Difficile de commencer la chronique de ce livre. Parce que sa construction est si imbriqué à l’intrigue, parce qu’il soumet le lecteur à un temps de découverte qui m'a semblé froid et hâché.
La structure du roman en illustre l’évolution, ou plus justement, la progression de l’histoire induit les modifications de structure.
Dans un premier temps, Par-delà les murs du monde s’articule sur un découpage classique entre trois univers différents et aveugles les uns aux autres.
Trois mondes, comme un triptyque. Celui de l'entitée indéterminée, des majuscules, de la pensée froide et implacable, bien que déréglée. Celui de Tyree, où règnent la liberté et le plaisir du vol aérien, une sorte d’eden. Celui de la Terre, où les êtres sont enfermés en eux-mêmes avec leurs regrets, leurs craintes et leurs phobies.
Pendant un certain temps, le roman alterne mécaniquement les trois univers sans jamais aucun changement dans l’ordre des séquences. Quelques faits recoupent toutefois les trois univers, rares mais signifiant pour le déroulement de l'intrigue.
L’entitée majuscule est en train de provoquer la destruction de Tyree. Les Tyrenni, qui vivent dans les vents de leur planète ont évolué vers des organismes où la pensée à une force effective. Le contact y est rare et il convient de maîtriser ses pensées afin qu’un autre n’en soit pas incommodé. Les membre qui composent le groupe des humains, ont été rassemblés par le professeur Noe Catledge, dans un programme militaire expérimental. Ils sont sensés être doués de pouvoirs mentaux. Le médecin qui les supervise est enfermé de son propre chef dans une camisole chimique. L’informaticienne en charge du programme est quant à elle toute dévolue à son superordinateur. Il est cool.
Du contact des Tyrenni et du groupe d’humains, des échanges qui vont être réalisés, est issu l’éclatement du schéma narratif rigide faisant alterner l’évocation des trois univers. De leur confrontation, de leur compagnonnage et de leurs pertes va éclore une évolution qui se manifeste par les chapitres finaux où les trois ensembles sont réunis.
Le roman ne se dévoile qu’au fur et à mesure, le lecture doit le mériter. Par-delà les murs du monde est centré essentiellement sur deux personnages.
La Tyrenni Tivonel, qui vole dans les vents de sa planète et travaille ainsi qu’il se doit pour une femelle tandis que les Pères paternent. Le docteur Daniel Dann qui va être contraint de quitter sa bulle d'isolement.
Au fil de la progression de l’intrigue, ces deux personnages évoluent. Tivonel acquière un regard et des réflexions qui ne sont pas, habituellement, celles des femelles tyrenni, Dann s’ouvre aux autres, au sentiment amoureux, au membre du groupe qu’il monitore, puis aux pacifiques habitants de Tyree.
C’est généralement à travers ces deux personnages que se réalise la narration. Ce qu’ils ressentent, le plaisir du vol, le besoin d’isolement, ce qu’ils découvrent, ce à quoi ils aboutissent, voilà l’entrée qui est donnée au lecteur pour comprendre les évènements qui ponctuent le livre.
Pour aller Par-delà les murs du monde, ne faut-il pas au préalable faire tomber les murs entre lesquels chacun (individu ou espèce) s’enferme ?