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Nighthaunter

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Rafael, Derniers Jours

Gregory McDonald


Rafael, Derniers Jours
Traduction : Jean-françois Merle
Titre original : The Brave
Première parution : 1er trimestre 1991

 Pour la présente édition :

Editeur : 10/18
Collection : Domaine étranger
Date de parution : 03 mai 2005
ISBN : 2264039442

La critique du livre
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Comme Rafael récitait ses prières sans marquer de pause, agenouillé sur le banc près de l’autel, il se surprit à fixer le Crucifié. Il connaissait par cœur cette représentation du Christ agonisant.

- « J’ai soif. Donnez-moi à boire… » Et ils lui tendirent une éponge imbibée de vin… Il souffrit trois heures durant…

Rafael ânonna plus lentement ses prières, et finalement se tut en contemplant la croix.
Seigneur... Je vais finir salement plus amoché que Toi.


Rafael est d’origine Indienne.
Rafael est alcoolique.
Rafael est illettré.
Rafael n’a pas de travail.
Rafael vit à côté d’une décharge publique dans le Sud-ouest Américain.
Rafael a trois enfants et une femme.
Mais Rafael vient de dégotter un travail…Et d’ici trois jours, Rafael va mourir pour ce travail.

Il est de ces livres qui vous foutent une claque en pleine gueule. D’autres qui vous prennent aux tripes et ne vous lâchent plus. D’autres encore qui se rappelle à vous pendant des jours entiers.
Rafael, derniers jours tient de ces trois catégories à la fois.

Rafael est le symbole de la misère humaine. Il est le symbole des pauvres et des déshérités, de tous ceux qui n’ont plus voix en Amérique ni dans le reste du monde, de ceux que l’on préfère oublier pour mieux dormir.
Il n’a aucun avenir dans ce monde, enfoncé dans la pauvreté absolue, survivant par miracle avec une famille de trois enfants en bas-âge à côté d’une décharge qui est devenue leur seule source de revenus à lui et aux habitants de ce bidonville qu’est Morgantown.
Et voilà qu’un jour, il entend parler d’un job qui pourrait lui valoir 25 000 dollars. Il serait acteur, il serait vu par des milliers de gens, et il pourrait enfin offrir quelque chose à ses proches.

Seulement le métrage en question est ce que l’on appelle un « snuff film », c'est-à-dire un de ces films où l’on torture des gens réellement pour le plaisir sadique du spectateur. Ce film se soldera par la mort de Rafael mais celui-ci l’accepte…Il le fait pour sa famille, il le fait pour que eux puissent s’en tirer.

Il ne s’agit pas d’un livre qui vous narrera le calvaire de Rafael, bien que son fameux employeur « L’oncle » lui décrira ce qu’il va subir dans un chapitre 3 des plus éprouvants.
Et pourtant, ce n’est pas cela qui est le plus dur et le plus poignant. Loin de là.
Car Gregory

McDonald

va, pendant les 3 jours qui restent à vivre à Rafael, nous immiscer dans son quotidien et dans ses dernières pensées.
Nous parcourrons alors Morgantown et sa pauvreté absolue, nous hurlons de rage à la pensée de cette petite qui joue avec son attirail de petit docteur sans savoir ce qu’est un médecin puisqu’elle n’en a jamais vu.

Et paradoxalement, les êtres les plus odieux dans ce récit ne sont pas les poivrots mais bel et bien ces gens ordinaires, nous, au dehors. En effet, méprisé par la société et ses représentants, policiers, banquiers et coiffeurs, Rafael témoigne d’une humanité de tous les instants. Ils se révèlent être simplement un homme sans éducation mais débordant de générosité et de cœur.
C’est le traitement inhumain des gens ordinaires à l’égard de ces pestiférés qui nous insuffle une colère sourde contre la bêtise et la méchanceté humaine. Car au-delà du paraître se cache bien plus qu’on ne soupçonnerait.
Dans ce bidonville de Morgantown se cache plus de courage, de force, de solidarité et de grandeur d’âme que derrière tous ces uniformes impeccables de la grande ville.

Avec une économie de mots et de situations sidérants, Gregory

McDonald

parcourt l’injustice et la misère comme aucun autre et offre à ces oubliés une dignité qu’on leur a odieusement ôtée.

Car il est de ces livres qui vous retournent et vous marquent au fer rouge, entre l’injustice et une extraordinaire beauté d’âme. D’une tristesse infinie, le destin de Rafael est celui d’un Jésus des temps modernes, qu’on reconnaîtra fugitivement à son sens du sacrifice pour ceux qu’il aime, par son sens du partage et du courage jusqu’à la traîtrise du frère finalement pardonné.

Un Jésus sans église, sans apôtre, sans religion et sans croyant… Et pourtant un homme simple qui a le mérite de rehausser le sens du mot humanité.

Comme le dit la quatrième de couverture, « Gregory

McDonald

n’a pas seulement sondé le cœur de la misère humaine, il lui a aussi donné un visage et une dignité. ».
Cette assertion est on ne peut plus vrai.
Il ne s’agit à travers de ces 191 pages ni de science-fiction, ni de fantasy ni de fantastique.
Et c’est surement pour cela, que Rafael, derniers jours est un livre plus qu’indispensable, simplement essentiel.




Il est illettré, alcoolique, père de trois enfants, sans travail ni avenir. Il survit près d'une décharge publique, quelque part dans le sud-ouest des États-Unis. Mais l'Amérique ne l'a pas tout à fait oublié. Un inconnu, producteur de snuff films, lui propose un marché : sa vie contre trente mille dollars. Il s'appelle Rafael, et il n'a plus que trois jours à vivre... Avec ce roman, Gregory Mcdonald n'a pas seulement sondé le cœur de la misère humaine, il lui a aussi donné un visage et une dignité.


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