Suhner
, premier volet de la trilogie « QuanTika ».Oui, vous avez bien lu : une trilogie. C'est d'ailleurs plus un motif de crainte qu'une promesse de dépaysement. La peur du tirage à la ligne, la montagne accouchant d'une souris – n'y voyez surtout pas une boutade sexiste...
Bref, je confesse avoir beaucoup de mal avec les séries interminables, alors que souvent la concision d'une nouvelle, ou à la limite d'une novella, suffit à mon bonheur. Mais je batifole vainement dans mes pensées.
Quid de l'histoire ?
La planète Gemma a toutes les apparences d'un monde hostile. Un glacier balayé par des vents tempétueux – le blast –, des températures glaciales, des crevasses obscures où se tapissent des secrets innommables... Brrr ! Loin du paradis escompté par les nombreuses civilisations terrestres.
Pourtant, c'est sur cette unique exoplanète potentiellement habitable, sans terraformation, que se sont déversées plusieurs vagues de colons humains.
Présentée comme une nouvelle frontière auprès d'une humanité surpeuplée, en proie à ses habituels démons, Gemma est devenue une sorte de Far-West, partagée en concessions, et livrée à l'appétit de compagnies peu regardantes en matière de protection de l'environnement. Une loi de la jungle ne manquant pas de provoquer quelques velléités indépendantistes chez les autochtones.
Par la suite, des bataillons de scientifiques et de militaires sont venus s'ajouter aux pionniers. Car Gemma vit avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête : un immense artefact extra-terrestre aussi insondable que menaçant. Cela fait beaucoup pour une seule planète...
C'est peu de dire que Vestiges prend le temps à se mettre en place. Les 200 premières pages apparaissent comme une longue (interminable ?) scène d'exposition, où les enjeux des uns et des autres sont présentés. Laurence
Suhner
entremêle quatre trames qui se focalisent progressivement autour de la découverte de vestiges (d'où le titre) sous le glacier de Gemma. Des fouilles suscitant bien des convoitises et des inquiétudes.À cette intrigue d'archéo-SF viennent se greffer les quêtes plus personnelles de deux personnages féminins : Kya, jeune adulte rebelle, et Ambre Pasquier, la mystérieuse chef des fouilles.
J'avoue que ce prélude a bien failli m'achever, d'autant plus qu'il avait un air de déjà vu. Le rythme se révèle mollasson et les personnages, quand ils ne sont pas simplement stéréotypés, n'attirent guère l'empathie. À vrai dire, je suis resté un peu à l'extérieur de Gemma, ne parvenant pas à m'imprégner de son atmosphère.
Fort heureusement, les 300 pages suivantes s'avèrent palpitantes. L'action démarre, les événements se précipitent et les perspectives science-fictives deviennent très stimulantes. L'intrigue de Vestiges comporte en effet une composante hard-SF très forte. Mais, Laurence
Suhner
se débrouille pour la faire passer, pour ainsi dire en contrebande, d'une façon limpide et sans trop déroger avec l'exactitude conceptuelle. Principe d'incertitude, superposition quantique, décohérence, enquantification de la réalité, tout ceci titille agréablement la suspension de l'incrédulité. LaurenceSuhner
énumère les théories, échafaude des hypothèses, dresse des parallèles avec les cosmogonies bouddhiste et hindouiste. On se régale !Et puis, n'oublions-pas l'ambiance ! Lovecraftienne en diable avec des réminiscences d'Alien. On est littéralement happé au cœur du Temple noir ou du Bunker, comme le surnomme les scientifiques de l'équipe de recherche.
Piqûre de rappel pour un sense of wonder en berne, Vestiges s'avère une excellente surprise. Certes, le premier volet s'achève par un cliffhanger et on peut s'agacer des nombreux stéréotypes parsemant le récit. Toutefois, Laurence