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Nighthaunter

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Vélum, Le livre de toutes les heures

Hal Duncan


Vélum, Le livre de toutes les heures
Traduction : Florence Dolisi
Illustration : Daylon
Titre original : Vellum, The Book of All Hours
Première parution : août 2006

 Pour la présente édition :

Editeur : Denoël
Collection : Lunes d'encre
Date de parution : 11 septembre 2008
ISBN : 2207258807

La critique du livre
Lire l'avis des internautes (12 réponses)

Bon Voilà, je dois parler de Vélum. Comment en parler ? C’est là la question…

Eh oui, parce que ce livre tant attendu par les aficionados de littérature de l’imaginaire, ce livre qui a tant fait couler d’encre, ce livre de toutes les heures est enfin disponible chez Lunes D’encres.

Premier constat, la couverture superbe d’un certain Daylon pour un objet-livre non moins superbe.
Second constat, il est épais, 666 pages (tiens tiens...) et aussi il s’ouvre tout seul (ce qui fait peur la nuit quand vous le reposez sur la table de chevet).

Alors l’inquiétude, c’est bien sûr de savoir si le fameux bouquin est à la hauteur de sa réputation qui a tant fait trépigner le fandom.

Parce qu’à la base c’est un livre avec des anges dedans et il semble qu’il y a une guerre entre deux factions au sein d’un univers étrange et au milieu de ça, un livre encore plus étrange. Alors bon comme ça c’est vrai, pour l’originalité on se dit que ce n’est peut-être pas ça.
Et puis on ouvre le livre et on entame le prologue…

Donc au final 2 constats s’imposent : d’abord l’écossais Hal

Duncan

est un fou, un très grand fou mais un fou ambitieux diablement doué et ensuite Vélum est monstrueux, barré, dense et terriblement génial.
Il ne me reste plus après cette critique/cet avis à vous souhaiter bonne lecture...



Bon, alors une fois le prologue passé, on se dit que l’on tient un truc, un truc qui peut être génial, on entraperçoit déjà le petit mode d’écriture et le jeu de

Duncan

, ses tourbillons et ses folies. Parce que le bonhomme ne nous fait pas un truc linéaire avec un début une fin et entre les deux une histoire fil rouge. Non, définitivement non. Et plus ça va plus il s’amuse à imbriquer des histoires sur d’autres histoires, parce que, oui il y a l’histoire d’anges, d’amortels comme ils se nomment et pis des camps, l’Alliance et les Souverains, et enfin un trône, celui de Dieu, vide…

Bien entendu, vous vous dites que tout cela, tout ce que je viens de dire sur ce que raconte Vélum, c’est vachement complexe et tordu. En fait sous un vernis de complexité, par un jeu entre les paragraphes, dans la construction de son texte, oui le Vélum n’est pas facile d’accès mais pourtant il n’est pas extrêmement compliqué une fois qu’on se prête au jeu et qu’on se laisse porter. Une fois qu’on a compris que les histoires sont comme la nature même du Vélum, qu’elles sont en plusieurs dimensions, et il faut prendre tout son temps pour les explorer…

Donc j’en étais où ? Ah oui Vélum c’est des paragraphes qui constituent des histoires fragmentées mais toutes reliées, on peut faire des bonds de côtés dans le temps mais aussi dans l’espace et aussi dans les possibles. A un moment on peut parler d’un prologue puis partir sur l’histoire de la conclusion puis revenir sur l’histoire de l’histoire.

C’est pour ça que la critique n’est pas facile mais je vais faire de mon mieux et être plus linéaire. Ce dont il est question c’est d’un univers, euh non d’un multivers. Imaginons une immense page blanche (ou de la peau humaine tendue) et dessus une petite tâche d’encre (oui l’encre toujours l’encre). La page blanche c’est le Vélum qui contient tout, dont notre monde qui se trouve être la minuscule tâche. Le Vélum contient donc une infinité de mondes, un monde où la Grande Bretagne est reliée au continent, un autre où les nazis n’ont jamais tué les juifs puisqu’ils ont exterminé les gnomes, et puis un autre où la vie s’est construit en pente, de niveau en niveau et puis…
Mais voilà, le Vélum ce n’est pas qu’une infinité de mondes possibles, non c’est aussi une drôle d’histoire de temps entre le passé, le présent et le futur, de la Grèce antique à la guerre d’Espagne, de Sumer au Caucase du XXème siècle…et tout ça d’un seul tenant, en même temps.

Et puis au milieu cette histoire d’anges, Il semble que les anges aient renversé Dieu de son trône. En effet son scribe, Métatron est depuis à la tête de l’Alliance alors qu’en face ceux qui n’ont pas accepté les vues de Métatron et de ses partisans, parmi lesquels Michel, Azazel ou encore Gabriel, forment les Souverains fait de Dieux anciens tel qu’Eresh ou Malik/Moloch. Une guerre s’annonce donc mais au sein du Vélum dans tout les temps, les possibles et en tout les lieux. Mais certains ne veulent pas prendre part à cette foutue guerre des cieux, des rebelles épris de liberté qui parcourt le Vélum et essaye de se cacher dans les plis. Il y a Anna/Phreedom, jeune fille, jeune sœur et jeune mère rebelle, mais aussi Finnan/Foresight accroché à sa liberté et qui conserve en lui le feu sacré, et puis Thomas / Tommy l’éternel fuyard éternellement rattrapé et trahi.

Car oui, chaque personnage porte une multitude de noms, des noms qui sont autant de possibilités d’existences dans le Vélum, à travers les temps les noms évoluent comme à travers les possibles. Mais au final, c’est toujours les mêmes que l’on retrouve, toujours 4 personnages centraux épris de liberté, 4 personnages luttant contre l’adversité : Finnan, Phreedom, Jack et Thomas. C’est eux dont l’on suit les histoires à travers cet enchevêtrement nommé le Vélum pour échapper à l’embrigadement de Métatron.

Voilà donc un peu dressé une ligne de force de l’ensemble, mais comme un tableau, il se trouve qu’il en existe de nombreuses autres et ici en l’occurrence presque une infinité.

Hal

Duncan

nous fait voyager, il nous fait voyager depuis la découverte d’un mystérieux Livre de Toutes les Heures qui transporte Reynard à travers le Vélum sur la Route de Toute Poussière jusqu’à un futur cyberpunk où un anarchiste, Jack Flash, veut renverser l’Empire. Mais ce n’est pas tout car dedans s’invite aussi la guerre d’Espagne, la première et la seconde guerre mondiale, le monde moderne et les mythes. Car les mythes ont une place prépondérante dans Vélum, Chaque mythe domine de son ombre une partie du texte et établit liens et analogies avec les personnages. Chaque personnage, quelque soit les noms qu’il porte à travers tout cet imbroglio porte en lui un archétype, un avatar. Io, Prométhée, Inanna, Dumuzi, Enki… Au final chacun cache en lui le sceau d’un archétype qui puise ses fondements dans la mythologie quelle soit grecque, latine ou sumérienne.

Le moins que l’on puisse dire d’abord c’est que l’ambition du livre et donc de l’auteur est totalement démesurée, et honnêtement, ça fait un bien fou enfin de voir quelqu’un oser avec en plus tant de talent et de réussite. Non seulement le bonhomme maitrise ses mythes, son histoire, son univers mais en plus ses fulgurances sont impressionnantes. Des tranchées de la Somme au froid glacial d’un abattoir en passant par la découverte du corps de Yahvé, tout y est magnifique avec une langue qui s’adapte au temps et aux personnages, qui impose une originalité à chaque chose. Et les trouvailles sont magnifiques, entre l’encre qui marque et fait ressortir les archétypes, le tapis de mondes exploré par celui qui a trouvé le livre de toutes les heures dans le prologue ou encore cette nanotechnologie des cieux, les bitmites, qui deviennent des êtres à part entière, c’est vertigineux.

Il y aurait encore bien des choses à en dire de ce monstre littéraire qu’a écrit Hal

Duncan

, il me resterait à vous parler de thèmes que le livre aborde, de liberté, de révolution, d’anarchie, de croyance, de langage et surtout d’absence (de Dieu) . Il me resterait à vous parler de la réécriture à chaque époque et de la transcription des mythes, de vous parler de l’étonnement de voir un ange noir avec des dreadlocks arriver pour parler à un amortel renégat au cœur d’un camp de caravanes,de vous parler de cette langue surnaturelle des cieux qui modèlent tout, cette Cryptolangue, et puis encore de vous raconter les registres qui changent au cours de l’histoire si bien qu’on y trouve de tout ou presque.

Mais pour conclure, j’insiste sur la forme déroutante du roman, qui bien entendu va en rebuter plus d’un, d’aucuns prétendant qu’il s’agit d’esbroufe, qu’au final ça n’a pas tant de valeur, mais au contraire pour moi c’est de tout le sel du bouquin. Un sorte de transposition de la nature chaotique et folle de ce multivers du Vélum jusqu’au niveau du texte, de l’anarchie qui s’incruste jusque dans la façon de conter la liberté et les histoires. Certains n’auront pas le courage de s’y atteler, d’autres ne voudront même pas y accéder mais ce qui est sûr, c’est que ceux qui traverseront le Crépuscule pour aller voir au-delà, ceux qui escaladeront les plusieurs niveaux et rejoindront la Route de Toute Poussière entre les anges et les démons, entres les mythes et les hérauts, Ceux-la ne pourront que réclamer 2 choses : La suite, Ink, et peut-être de recommencer un voyage si dépaysant et si ébouriffant qu’en lisant un chapitre on se surprend à vouloir faire un bond de côté pour faire machine arrière et recommencer.

Et ça, bon sang c’est une sacrée claque.

Pour la conclusion, retrouvez là au début du texte, c’est là l’essence de ce livre.




Depuis des temps immémoriaux, le siège de Dieu est vacant. Ses anges et tous ceux dont le sang se charge d'une parcelle de divin, les Amortels, se sont divisés en deux clans : Les Souverains et l'Alliance. Leur guerre n'a pas lieu dans les cieux, mais sur le Vélum, ce tissu de mondes en comparaison duquel notre Terre n'est qu'une trace de crasse sous l'ongle d'un pouce. Pour Finnan et Phreedom, qui refusent de choisir leur camp ; le temps est compté, car la guerre des cieux sera bientôt totale.





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