civilisation celtique non seulement informative mais aussi intrigante – ce qui donne la possibilité d’aborder ensuite, et dans la sérénité, des ouvrages à la fois plus longs et plus pointus.