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La Ville sous mes pieds, je me sens de nouveau vivant.
Vivant et furieux et décidé.
Ils pensent, comme beaucoup de gens, que la peur suffira. Que la peur fera que tout le monde restera à sa place. Que la peur empêchera tout le monde de se concentrer sur ce qui se passe vraiment.
Qu'il sache qu'on peut le tabasser, qu'il sache qu'on peut le faire tuer, qu'il sache qu'on peut le détruire, que la peur l'anéantisse. Je les encule. Je n'ai pas peur d'eux.
C'est eux qui ont peur de moi.
Ils ont peur de la Vérité!"
Une Introduction déjantée et jouissive (Transmetropolitan : Le Come Back du siècle).
Une esquisse de la grande guerre qu'il va livrer (Transmetropolitan : La Nouvelle Racaille).
Et la guerre, sa guerre, est là, Même s'il est Seul Dans la Ville.
Dans le tome précédent, nous avions laissé cet enfoiré de Spider Jerusalem abattu par la stupidité crasse de l'électorat, cette nouvelle racaille qui a porté au sommet Le Sourire. Un homme incontrôlable et qui a juré la perte du journaliste enragé et engagé.
Malheureusement pour le nouveau président, croire que Spider va abandonner la partie même contre l'homme le plus puissant de l'état, c'est se fourvoyer au plus haut point.
Nous allons donc suivre Jerusalem et ses sordides assistantes, Yéléna et Channon, et bien entendu notre matou préféré à travers la Ville. Cette Ville, personnage à part entière de Transmetropolitan, Cette ville qui vit, cette ville qui suinte de corruption et de violence, de désespoir mais aussi de rêves...
Au-delà de la nouvelle épopée de notre journaliste préféré, où Warren Ellis prends cette fois pour cible les autorités, et égratigne les forces de l'ordre comme il se doit, ce tome est l'occasion d'alterner des passages où, bien évidemment Jerusalem poursuit sa quête de la vérité contre le président mais aussi des passages purement funs et jouissifs qui vous donneront souvent d'intenses fou-rires et permettront encore la description toujours plus folle du futur et de la Ville....
...Mais aussi d'autres passages, souvent des monologues de Jerusalem, des passages plus sombres, plus sérieux et plus amers sur son (notre ?) monde.
Car dans ce tome s'amorce ce que l'on avait déjà légèrement senti auparavant, la noirceur commence à prendre le dessus sur la dérision et Ellis se fait plus pessimiste et plus incisif, donnant des numéros splendides comme 21 jours dans la ville ou La promenade.
Ellis serait-il en proie à un changement de ton de Jerusalem et de son œuvre ? Très certainement.
Le discours est plus dur et les méthodes de Jerusalem toujours plus expéditives. Car pour faire éclater la Vérité, des sacrifices doivent être consentis, et on commence à se demander si Jerusalem ne se sacrifie pas lui-même pour cela.
Si les personnages sont toujours haut en couleurs et toujours attachants, notamment les Assistantes qui auront même leur numéro spécial, La danse du temps présent, nous auront droit à un numéro bourré de folies et d'humour où interviendront différentes guest-stars comme Léa Hernandez ou Bryan Hitch et qui incarneront chacun un délire de Jerusalem. Un grand moment.
Et insistons pour finir sur le dessin, extraordinaire et magnifique, avec un soin du détail bluffant et de nombreuses planches d'une page pleine et entière, qu'on admire pendant des heures tant le trait de Darick Robertson est unique.
La pression monte, Spider a engagé le compte à rebours, la guerre est déclarée et la fin du Tome ne nous laisse aucun doute, Jerusalem est encore en vie, et jusqu'à son dernier souffle, il restera là avec nous, dans le bus qui parcourt la Ville, entre l'horreur et la grandeur, entre la Vérité et le mensonge.
"C'est une horreur, cet endroit. Certains Jours, c'est comme si une enflure m'avait agrafé sur le cerveau un ticket pour un voyage en bus vers l'enfer, putain. Pour chaque baiser d'amoureux-s'aimant-passionnément-depuis-une-semaine-et-plus-rien-n'a-d'importance au coin d'une rue,pour chaque belle femme s'arrêtant pour sentir le soleil sur son visage, et pour chaque enfant dansant sous une pluie propre, il y a un môme qui vit dans sa propre merde dans une benne à ordures quelque part, pendant que Papa vend son cul pour acheter du lait, et il y a des tanks qui démolissent des maisons abandonnées simplement pour empêcher les sans-abri de squatter là...A une époque, cet endroit ne voulait rien dire et ça ne me dérangeait pas plus que ça. Ou bien il a changé, ou bien c'est moi.
On voit pleins de belles choses avec ce ticket, on voit aussi le mal incarné. Quoi qu'il en soit, je resterai dans le bus avec vous, jusqu'au bout."
Voila, nous y sommes, on referme le Tome 3 avec tristesse. La tristesse de devoir laisser momentanément notre anti-héros préféré, en guerre contre la Ville, contre le président, contre le reste du monde et pour le reste du monde, paradoxalement. Warren Ellis et Darick Robertson sont toujours époustouflants et on ne peut s’empêcher de penser au vu du tout que commence à former les numéros de Transmetropolitan, que la somme de l’œuvre est bien plus que ce à quoi on peut s’attendre si on ne fait qu’une partie du chemin.
Marchons sur les pas de Jerusalem, finissons le chemin. Au bout, la Vérité attend.