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Olivier

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02/09/2004
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Péninsule

Michael G. Coney


Péninsule
Illustration : Sébastien Hayez
Première parution : 2008

 Pour la présente édition :

Editeur : Les Moutons Electriques

La critique du livre
Lire l'avis des internautes (7 réponses)

Je vous présente par avance toutes mes excuses.
N’hésitez pas à imprimer la fiche : elle adoucira peut-être l’ire de votre banquier, voire… le mettra à la sf.
Quoi que…
Quand je vois que certains n’ont même pas lu le livre qui était au programme scolaire, c’est peu dire que je ne crois plus en rien...

Il est des livres qui enchantent le lecteur, au point que l’on se demande encore comment ils ont pu disparaître des librairies. " Péninsule " de Michael

Coney

est assurément de ceux-là. Ce très bel objet regroupe un roman (" Les crocs et les griffes ") et 4 nouvelles situées dans le même univers. Ajoutez à cela une préface inédite de Pierre Pelot, une présentation de l’auteur par Andrevon lui-même ainsi qu’une interview de Michael

Coney

, et vous avez là l’un des livres incontournables de 2008. Avec, cerise sur le gâteau, la très belle couverture de Sébastien Hayez.
Joe Sagar habite la Péninsule, riche enclave située au milieu de nulle-part. Il y élève des slictes. La peau de ces reptiles sert à faire des bracelets et des habits. Elle a en effet l’étrange capacité de changer de couleur selon les émotions de celui qui la porte. Cette propriété intéresse beaucoup sa voisine Carioca Jones, une ex-star de cinéma. Elle lui commande une robe. Joe ne sera pas pour autant débordé de travail. Il travaille cependant en dilettante, l’essentiel du travail étant effectué par sa PDC.
PDC comme pièce détachée corporelle. Ce sigle sinistre désigne un prisonnier qui a choisi de voir réduire sa peine d’un tiers. Pour se faire, il est confié à un homme libre dont il devient le serviteur. A ceci prêt qu’en cas d’accident, toute greffe d’organe, de membre ou autre sera prise sur la PDC. Pour les citoyens libres ne disposant pas d’une PDC, il y a la Banque d’organes. Elle fonctionne par les prélèvements faits sur des prisonniers, selon les besoins. Strictement encadrée par l’Etat, cette politique évite aux contribuables de payer pour que les prisonniers soient entretenus dans l’oisiveté. Pourquoi dès lors les honnêtes gens ne se risqueraient-ils pas aux sports extrêmes ? Les risques sont couverts par les PDC, alors peu importent les mutilations, les fractures ou les amputations. Il n’y a guère qu’une poignée de pétroleuses pour dénoncer ces pratiques que presque tout le monde accepte. Car nous ne sommes pas sur Shayol, qu’on se le dise. Il n’y a pas d’échappatoire ou de bons démiurges. Les hommes sont livrés à eux-mêmes, à leur sagesse comme à leur horreur.
Au-delà de l’anticipation, la sf apparait en background. La Péninsule est une oasis née d’un cataclysme, l’humanité a colonisé d’autres planètes (dont celle d’où viennent les slictes). Mais tout cela est simplement évoqué. La substantifique moelle, ce sont les relations entre Joe, Carioca et leurs PDC.
Cela vaut d’ailleurs aussi bien pour le roman que pour les quatre nouvelles. L’éditeur nous signale d’ailleurs que l’auteur n’a pas eu le temps de retravailler ses nouvelles, qui entrent parfois en contradiction avec le roman. Mais cela ne gâche absolument rien, bien au contraire. Les nouvelles apparaissent plutôt comme des fins alternatives façon DVD, ou des alternative takes façon CD.
On y découvre même une autre facette de Michael

Coney

. Il utilise en effet de façon redoutable l’ellipse et le laconisme. La chute de la deuxième nouvelle, " La machine de cendrillon " en est la parfaite, remarquable et redoutable illustration.
Nouvelles comme roman, la noirceur y est totale, mais jamais grandiloquente. Bien au contraire. Elle est d’autant plus banale qu’elle en devient terriblement crédible. Le récent démantèlement par Interpol d’un trafic d’organes en Inde est là pour nous le rappeler.
S’il faut vraiment en trouver une, de petite bête, c'est qu'il reste encore quelques coquilles. Mais rien de bien méchant : on sent que les Moutons sont sur la bonne voie en la matière.
En à peine quelques titres, cette Bibliothèque voltaïque s’annonce déjà incontournable. Car outre le bon goût littéraire, elle n’a pas peur de nous offrir des couvertures qui ont vraiment de la gueule. Ce qui nous change singulièrement des étrons chatoyants d’une Paternoster [1].
Inutile de chercher plus longtemps le chaînon manquant entre la poésie du Ballard de Vermilion sands ou le Priest de L’archipel du rêve et la noirceur de Thomas Disch ou Thierry Di Rollo. Vous l’avez sous les yeux : ne le ratez pas !

[1] A l’occasion, jetez un coup d’œil à la couverture de la réédition de Terremer. Et regardez bien sur quoi est juché le magicien : http://noosfere.org/images/couv/l/laffont-ad10791-2007.jpg




Appelez-les des " pièces de rechange ". Ils (ou elles) ont fait un choix : la prison pour leurs Crimes à ou la semi-liberté comme serviteurs volontairement attachés à une personne particulière. Mais pour prix de ce singulier servage, leur contrat inclut l'obligation de faire don à leur maître de tout organe ou membre corporel dont la greffe s'avérerait nécessaire en cas de maladie ou d'accident. Tel est le risque ! Joe Sagar emploie des prisonniers du pénitencier d'État dans la ferme où il élève des animaux extra-terrestres. Sans se poser de questions. Mais lorsque Carioca Jones, célèbre star de la télévision, lui rend visite, le fragile équilibre commence à se fissurer, dans cette étrange société vivant sur une Péninsule post-cataclysmique.

Michael G. Coney fut salué lors de ses débuts, par Theodore Sturgeon comme l'une des nouvelles voix les plus intéressantes de la science fiction américaine. Cet écrivain canadien, décédé en 2005, principalement connu pour son cycle du Chant de la Terre, laisse derrière lui une œuvre aussi riche qu'intellectuellement excitante, exemplaire du meilleur de la science fiction anglophone des années 1970. Ce volume réunit pour la première foie le roman " Les Crocs et les griffes " et les quatre nouvelles du même cycle.





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