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Hum Hum… ça ressemble plus à une grosse potacherie qu’à une Bd de Science fiction ? de la Bd grasse, plus « Fluide glacial » - c’est là qu’il est édité - que « Ciel et Espace » ? C’est pas faux, et il est peut-être conseillé aux fans purs et durs de SF de passer cette chronique… Mais Riad Sattouf, hypocondriaque notoire, trouillard invétéré, feuille tremblante et nerveuse, a créé au choix sa créature de Frankenstein, ou son Mr Hyde, en la personne de l’insupportable Pascal Brutal. A travers ce personnage décomplexé, c’est un monde en totale déliquescence, d’une profonde noirceur, qu’il décrit et vomit.
Sattouff est un observateur fin et angoissé de nos mœurs modernes, qui a pondu des opus contemporains glauques (« Les pauvres aventures de Jérémie », ou « No sex in New-York »), des essais Bd-journalistiques (« Retour au Collège »), et des délires fantastiques décalés (« Pipitte Farlouse »). Avec « Pascal Brutal », il s’invente un double qui aurait toutes les qualités qui lui ont manqués dans son adolescence : fort, viril, grand, décomplexé, dragueur … et ce personnage, qui devrait pourtant collé à l’image que réclame notre société médiatique est un monstre, tout droit sorti des Télés réalités ou des immondes Jackass. Et sous ses abords de farce pesante et drôle, la Bd devient une fable très poisseuse d’un monde qui n’est pas encore le notre mais qui en prend terriblement le chemin. Au delà de la satire (qui déforme mais qui colle à la réalité pour la dénoncer), Pascal Brutal est une véritable anticipation, celle d’un monde cohérent qui n’est pas encore le notre mais qui arrive au galop. De la SF de proximité. Attention, dans le fond, Pascal Brutal ne me fait plus rire.