Bob
Shaw
Denoël, pdf
L'histoire est assez simple : un type s'est fait effacer toute la mémoire et se retrouve dans la Légion de l'espace.
Il va donc devoir aller casser de l'ET avec une coquille pour se protéger le 3 pièces et un fusil qui ne marche que dans des conditions idéales, donc sur aucun champ de bataille.
Dès lors se pose les questions : qui suis-je ? qu'ai-je commis pour me retrouver là ?
Parce que d'habitude, dans la Légion, on ne recrute que des crapules endurcies, dont on a simplement effacé les quelques jours qui ont précédé l'incorporation, au cours desquels ont été commis les pires crimes, qui ont justifié cet enrolement, qui n'est amais qu'une condamnation à mort déguisée.
Mais à quoi bon penser à cela, à essayer de savoir qui vous êtes, et pourquoi vous êtes dans cette galère, quand vous devez vous battre dans le brouillard, ou plus exactement la fumée de cigarette d'une planète couverte de tabac et de volcans. Se battre contre les autochtones, des colons terriens qui refusent non seulement d'acheter du tabac à la Terre, mais aussi voudraient lui en vendre à prix cassé !
On pense bien sûr à Vance, revu par les Monthy Piton, pour les planètes délirantes.
Mais on pense surtout à une parodie antimilitariste du douteux Etoiles aux garde-à-vous, réhaussé d'un zest de L'univers en folie de Brown, pour les rebondissements délirants (comment voyager dans le temps avec une lunette de WC ? Le héros est-il vraiment pédophile ? Qui est Norman ?) et l'attitude du héros, qui cherche ses marques dans un monde qui lui échappe.
Qu'en est-il donc au final de cet excellent roman ?
Drôle, assurément.
Mais pas seulement, et c'est pour cela qu'il faut lire le roman.
Tout d'abord, parce qu'il sait faire feu d'archétypes de la sf, comme le space-opera ou le voyage dans le temps et les paradoxes temporels, ainsi que la manipulation de la mémoire
Mais au-delà de cela, comme toute satire, il y a un message au-delà de l'humour.
Résolument antimilitariste, car il s'agit d'un vibrant plaidoyer pour une liberté individuelle et le libre choix de sa vie, à l'exact opposé du roman de Heinlein. La guerre est toujours liberticide, ce que l'on a tendance à oublier.
Ce roman est un hymne nietzschéen à la vie, une ode à la liberté, un hurlement contre la connerie humaine dans sa version la plus insupportable : le militarisme.
Je ne connaissais pas l'auteur, mais je dois dire que je vais m'intéresser à son oeuvre, qui parait vraiment riche et intéressante, à commencer par Une longue marche dans la nuit et Les yeux du temps.