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Gui

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Yoshikazu Yasuhiko

Ramba Ral 2ème partie


Ramba Ral 2ème partie
Traduction : Daniel Andreyev
Première parution : mars 2004
Série : Mobile suit gundam: the origin (T. 6)

 Pour la présente édition :

Editeur : Pika
Collection : Shônen
Date de parution : septembre 2007
Nombre de pages : 280
ISBN : 2-84599-764-6

La critique du livre
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La désertion d’Amuro ébranle profondément le moral de l’équipage du White Base : perdu au milieu d’un territoire sous le contrôle de Zeon, le vaisseau ne peut quitter la zone sans le Gundam qui doit être livré à la base fédérale de Jaburo au plus vite. Alors que Seila tente de savoir ce qu’est devenu Char Aznable en questionnant Kozun, le pilote de Zeon fait prisonnier pendant la dernière bataille qu’a essuyé le White Base, de son côté Amuro cherche de quoi manger dans un village où il tombe vite sur Ramba Ral et ses hommes… Leur échange est interrompu par l’arrivée de Frau, partie à la recherche d’Amuro : Ral les laisse tous deux partir dans l’espoir qu’ils le mèneront au White Base. Mais Amuro ne rentre pas avec elle au vaisseau, ce qui fait planer sur lui des suspicions d’espionnage puisqu’il a été vu en train de partager un repas avec l’ennemi. Dans sa cellule, Kozun tente d’entrer en contact avec Ramba Ral à l’aide d’un système de transmission qu’il a pu dissimuler sur lui mais il est interrompu par Seila qui veut en savoir plus sur Char Aznable : leur conversation est interceptée par les techniciens du White Base et Seila se trouve elle aussi soupçonnée d’intelligence avec Zeon.

C’est peu après que Ramba Ral choisit d’attaquer : alors que les pilotes du White Base déploient leurs mobile suits, Kozun profite de la confusion pour s’évader ; Seila demande à participer à sa poursuite et le retrouve vite alors qu’au-dehors un combat féroce s’engage qui endommage sérieusement le navire : l’intervention d’Amuro permet de repousser l’ennemi mais n’empêche pas le jeune homme de se retrouver en cellule pour sa désertion. Alors que les mécaniciens du vaisseau travaillent d’arrache-pied pour rafistoler les mobile suits en vue de la prochaine attaque ennemie, Seila est interrogée par les officiers du White Base pour répondre de ses actes, avant de rejoindre Amuro dans le quartier de détention. Ramba Ral apprend qu’il ne recevra pas de renforts pour poursuivre sa mission et décide d’attaquer le White Base sans mobile suits… Dans cette bataille sanglante, le jeune équipage inexpérimenté du vaisseau fédéral apprend l’horreur du combat au corps à corps alors que pour Seila c’est une rencontre fatidique avec Ramba Ral. Après qu’Amuro ait repoussé les derniers ennemis à l’aide du Gundam, un White Base grièvement endommagé gît dans le désert, à la merci d’une prochaine attaque de Zeon


Après quelques tomes riches en informations sur l’univers de Gundam, ce volume fait clairement un retour sur l’action, dans tous les sens du terme : non seulement les scènes de combat prennent une quantité de pages nettement plus élevée que dans la plupart des tomes précédents mais l’intrigue y avance aussi à grands pas ; comme quoi, les scènes de violence ne sont pas forcément exemptes de sens, au moins sur le plan narratif, contrairement à ce que les détracteurs de la culture manga avancent souvent comme argument pour la conspuer : en fait, on pourrait presque dire que la culture manga a élevé cette manière de raconter au rang d’art à part entière. Ce volume de Gundam : The Origin en est la parfaite démonstration…

Qui dit action dit aussi affrontement, hors, et si on en croit les exégèses d’œuvres fondatrices de la littérature occidentale telles que celles d’Euripide ou de Sophocle, il ne peut y avoir d’histoires sans confrontation : confrontation d’intérêts, confrontation de convictions, confrontation de sentiments,… bref, confrontation de personnages, c’est-à-dire ce qui fait le sel de toutes fictions depuis des temps immémoriaux. Elles sont ici nombreuses, ces confrontations. Entre Amuro et Ramba Ral pour commencer, d’abord dans l’auberge – et d’une manière qu’un scénariste moins inspiré aurait certainement traitée de façon beaucoup plus musclée – puis sur le champ de bataille : ici, l’influence du vétéran sur le débutant est très nette et permet de mesurer combien la personnalité de l’aîné a impacté le développement psychologique du cadet ; s’il s’agit d’un élément relativement universel à l’ensemble des cultures du monde, il est aussi très caractéristique de cette mentalité alors encore très patriarcale qui caractérisait le Japon à l’époque où First Gundam fut diffusé à la télévision nippone, mais nous aurons l’occasion d’y revenir dans les chroniques des tomes suivants. Confrontation encore, entre le même Ramba Ral et Seila Mas : cette dernière verra ainsi surgir un passé qu’en dépit de tous ses efforts elle n’est jamais parvenue à oublier, d’autant plus qu’il s’acharne à se rappeler à elle depuis le tout début de la série, au détail près qu’ici l’image de Ramba s’est l’espace d’un instant substituée à celle de Char ; le lecteur s’en étonnera certainement et c’est tant mieux car il trouvera en ces quelques cases l’occasion de s’interroger sur le personnage de Seila même si une révélation d’importance majeure a eu lieu quelques pages plus tôt – révélation qui du reste n’enlève rien, ou si peu, au mystère du personnage car tout ce qu’implique son lien réel avec Char Aznable ne sera de toutes façons pas révélé avant quelques temps… Confrontation toujours, entre Seila et Kozun, le pilote de Zeon fait prisonnier dans le tome précédent et qui ne parvient pas à saisir pourquoi cette jeune fille de la Fédération – décidément bien plus dangereuse que ce qu’elle en a l’air – s’intéresse autant au commandant Char : à ce niveau, d’ailleurs, on pourrait presque dire que Kozun représente le lecteur lui-même, prisonnier d’une narration qui semble partir tous azimuts mais dont on sent bien qu’elle est toute entière structurée autour d’un fil directeur qui, bien évidemment, reste encore à révéler.

Confrontations également au sein de l’équipage même du White Base, car Amuro et Seila se trouvent suspectés d’espionnage de sorte que la méfiance s’empare des officiers. C’est l’occasion pour Ryu de se confronter d’abord à Amuro puis aux jeunes pilotes civils de mobile suits qui, devant une situation qui échappe aussi totalement au capitaine du vaisseau, prennent bien sûr leurs jambes à leur cou : par contre, le lecteur qui s’attend à des passages pleins de sens et de profondeur en restera pour ses frais car Ryu n’est pas ce genre de personnage, ce qui du reste n’est pas plus mal car le reste du volume est déjà assez dense comme ça ; on retiendra néanmoins un caractère plus subtil qu’il en donne l’air au premier abord, ce qui surprendra peut-être. Quant à Bright, ces suspicions d’espionnage lui permettront de comprendre qu’Amuro et Seila sont bien plus difficiles à cerner que ce qu’il croyait, d’une part, mais aussi que l’ensemble de l’équipage du vaisseau les tient tous deux en assez haute estime pour les défendre même contre les enquêteurs du navire, d’autre part ; Bright lui-même, d’ailleurs, ne sait plus très bien où fixer ses propres limites à leur sujet de sorte qu’il prend ainsi la seule décision qu’il peut prendre en de telles circonstances : faire mettre ces deux-là aux fers le temps que le White Base arrive à Jaburo, là où des spécialistes sauront juger leur cas ; on peut s’étonner qu’un tel aveu d’échec ne soit pas arrivé plus tôt de la part d’un capitaine aussi inexpérimenté dans une situation aussi difficile.

Confrontation, finalement, entre Ramba Ral et le White Base tout entier, à travers deux raids durant lesquels le vétéran de Zeon saura prouver au jeune équipage qu’avec ou sans mobile suits, la guerre n’est pas un jeu et que seule la mort attend le soldat qui faiblit : son argumentation ne laisse d’ailleurs place à aucune contradiction et nous aurons l’occasion de voir, dans les tomes suivants, comme son message est bien passé… Mais l’intérêt du personnage ne s’arrête pas là : comme il a déjà été dit dans la chronique du tome précédent, Ramba Ral est aussi l’occasion de voir que, décidément, Zeon est bien loin d’être un nid de « méchants » simplement avides de sang et de conquête, et s’il n’est pas un abîme de complexité psychologique pour autant il ne donne pas moins une image de l’ennemi des « gentils » qui ne cadre plus du tout avec celle qui dominait à l’époque dans le genre mecha et qui a largement contribué à bâtir la réputation de réalisme attribué à la franchise Gundam ; dans le même registre, on peut également donner l’exemple de ce soldat sous les ordres de Ral qui, surpris de trouver des enfants sur la passerelle du vaisseau ennemi, et bien sûr peu enclin à blesser des gens de toute évidence innocents, perd tout l’avantage de son attaque surprise – avec les conséquences qu’on imagine sans peine… En fait, bien plus qu’une simple rupture des codes du genre, Ral et ses hommes évoquent davantage des archétypes du chevalier de jadis – ou plutôt, dans le cas présent, du samouraï – qui se dévouait tout entier à une cause fut ce au péril de sa vie ; nous aurons l’occasion de voir plus en détail comment Gundam donne différents aspects à d’autres images des temps passés dans les chroniques des prochains tomes – ces images des temps passées qui, il faut peut-être le rappeler, servent de base à toutes les littératures classiques du monde : ce qui permet de revenir aux auteurs fondateurs évoqués plus haut et ainsi de boucler la boucle.

On peut également signaler que ce tome ne présente plus aucune planches en couleurs à l’intérieur du volume mais seulement sur les premières pages : ce n’est pas une étourderie de l’imprimeur, ni un exemplaire mal façonné qui vous a été vendu, mais bel et bien des considérations bassement techniques et budgétaires qui ont amené Pika à se passer de ces éléments qui, pourtant, ajoutaient un charme certain à l’ensemble ; si le résultat final est malheureusement bien en dessous de celui de l’édition originale – qui retient bien entendu la couleur pour ces passages – il n’en est pas franchement désagréable pour autant et, même, donne presque un certain cachet à l’ouvrage : celui des images d’antan photographiées en noir et blanc, ce qui après tout convient plutôt bien à First Gundam comme il a été évoqué à la fin du paragraphe précédent. Mais c’est aussi l’occasion de mesurer à quel point le succès de cette série est pour le moins mitigé auprès des lecteurs, ce qui attriste déjà davantage même si on sait depuis longtemps que le genre mecha – pourtant un élément-clé de la culture manga – est très peu populaire par chez nous : on en vient d’ailleurs à se demander si les otakus français le sont bien autant que ce qu’ils le prétendent…

Les +

- une tension à couper au couteau au sein du White Base
- des révélations clés épaississent le mystère autour de certains personnages
- scénario dense en péripéties et en confrontations

Les -

- les scènes d’action tendent à voiler les idées




La fiche de l’album chez Pika


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