Manchu
saute aux yeux dès les premières images de lui qu’on aperçoit. D’ailleurs, il revendique lui-même l’influence de Chris Foss, ce qui en dit bien assez long sur lui-même, ou du moins sur son approche de l’illustration. Ici, le réalisme dans la facture est une condition sine qua non : sans réalisme, une illustration ne peut prétendre être deManchu
; tout comme elle ne peut prétendre convaincre autant d’ailleurs, ce qui explique peut-être un tel choix de la part de l’artiste. Le réalisme présente en effet comme immense avantage de rendre une image crédible, quel que soit son sujet, de par son rendu même qui la rapproche d’une photographie.Pourtant, les illustrations de
Manchu
poussent ce réalisme bien plus loin que celui de Chris Foss, car au contraire de l’œuvre de ce dernier, le réalisme ici n’est pas qu’une simple question de rendu dans les matières et les éclairages, il repose aussi sur les détails de conception des divers engins et machines, mais aussi robots et véhicules que les dessins présentent. Ici, les articulations et les systèmes qui les actionnent, par exemple, paraissent eux aussi réels, ils entrent dans le registre du possible, du palpable ; même chose pour les roues et les réacteurs, les radars et les antennes. De sorte que chacun de ces objets pourrait très bien surgir de l’image si on n’y prend pas garde.Voilà donc pourquoi Science (fiction) mérite une place sur vos étagères. Parce qu’on voit rarement des peintures aussi convaincantes dans un domaine pourtant toujours difficile à exprimer en raison de son essence même, celle de l’imaginaire. Au reste, vous y trouverez aussi divers croquis et recherches pour des projets allant de la BD au jeu de rôle, ainsi que plusieurs travaux pour la science, dont le magazine Ciel & Espace en particulier, mais aussi une présentation succincte de la méthode de travail de l’artiste. Et une biographie en 22 axes. Au final, cet ouvrage représente surtout une excellente introduction à l’œuvre d’un auteur bien plus hors norme qu’il y paraît…