La Witchblade... L'épée de la sorcière... Bien plus qu'une épée, c'est un être vivant aux allures d'exosquelette qui a plus de trente-six tours dans son sac. Je la ferais bien mienne, montjoie! mais nombreux sont ceux qui la convoitent, et elle ne s'entend bien qu'avec les femmes: Cléopâtre, Jeanne d'Arc, Marie Curie... Sara Pezzini est l'actuelle détentrice de la Witchblade, et elle n'a pas encore très bien compris ce que la Lame attend d'elle.
Le volume 1 ne raconte pas comment la Witchblade a choisi Sara, et pour cause: il couvre les numéros 70 à 75 de la série (le chapitre Death Pool)... Et le volume 2 saute au numéro 80... Mon libraire me dit que Delcourt sortira bientôt les tomes qui précèdent. Il vont faire une numérotation négative? Ou bien une pseudo-série Witchblade "Origins"? En attendant, on peut trouver les épisodes précédents, éparpillés un peu partout, dans les anciennes publications de Semic. Plein de bonnes raisons pour préférer la VO et saccager la diversité linguistique mondiale.
Bref, ce tome "1" nous parachute au milieu de l'histoire, mais disons que ce n'est pas catastrophique, elle a des petits relents de série à rallonge qu'on peut prendre en marche. Plus que la toile de fond très emmêlée, ce sont les personnages qui valent le coup, à commencer par Sara, inspectrice de l'incontournable NYPD, dont la tranquille détermination est chamboulée par l'influence de plus en plus envahissante de la Witchblade dans le cours de sa vie. Non, pas à la manière de l'Anneau de Mordor. La Lame ne l'entraîne pas vers le Grand Méchant Mal Absolu, mais vers un but qu'elle ne discerne pas.
Certains personnages énigmatiques de l'histoire semblent en savoir beaucoup sur la Witchblade, mais ils ne vont pas tout dévoiler comme ça, hein, ça se fait pas. Et il y a d'autres armes magiques qui traînent dans la nature urbaine, notamment l'autre moitié de la Witchblade... On l'aura compris, il y a derrière tout ça un Grand Dessein qui chevauche l'Etendue des Siècles. J'ai quelques doutes sur sa profondeur, mais kaslantièn, la Witchblade fait des siennes et des trucs spectaculaires, et on est venus pour le spectacle.
Beaucoup de scénaristes, dessinateurs et coloristes se sont succédé sur la série Witchblade. Pour ce tome... euh... "1", le dessin de Francis Manapul est classique, un peu froid à mon goût, avec quelques envolées lyriques lorsque la Witchblade s'étire en filaments acérés de partout. Lorsque sortiront les véritables premiers volumes on aura le trait de Michael Turner, qui nous a quittés un peu vite l'année dernière, à 37 ans. Et lorsque sortiront les derniers volumes (la série en est au numéro 123), on aura droit au coup de pinceau de Stjepan Sejic.
Witchblade est née chez Top Cow Productions, un des piliers du label "rebelle" Image Comics. Ils ont la pêche, chez Image. Elle existe aussi en version manga, Witchblade Takeru, avec 300% d'hémoglobine et de phéromones en plus, 6 parfums au choix, ainsi qu'en anime et en série télé, et un film est prévu pour cette année ou la suivante, et ils ont intérêt à mettre le paquet sur les effets spéciaux et les étincelles.