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27/04/2004
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Illustration : François Schuiten Première parution : 14 septembre 1994
Pour la présente édition :
Editeur : Le Livre de Poche
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La critique du livre
Lire l'avis des internautes (3 réponses)
Histoire : Paris en 1960 est une ville ultra-moderne, dans une société gouvernée par la science et la finance. C'est dans cette ville, centre universitaire national (l'éducation est absolument centralisée) que Michel Dunefoy, neveu d'un banquier de renom reçoit le grand prix de poésie en vers latin. Mais voilà : rien ne compte plus que la science, la technique et l'argent, et ce prix n'est - pour tous sauf Michel - que la marque d'un échec risible. Michel devra, pour s'insérer dans la société, travailler dans la banque de son oncle, remiser ses rêves au placard. Il se découvrira cependant des amis d'infortune, luttants et survivants comme ils le peuvent dans un univers qui les écrase.
Préambule : ce texte, proposé apparemment à l'éditeur en 1863 - après la publication de "Cinq semaines en ballon" - n'a été finalement imprimé qu'en 1994. Refusé d'abord par Hetzel, l'éditeur de Verne, qui le trouvait mal écrit et sans intérêt pour le public, il disparut pour être retrouvé dans le coffre de Michel Verne, coffre dont on ne s'était pas inquiété d'en avoir perdu la clé, le croyant vide.
Avis : Ceux qui attendent d'un Verne l'aventure extraordinaire risquent d'être désarçonnés. Ceux qui évitent Verne pour tout ce qui l'éloigne de la SF dans un sens plus moderne pourront voir cet ouvrage d'un meilleur oeil.
L'oeuvre est sans doute classable dans le genre qui nous intéresse. Tout d'abord, Verne installe l'action dans un futur relativement éloigné, un siècle plus tard - ce qui n'est pas si fréquent à l'époque. Il brosse le tableau d'un monde qui - s'il doit évidemment encore beaucoup à celui d'où Verne écrit - n'en est pas moins une anticipation nette.
Pour ce faire, Verne suit le parcours de son héros, Michel, dans une société techniciste et financière, sorte de jusqu'au-boutisme des évolutions scientifiques et du capitalisme de l'époque Vernienne. Verne joue le jeu de l'anticipation à plein régime. A partir des techniques de l'époque, il nous fait visiter un Paris au réseau de transport dense et logique (une sorte de métro), un système de communication mondial - la télégraphie électrique qui anticipe en un sens internet - la surpopulation urbaine et ses problèmes de logements, la prépondérance du monde de l'argent avec ses banques aux caisses gigantesques et surréalistes, etc...
Soyons cependant clairs : la manière de faire découvrir au lecteur le monde du récit n'est évidemment pas des plus modernes, et Verne utilise beaucoup de descriptions qui peuvent parfois - et aujourd'hui - sembler longues.
Il n'empêche que les personnages sont là, et leurs problèmes bien réels (pour eux). Et ils ne vont pas en s'améliorant, car le monde que décrit Verne est bel et bien une dystopie qui broie lentement mais sûrement les individus inadaptés. Une dystopie assez fine - malgré la grossièreté de la mise en place du récit - car il ne s'agit pas d'un cataclysme, ni d'un système dictatorial, mais tout simplement d'une évolution sociale et culturelle qui créé elle-même ses marginaux. Un livre d'une noirceur certaine, de plus en plus noir même, pour notre héros. Loin de l'image d'Épinal qu'on peut se faire d'un Verne chantre du progrès, créateur d'un merveilleux optimiste.
Reste que Verne allège - c'est heureux - cette noirceur en émaillant le récit de pointes d'humour qui font régulièrement mouche.
On pourra donc se pencher sur ce Verne, presque le premier et en même temps le dernier, d'autant qu'il est très rapide à lire et que la bourse de l'amateur ne s'en ressentira pas.
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"Mon cher Verne, fussiez-vous prophète, on ne croira pas aujourd'hui en votre prophétie" commentait l'éditeur P. J. Hetzel en marge du manuscrit que lui avait adressé Jules Verne.
Et Jules Verne, en cette année 1863, rangea pour toujours Paris au XXème siècle, au moment même où la publication de "Cinq Semaines en ballon" inaugurait la suite ininterrompue de succès littéraires qui firent de lui, dit-on souvent, le créateur du roman d'anticipation et le propagateur optimiste des merveilles de la science moderne.
La découverte fortuite de ce manuscrit longtemps considéré comme disparu révèle, cent trente ans après, une œuvre étrange et forte qui renouvelle entièrement notre compréhension de l'homme et de l'écrivain. Romancier d'anticipation, Jules Verne ne le fut précisément que dans ce roman, dont l'action se situe à Paris en 1960. Une éblouissante description de la capitale évoque la grâce et la force de la métropole du futur.
Paris est un immense port relié à la mer par un canal que domine l'impressionnant phare de Grenelle. Tout concourt, du point de vue technologique, à rendre cette ville fascinante : métropolitains suspendus entièrement automatisés, automobiles Individuelles silencieuses, illuminations électriques comparables à l'éclat du soleil, ...
Mais, dans cette métropole du futur, seuls l'argent et les sciences mécaniques ont droit de cité, sous le contrôle culturel de l'État, et quelques marginaux déclassés y perpétuent solitairement la mémoire de la culture classique, impitoyablement broyés, par le sarcasme ou l'indifférence, vaincus enfin par la misère et la faim.
Cette vision contrastée d'une civilisation urbaine à la fois admirable dans sa technologie et totalement "déculturée" est la clé principale de Paris au XXème siècle.
Jules Verne révèle pleinement sa dimension de romancier dans ce conte noir qui fourmille d'informations savoureuses sur la société et la culture de son temps, autant que de visions fulgurantes sur les sociétés urbaines de notre époque. |
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